Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mardi 11 février 2025
-
Vol. 47 N° 84
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d’allègement du fardeau réglementaire et administratif
Aller directement au contenu du Journal des débats
9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures quarante-neuf minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Alors, bienvenue à tous. J'espère
que vous avez passé un beau week-end, un week-end, probablement, pour certains,
de SuperBowl. J'espère que votre équipe a gagné. Je vous demande de prendre le
temps d'éteindre vos appareils électroniques, s'il vous plaît. On garde nos
bonnes habitudes.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi no
85, Loi modifiant diverses dispositions, principalement aux fins d'allègement
du fardeau réglementaire et administratif. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys); Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par Mme
Rotiroti (Jeanne-Mance-Viger); et M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé
par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
• (9 h 50) •
Le Président (M. Allaire) : Parfait,
merci. Alors, pour vous donner une petite idée de l'horaire de ce matin, on va
commencer par les remarques préliminaires, ensuite, on va avoir trois groupes
qui vont se succéder. Donc, en premier lieu, l'Association des microbrasseries
du Québec, ensuite, les Producteurs de cidre du Québec, et on va terminer la
journée, ou la matinée, plutôt, avec la Fédération des chambres de commerce du
Québec. Donc, ça va pour tout le monde? Oui, on se lance, donc, on débute avec
les remarques préliminaires. M. le ministre, vous avez six minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup, M.
le Président. Permettez-moi quelques moments pour saluer mes collègues. Content
de vous retrouver et merci beaucoup de m'accompagner dans ce projet de loi là.
Votre travail est vraiment important et indispensable, et je vous apprécie
beaucoup d'être, ici, bien, avant le début de la semaine traditionnelle, à
midi. Donc, merci d'être ici avec nous. Aux équipes ministérielles, un gros
merci aussi parce qu'un projet de loi comme celui-là, ce n'est pas facile à
monter. Beaucoup d'efforts, notamment par le sous-ministre adjoint et son
équipe. Puis je vais nommer Yuri, mais surtout Benoît, pour son travail
acharné, vraiment apprécié, puis aussi mon équipe du cabinet. Sans eux, M. le
Président, bien, regarde, je ne suis rien. Ça fait que quand ça va bien, c'est
de leur faute, puis, quand ça va mal, c'est de ma faute. Collègues aussi,
content de vous retrouver. J'adore travailler avec mes collègues de l'opposition,
qui font des bonnes suggestions, qui ont toujours le goût de travailler de
manière constructive. C'est vraiment une bonne commission, qu'on a ici, M. le Président,
puis je tiens à le dire, c'est grâce, entre autres, à la contribution des
oppositions puis, bien sûr, les gens qui nous entourent et qui nous appuient
dans nos travaux.
Malgré les efforts des dernières années,
bien, le fardeau réglementaire et administratif demeure trop élevé pour les
entreprises du Québec. Il y a un sondage qui a été fait par la FCEI, M. le
Président, qui disait, en 2020, que le fardeau administratif s'élève à 8,2
milliards. Il y a eu une actualisation de cette donnée-là, et c'est encore plus
élevé aujourd'hui. Puis je parle pour tous les paliers, là, ce n'est pas juste
le gouvernement du Québec, mais c'est vraiment important, dans le contexte,
surtout mondial actuel, mais en général, d'alléger le fardeau réglementaire
pour nos entreprises. C'est une...
M. Skeete : ...priorité pour
notre gouvernement. Puis, dans le fond, la façon que ça fonctionne chez nous,
c'est qu'on a réalisé qu'il n'y avait pas de travail concerté pour faire
atterrir l'allègement réglementaire. On a décidé, en 2020, de faire un plan sur
cinq ans. Puis on avait trois objectifs. De réduire le volume du fardeau
administratif, ça, ça veut dire le nombre de fois qu'on est obligés d'envoyer
les mêmes documents, le volume, le nombre de procédures administratives puis en
dollars. Alors, en termes de volume, notre cible, c'était de réduire de
15 %. En termes de nombre, notre cible, c'était 10 %. Et, en termes
de dollars, c'était 200 millions qu'on voulait réduire. Puis on ne
s'arrêtera pas là, M. le Président, on est déjà à l'étude pour voir qu'est-ce
qu'on peut faire les prochaines années.
Puis, la bonne nouvelle, M. le Président,
après quatre projets de loi qu'on a déposés, parce que c'était aussi un
engagement de notre programme, c'était... mais on est rendus à presque...
presque rendus à la cible. Ça fait qu'on a un autre projet de loi qui... dans
le fond, qu'on travaille déjà, qu'on va certainement étudier des nouvelles
idées que vont nous apporter les intervenants d'aujourd'hui avant de faire des
ajustements. Puis moi, je pense qu'on a un bon momentum, mais il faut aller
plus vite, il faut aller plus vite. Puis c'est notre intention d'ailleurs
d'aller plus vite dans l'allègement réglementaire.
Puis moi, j'inviterais les gens qui nous
écoutent, parce que les gens qui nous écoutent aujourd'hui, M. le Président,
c'est les gens qui sont vraiment concernés par ça, c'est de dire : Si vous
avez des suggestions, on a une boîte courriel qui est lue par Benoît, que j'ai
rencontré... que j'ai mentionné tantôt, et l'équipe au ministère, puis eux, là,
ils se servent de ces courriels-là pour challenger la machine interne
gouvernementale. On a bien sûr des suggestions de plein de ministères pour les
ajouts dans nos projets, mais quand on a un cas concret, ça nous permet d'aller
plus loin. Puis c'est vraiment important, je pense, d'avoir ce feed-back-là des
industries qui nous disent c'est quoi qui est important pour eux. On a reçu des
suggestions, on a challengé les machines puis, aujourd'hui, bien, on arrive
avec un omnibus qui a 33 mesures, qui couvre 13 ministères et
organismes et qui vont nous permettre d'avoir des économies de plus de
20 millions de dollars. Et c'est vraiment important, ça, M. le
Président, parce que c'est le plus gros qu'on a... qu'on a livré à date. Et le
prochain va être encore plus gros. On va toucher, entre autres, le timbrage,
finalement, on va toucher la livraison d'alcool pour certaines personnes, on va
toucher aussi les heures d'ouverture parce qu'on va se donner le droit de voir
si c'est... les heures d'ouverture, c'est encore quelque chose qui devrait être
géré par le gouvernement, M. le Président. On va aussi permettre plein d'autres
initiatives qu'on va discuter en long et en large, et ça va être une bonne
occasion pour nous de voir c'est quoi le travail qui reste à faire, comment le
travail qu'on a fait est apprécié et de voir comment on pourrait se préparer
pour la suite.
Alors, mon engagement, aujourd'hui, M. le
Président, c'est d'être à l'écoute des gens qui vont venir devant nous. On
n'exclut pas de faire des amendements et d'arriver avec quelque chose de
concret pour, justement, bonifier le projet de loi actuel. Donc, c'est très
pertinent, ce que les gens vont nous dire aujourd'hui. Puis, si ce n'est pas
cette fois-ci, ça sera partie remise, M. le Président.
Donc, encore une fois, un plaisir d'être
avec vous puis au plaisir d'échanger avec tout le monde prochainement. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le ministre. Je cède la parole au porte-parole officiel de
l'opposition officielle, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. 4 min 30 s.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre. Merci à vous tous
d'être ici. Merci à vous d'être présents. Je vais peut-être être un peu plate
ce matin, mais, vous savez, le rôle de l'opposition, de temps en temps, c'est
de s'assurer qu'on met de la pression sur le gouvernement pour livrer la
marchandise. Moi, j'aime beaucoup définir le succès. J'aime beaucoup mettre en
place des balises puis dire : Bon, O.K., si on atteint tel objectif,
est-ce qu'on a atteint l'objectif, vraiment, qu'on s'est donné initialement?
Est-ce qu'on l'a atteint vraiment?
J'ai entendu le ministre nous parler des
objectifs qui avaient été mis en place par le gouvernement. Tout est relatif
dans le monde, évidemment, mais on a un PIB au Québec de
565 milliards de dollars. Disons que la moitié de ça vient de
l'entreprise privée. Donc, on est rendus dans le 285 milliards. 200
millions sur 285 milliards, ce n'est même pas 0,7... c'est sept points de
base. C'est un arrondissement, là, juste pour qu'on mette les choses en
perspective. C'est important, oui, mais je pense qu'on est quand même capables
de se donner des objectifs qui ont plus de mordant, M. le Président.
Vous savez, l'administration américaine
qui est juste au sud de nous, a des objectifs beaucoup plus, évidemment,
nocifs, là, pour l'économie canadienne actuellement, mais force est de
constater que, pour nous, au Québec, aujourd'hui, on va avoir besoin de
m'améliorer notre fiscalité qui va aider notre productivité. On va avoir besoin
d'améliorer, évidemment, la réglementation qui va aider notre productivité. On
a besoin...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...évidemment, tout ce qui est paperasse, ce qui va aider notre
productivité. On est dans un contexte où est-ce que, justement... le ministre
mentionnait la FCEI, il y a 735 heures perdues par année par chaque entreprise.
Donc, on s'entend, là, c'est une moyenne parce que, pour des plus petites
entreprises, ça devient insurmontable, quasiment, parfois, la bureaucratie. 735
heures perdues par les entreprises pour la bureaucratie. Il y a 11% des
entreprises qui croient que le gouvernement comprend les défis des
réglementations, comprend les défis de la bureaucratie, du «red tape», de tout
ça, seulement 11 %, M. le Président. Il y a 7% des entreprises qui croient
que le gouvernement veut réellement réduire la bureaucratie. Vous savez, j'ai
donné des statistiques... en entrée de jeu, tout à l'heure, juste pour qu'on
mette la table, pour qu'on comprenne ça. Évidemment, on est pour la réduction
de la paperasse. Évidemment, on est pour l'optimisation des procédures, faire
en sorte qu'il y en ait juste moins.
Bien, ça va être intéressant d'entendre
les gens qui vont venir nous parler de leurs points de vue à eux, voir en quoi
est-ce que ça a vraiment affecté leur quotidien, les deux premières versions de
ce projet de loi là, parce qu'on va en avoir une autre, puis on va en avoir une
autre, puis, on l'espère, ça va, quelque chose qui va s'améliorer, mais il va
falloir qu'on mette en place, définitivement, des objectifs qui vont être plus
mordants pour qu'on puisse vraiment faire face à la menace existentielle qu'on
a actuellement.
Donc, on se doit de... évidemment, dans le
contexte, je ne parlerai pas de diversification des marchés, là, c'est un autre
sujet, mais dans le contexte du projet loi no 85, on doit absolument faire en
sorte que la productivité de nos entreprises fasse un gain. C'est important,
parce que, dans les cinq dernières années, il y a eu zéro gain de productivité
au Québec, page D.6 du budget du ministère des Finances.
Donc, vous savez, quand on voit ça, là,
zéro gain de productivité en cinq ans, on voit qu'ici on parle de quelque chose
qui a un objectif de 200 millions sur un PIB privé qui pourrait être dans les
alentours de 285 milliards au Québec, on se rend compte, là, qu'on est en train
d'essayer de faire des mesures, des petites mesures, qui sont importantes pour
chaque groupe qui vont venir se présenter ici, mais, dans l'ensemble de
l'oeuvre, est-ce qu'on est plus productifs au Québec? La question demeure.
Donc, merci, M. le Président, j'ai bien hâte d'entendre les groupes se
présenter, puis on va pouvoir avoir des très bonnes questions pour eux. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Alors, je souhaite la bienvenue au
premier groupe qui est avec nous, l'Association des microbrasseries du Québec.
Alors, vous aurez 10 minutes pour faire votre exposé, va s'ensuivre une période
d'échange. Je vous laisse le soin aussi de vous présenter. Donc, la parole est
à vous.
• (10 heures) •
Mme Myrand (Marie-Eve) : Mmes,
MM. les députés, bonjour. Ça me fait plaisir d'être ici aujourd'hui accompagnée
de mon président pour vous présenter l'appréciation de l'Association des
microbrasseries du Québec en lien avec le projet de loi no 85. Je m'appelle
Marie-Eve Myrand, je suis directrice de l'AMBQ et je suis accompagnée de
Jean-François Nellis, qui est copropriétaire de la microbrasserie Pit Caribou
et président de l'AMBQ.
M. Nellis (Jean-François) : Bonjour.
Tout d'abord, merci de nous donner l'opportunité de nous exprimer sur le projet
de loi, qui propose une avancée majeure dans notre industrie. Notre mémoire
s'intitule d'ailleurs : Levons nos verres à un avenir sans timbre; le
soutien des microbrasseries au projet de loi no 85. On prend un instant pour vous
remercier pour le projet de loi que vous avez déposé en décembre dernier. C'est
très apprécié de la part de nos membres.
Avant de vous partager nos recommandations
relativement au projet de loi, quelques mots sur l'Association des
microbrasseries du Québec et de l'industrie que nous représentons. L'AMBQ
regroupe et représente les microbrasseries du Québec et célèbre cette année ses
35 ans. Alors que la notion de l'achat local revêt un caractère
particulièrement signifiant ces jours-ci, rappelons que les microbrasseries
investissent et opèrent au Québec et que leurs profits sont réinjectés dans
notre économie. Les microbrasseries sont réparties dans plus de 175 villes, 106
circonscriptions, et toutes les régions du Québec sont représentées. Plus de 33 %
sont d'ailleurs implantées dans des villes de moins de 10 000 habitants. Par
exemple, chez nous, on est trois brasseries pour une ville de 3000 habitants.
Les microbrasseries du Québec contribuent directement à la revitalisation de
notre territoire, notamment à travers les 6500 emplois directs qui en
découlent, sans oublier les 800 millions d'impacts économiques à la grandeur du
Québec. Acheter une bière de micro, c'est définitivement acheter local.
Les dernières années ont été marquées par
une forte inflation qui, en plus d'avoir comme effet de limiter l'argent
disponible pour les consommateurs, a des impacts sur le coût des matières
premières, de l'équipement et de la chaîne d'approvisionnement. Ce sont des
défis importants avec lesquels les microbrasseries composent. Plus que jamais,
elles ont besoin qu'on les supporte en simplifiant et en améliorant leur
environnement d'affaires. Je laisserais maintenant la directrice générale vous
partager comment le projet de loi...
10 h (version non révisée)
M. Nellis (Jean-François) : ...peut
répondre à certains de ces enjeux vécus par les microbrasseries.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Le
projet de loi n° 85 est accueilli avec un vif enthousiasme par l'industrie
des microbrasseries. Vous le savez tous, on a eu l'occasion, à différents
moments, de le partager en commission, nous revendiquons l'abolition du retrait
des timbres depuis de nombreuses années pour les établissements de consommation
sur place. Donc, la mesure qui prévoit le retrait du timbre pour les détenteurs
de permis de brasseur qui produisent moins de 150 000 hectolitres
représente une réelle manière de simplifier la vie des microbrasseries.
Nous avons quelques recommandations à
formuler aux membres de la commission visant à bonifier les mesures présentes
dans le projet de loi et orientées également vers d'autres propositions qui
permettraient de faire, encore là, une véritable différence favorable pour les
micros du Québec.
Tout d'abord, parlons, évidemment, du
timbre de droits. Dans les dernières décennies, les microbrasseries du Québec
ont dû composer avec l'obligation de marquer les contenants destinés à la
consommation sur place. Cette mesure, bien qu'initialement mise en place pour
assurer une conformité fiscale, est devenue, au fil du temps, un fardeau
dépassé et coûteux pour les microbrasseries. La mesure proposée visant le
retrait du timbre aura un impact considérable au niveau de l'allègement de la
charge administrative et opérationnelle des microbrasseries. Pour les micros du
Québec, l'abolition du marquage, c'est synonyme de simplification des
opérations, meilleure allocation du temps ressource à l'intérieur de l'entreprise,
réduction des coûts et, assurément, allègement de la charge mentale liée à la
crainte constante de judiciariser une erreur humaine.
Donc, bien que l'AMBQ accueille
favorablement la mesure de retrait du timbre de droits, on souhaite transmettre
deux... deux propositions d'amendements pour maximiser l'impact positif de
cette mesure pour notre industrie. Premièrement, nous demandons que l'entrée en
vigueur de l'abolition du marquage soit accélérée pour coïncider avec l'adoption
du projet de loi. Chaque journée passée à gérer la position des timbres
représente un fardeau inutile pour les micros.
Deuxièmement, on souhaite attirer l'attention
sur les débordements observés, à la fin 2024, dans l'application du cadre
réglementaire relatif au marquage des contenants. Des interventions policières
ont semé l'émoi chez plusieurs détaillants, où les agents de la paix sont
entrés pour y chercher des bières sur lesquelles avait été apposé un timbre de
consommation sur place. Le cadre réglementaire actuel exige que les
microbrasseries apposent un timbre sur les contenants vendus pour consommation
sur place, mais pas pour consommation à domicile. Considérant que les mêmes
taxes sont payées au gouvernement, nous sommes d'avis qu'il s'agissait d'une
chasse aux sorcières, où les moyens techniques ont été judiciarisés au
détriment de la finalité du contrôle fiscal.
Nous demandons qu'une infraction liée au
marquage de la bière constatée dans les 120 jours précédant l'entrée en vigueur
du projet de loi n° 85 ne fasse pas l'objet de sanctions judiciaires.
Cette mesure éviterait que les microbrasseries et détaillants soient pénalisés
pour une pratique que le gouvernement juge lui même dépassée, permettrait aussi
de désengorger notre système de justice pour qu'il se consacre à des enjeux
beaucoup plus importants.
Parlons maintenant de la sous-traitance
des activités de brassage. Le projet de loi n° 85 prévoit une mesure
permettant la sous-traitance des activités de fabrication de boissons
alcooliques. La mesure consiste à autoriser le titulaire d'un permis de
production artisanale à conclure une entente de sous-traitance ou de prêt d'équipement
avec un autre producteur artisan pour exécuter certaines opérations, dont l'embouteillage
ou l'encanotage. Malheureusement, dans son libellé actuel, la mesure ne vise
que les permis artisanaux qui proviennent des secteurs du vin, des cidres et de
l'alcool de petits fruits. Les détenteurs de permis d'artisan brasseur ne sont,
malheureusement, pas visés pour le moment. Or, il s'agit d'un besoin pour les
microbrasseries également, particulièrement concernant le partage d'encanetteuses.
Au cours des dernières années, les
microbrasseries dont le volume le justifiait se sont dotées d'encanetteuses
pour mieux contrôler ce point critique de leur processus. Actuellement, les
entreprises spécialisées auxquelles les brasseurs artisans peuvent faire
affaire travaillent avec des volumes très modestes, couvrent des territoires
étendus, et ça, ça fragilise la chaîne d'approvisionnement. Permettre aux
artisans brasseurs de partager leur équipement offrirait plusieurs avantages.
Ça contribuerait à consolider l'industrie, en renforçant leur résilience face à
la chaîne d'approvisionnement, et ça permettrait des synergies entre les
acteurs du secteur...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...donc
l'AMBQ recommande de les inclure à la fois pour des raisons de cohérence entre
les régimes, mais aussi pour répondre à un besoin rencontré de la part des
microbrasseries.
Au niveau de la sous-traitance des
activités de livraison, le projet de loi n° 85 inclut, de la même manière,
des mesures qui permettraient aux producteurs artisanaux des secteurs des vins,
cidres et alcools de petits fruits de conclure des ententes de sous-traitance
pour la livraison de leurs produits alcooliques. Les microbrasseries artisan...
détentrices d'un permis d'artisan brasseur ne peuvent pas bénéficier de la même
flexibilité. Il est impératif de s'assurer d'une équité entre les industries
afin que tous puissent bénéficier de privilèges similaires en matière de
distribution.
L'AMBQ recommande donc d'inclure les
détenteurs de permis d'artisan brasseur au permis visés par la sous-traitance
des activités de livraison de boissons.
Finalement, en termes d'autres mesures sur
lesquelles on veut attirer l'attention des membres de la Commission, le projet
de loi n° 85, comprenons-le, s'inscrit dans un objectif d'allègement
réglementaire où l'enjeu pour nous est à d'autres niveaux. La vente directe à
un détenteur de permis de réunion représente un excellent exemple de mécanisme
qui peut être simplifié. Actuellement, un titulaire de permis de réunion doit
acheter la bière qu'il vend directement à un titulaire de permis d'épicerie.
Donc, tout ce qui est approvisionnement pour un festival, une fête de quartier
ou un événement privé ou public qui nécessite un permis de réunion, doit se
faire auprès directement d'un détenteur de permis d'épicerie et ne peut pas se
faire directement auprès d'un détenteur de permis de brasseur.
Dans la réalité, ces deux acteurs-là se
parlent et la valeur ajoutée du rôle d'un titulaire de permis d'épicerie au
niveau des transactions ne peut qu'être fortement questionnée. Donc, avec le
même objectif d'allègement qui est celui visé par le projet de loi n° 85,
nous invitons les parlementaires à bonifier le projet de loi pour amender le
Règlement sur les permis d'alcool afin d'autoriser le titulaire d'un permis de
réunion à acheter directement auprès d'un brasseur.
Finalement, le dernier... la dernière
recommandation qu'on vous soumet est la possibilité pour les microbrasseries de
vendre directement dans les marchés publics. On invite les parlementaires à
profiter de l'esprit du projet de loi n° 85 pour faire un pas de plus dans
cette direction. On sait qu'actuellement, dans le contexte actuel où cette
dimension-là est extrêmement importante, d'élargir les canaux de distribution
afin de le permettre serait un pas significatif pour permettre à la fois de
valoriser les producteurs locaux, mais aussi de s'assurer, là, une
consolidation de notre souveraineté alimentaire.
• (10 h 10) •
M. Nellis (Jean-François) : Pour
terminer, le projet de loi n° 85, et plus particulièrement le retrait du
timbre de droits, représente une avancée majeure pour les microbrasseries. Il
offre également une occasion précieuse de bonifier le cadre réglementaire. Ce
projet de loi incarne une vision partagée entre l'État et l'industrie
démontrant qu'une collaboration fructueuse peut mener à des résultats concrets
et porteurs pour tout le monde. Nous espérons que cette dynamique se
poursuivra, notamment en réglant d'autres enjeux structurels qui freinent le
plein essor des microbrasseries. Le monde a ouvert vers un avenir sans timbre,
un avenir qui permettra aux microbrasseries de prospérer au Québec. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous deux. On a légèrement empiété sur le temps de la partie gouvernementale
qui m'a donné préalablement son autorisation. Donc, vous disposez là d'à peu
près 16 min 20 s pour cette période d'échange. Donc, la parole est à vous, M.
le ministre.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bienvenue à l'AMBQ. Parlez- moi d'à quoi ça ressemblait, là,
les mois précédant le dépôt du projet de loi par rapport à ces visites-là. Vous
nous avez parlé des visites policières, là.
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...
M. Skeete : Donnez-moi un
peu... tu sais, juste pour que les gens qui ne connaissent pas ça comprennent
ça ressemble à quoi quand on se fait visiter puis on...
Mme Myrand (Marie-Eve) : En
fait, tu sais, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'au Québec il y a tout un
système d'inspection qui existe et qui est bien mis en place. Donc, c'est toute
la régulation pour s'assurer que les conditions d'obtention, de maintien de
permis que la sécurité publique est en place, tu sais, tout ça fonctionne bien.
Par contre, dans les derniers mois, là, il
y a eu des petits débordements à notre sens, où je l'expliquais tout à l'heure,
une bière qui doit être vendue chez un détaillant ne doit pas être timbrée et
une bière qui est vendue dans un bar ou un restaurant doit être timbrée. Or, il
peut arriver qu'il y a des échanges, des erreurs humaines au moment de la
livraison qui s'effectuent, et c'est notamment dans cet esprit-là que les corps
de police ont fait des inspections auprès de détaillants dans les mois qui ont
précédé ou les semaines qui ont précédé le dépôt du projet de loi pour venir justement
essayer de constater des erreurs qui auraient pu survenir. Et là, ce qu'il faut
comprendre que c'est tout l'émoi qui vient autour de ça...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...survenu.
Et là il faut comprendre que c'est tout l'émoi qui vient autour de ça. Et là,
on en arrive à vraiment judiciariser des situations où, au final, pour le
gouvernement, il n'y a aucune perte. Les mêmes taxes sont payées, qu'on soit
pour un produit vendu dans un bar restaurant ou dans une épicerie. Donc, on a
vraiment vécu une commotion à travers l'ensemble du Québec. Et cette
commotion-là, je pense qu'elle n'est pas souhaitée. Elle n'est pas souhaitable.
On voudrait pouvoir allouer ces ressources-là à de meilleures fins.
M. Skeete : L'erreur
humaine, tu sais, je pense que les gens qui nous écoutent disent : Bien
là, suit la loi puis il n'y aura pas de conséquences. Ça ressemble à quoi une
erreur humaine dans votre...
M. Nellis (Jean-François) : On
va prendre un cas pratique. J'ai passé en cours pas plus tard que vendredi
dernier. J'ai une amende de 500 $ pour des timbres justement. Dans le
temps des fêtes, nous, on a tout le temps un gros rush de vente à faire. C'est
le même livreur qui va livrer la canette qui est timbrée de la canette qui
n'est pas timbrée, du fût qui n'est pas obligé d'être timbré aussi. Puis dans
cette semaine-là, seulement en Gaspésie, mon livreur avait livré
40 000 canettes. Il y a 16 canettes qui ont été découvertes non
timbrées. Puis là, bien, nous, on explique de par la facture. Voici d'où c'est
que... La provenance de la bière, c'est nous qui l'avons. Voici les taxes qu'on
a payées. Vous avez toutes les coordonnées. On a fait nos preuves au
gouvernement qu'on a fait nos déclarations de taxes, ainsi de suite, mais la
juge a dit : Écoutez, la canette n'est pas timbrée, tu es dans un bar. Tu
payes, ça s'arrête là.
Donc, nous, le livreur, on fait de la
formation, on explique, mais des fois, dans un rush où est-ce que la personne
est toute seule, il peut arriver un incident sur la route qui va avoir un
facteur de stress. C'est une erreur humaine. On frappe sur une erreur humaine
et non sur une faute qui est commise de plein... de plein gré par la personne.
Donc, c'est souvent ça qui arrivait auprès des microbrasseries. Puis
généralement, la majorité des microbrasseries se ramassaient avec une amende.
On embourbe le système judiciaire pour quelque chose qui ne devrait pas être,
c'est-à-dire de nous prouver qu'on n'a pas payé nos taxes alors qu'on l'a fait.
Je suis convaincu qu'on serait capables d'utiliser ces ressources là à
meilleure efficience qu'actuellement.
Donc, on vous remercie pour le retrait du
timbre, mais dans la dernière année, surtout à l'automne dernier, ce qu'on ne
voyait pas est arrivé, c'est-à-dire des visites de police dans des épiceries.
Ils vidaient complètement des étalages au grand complet avant la période des
fêtes des microbrasseries qui ont peut-être une production de 200 000,
300 000 litres dans l'année, qui vont faire 30 % de leurs ventes
à Noël, mais ils ont fait tout vider les épiceries parce qu'il y avait des
canettes timbrées sur place. Donc, ça peut être une erreur de la brasserie, ça
peut être une erreur humaine, mais on revient à l'essentiel. On a payé nos
taxes puis on est capables de le démontrer.
M. Skeete : Donc il n'y
a pas de lien entre la perception de la taxe puis le timbre.
Mme Myrand (Marie-Eve) : À
l'origine, on revient en 1971, c'était notamment pour ces raisons-là qu'on a
instauré le timbre où, là, il y avait vraiment un traitement fiscal qui était
différent. Mais en 2014, on a harmonisé ces taxes-là. Donc, depuis 2014, il n'y
a plus d'objectif fiscal autour du timbre. Le timbre est devenu davantage un
moyen pour s'assurer que le produit a été acquis dans le bon canal. Donc, ce
n'est pas possible pour un restaurateur par la loi au Québec d'acheter
directement dans un dépanneur ou une épicerie. Donc ça, on ne remet pas en
question cet élément-là, mais le timbre est devenu l'élément, tu sais, il était
plus devenu un moyen, mais bien une finalité quand, ultimement, au niveau de la
perception de la taxe, il n'y en a pas d'impact.
M. Skeete : Moi, si j'ai
un bar, pourquoi que je ne peux pas aller l'acheter à l'épicerie?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
la loi ne prévoit pas ça au Québec, là. La loi prévoit que vous devez vous
approvisionner soit auprès de la SAQ, soit auprès d'un détenteur de permis.
Puis le projet de loi n° 85 ne remet pas ça en question, là. Donc, ce sera
toujours possible. C'est uniquement dans ces deux canaux-là pour un propriétaire
de bars ou de restaurants, de s'approvisionner.
M. Skeete : O.K.
Intéressant. Là, vous, vous demandez un... Bien, je vais le dire, le mot comme
ça, là, pardon, des contraventions, 20 jours... 120 jours avant
l'entrée en vigueur?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Tout
à fait.
M. Skeete : Ou le dépôt.
Mme Myrand (Marie-Eve) : eTout
à fait. 120 jours avant. En fait, ce qu'on souhaiterait, là, c'est juste
de mettre en place un mécanisme où là, il y a eu une espèce de crescendo très
émotif à la fois pour les détaillants, c'est venu ébranler beaucoup de choses à
une période de pointe chez les détaillants qui sont nos nos premiers clients,
comprenons-le. Donc, tu sais, on souhaite pouvoir rétablir, tu sais, puis
rassurer les détaillants qui étaient dans des situations malencontreuses, les
producteurs aussi, quand on sait que la direction vers laquelle on se dirigeait
était celle d'abolir le timbre.
M. Skeete : Puis votre
souhait, c'est qu'on rentre, en mette en vigueur plus tôt en fait.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Absolument.
Actuellement, le projet de loi prévoit une entrée en vigueur au 1ᵉʳ janvier
2026. On souhaiterait que l'entrée en vigueur du retrait du timbre se fasse au
moment de l'adoption du projet de loi. Vous le savez, M. le ministre, on a eu
l'occasion à plusieurs reprises d'avoir des discussions à ce sujet-là. Ça fait
des années que, pour nous, c'est vraiment un fardeau. En ce moment, ce n'est
pas facile pour l'industrie. On sait qu'il y a une période...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...de
turbulences. On est dans un contexte qui est très particulier pour les
entrepreneurs en ce moment. De pouvoir le plus rapidement possible se décharger
de ce fardeau-là, ce serait bienvenu.
M. Skeete : Parlez-moi de
l'impact de l'industrie microbrasserie sur l'économie locale, l'achat local,
l'emploi local, la valorisation du terroir, parlez-moi de ça.
M. Nellis (Jean-François) : ...très
bonne image. À Percé, on est 40 employés... sur six employeurs à... qui
est capable de fournir un emploi à temps plein à l'année, on est le plus gros.
Donc, on a une masse salariale de 1,4 million qui est investie dans un
village de 3 000 habitants. C'est de l'économie locale. Si je vous
additionne, Molson à... en Gaspésie, ils engagent moins d'employés que Pit
Caribou tout seul. Mais on a environ 18 microbrasseries dans l'est du
Québec. Donc, c'est vraiment un gros impact économique.
Je vous reviens. Tout à l'heure, quand
je... dans mon discours d'ouverture, je vous mentionnais que ça a un impact de
800 millions, qu'on a, d'impact économique à la grandeur du Québec. C'est
6 500 travailleurs. Donc, il y a beaucoup de familles qui vivent de
ça. À titre comparatif, Molson, au Canada, c'est 5 000 employés.
Donc, on a 1 500 employés, seulement au Québec, de plus qu'eux. Donc,
c'est vraiment beaucoup comme impact économique. Puis, par litre produit, on
produit plus d'emplois aussi au Québec. Au niveau culturel, on a aussi... on a
un rayonnement qui est très fort au niveau culturel. Parce que, si on revient
dans les années 70, dans les années 80, on était des fans de grosses
salles de spectacles. Mais, à cette heure, maintenant, ce qu'on voit, c'est
beaucoup des spectacles dans des petites salles. Les petites salles locales,
dans les régions, c'est où? Bien, c'est dans les microbrasseries que ça se
passe.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Puis
j'ajouterais que l'aspect local, l'aspect ancré dans le territoire, quand on
visite une microbrasserie, puis je suis convaincue, là, que ça vous est tous
arrivé, on découvre l'esprit, là, qui définit le lieu où ils sont. Les
microbrasseries sont vraiment ancrées. On le dit souvent, là, à la blague, que
c'est le nouveau perron de l'église parce qu'il fédère les citoyens dans
l'ensemble des circonscriptions.
À ça vient s'ajouter la cohérence. Tu
sais, tout à l'heure, on faisait la recommandation d'inclure la possibilité
pour les microbrasseries d'être dans les marchés publics. Pour plusieurs, il
s'agit d'une continuité naturelle avec le rôle qu'ils jouent au quotidien d'être
à l'épicentre de l'ensemble des actions. Donc là, on est dans un moment de
notre économie où on est un peu dans une période de turbulence. On souhaite
mettre l'accent sur la consommation locale, sur notre souveraineté, bien,
permettre aux microbrasseries de vendre dans les marchés publics, c'est un pas
qui va à la fois dans l'esprit de l'actualité et dans ce que les
microbrasseries jouent réellement comme rôle.
• (10 h 20) •
M. Nellis (Jean-François) : Pour
renchérir ce que Mme Myrand vient de mentionner concernant les marchés publics,
souvent, on va se faire questionner : Oui, mais si on ouvre le marché, ça
veut dire que Molson, Labatt, Sleeman peuvent y aller. Moi, je veux répondre à
ce commentaire-là par une question : Est-ce que c'est réellement leur
modèle d'affaires? Le modèle d'affaires des microbrasseries, c'est d'être
proche du peuple. La majorité des microbrasseries, on parle de plus de
80 %, produisent moins de 200 000 litres par année. C'est
environ des entreprises de 10 employés. Quand vous allez aller dans les
marchés publics, ce ne sera pas un représentant de Labatt ou Sleeman qui va
vendre votre bière, ça va être le propriétaire d'elle-même, de la
microbrasserie, qui va être sur place. Donc, c'est vraiment donner une
proximité mais un canal de vente supplémentaire à ces microbrasseries-là qui
sont capables d'aller chercher une marge qui va être intéressante, d'être
capables de survivre à long terme. Donc, c'est pour ça qu'on considère que
c'est hyperimportant pour ces petites microbrasseries là.
M. Skeete : Là, j'ai-tu bien
compris? Parce que c'est effectivement ce qu'on me dit moi aussi. C'est que, si
on laisse les microbrasseries aller dans les marchés publics, bien là, par
équité, bien, il faudrait permettre à tout le monde d'y aller. Donc, vous, vous
dites : Oui, mais moi... si j'ai bien compris, là : Moi, ça ne me
dérange pas parce que ce n'est pas vrai que je vais voir Labatt puis Molson là,
de toute façon, ce n'est pas leur... ce n'est pas leur créneau, ils ne vont pas
être là. Est-ce que vous êtes d'accord pour l'ouverture des marchés publics si
tout le monde a le droit?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Absolument.
Notre position est très claire à cet égard-là. Pour nous, c'est la possibilité
d'une microbrasserie d'y être, c'est qu'il y ait d'autres producteurs qui
puissent y être. De la même manière qu'actuellement on a les producteurs
artisanaux de cidre, de vin, d'alcool, de petits fruits qui y sont déjà. Donc,
on n'est pas à ajouter de la vente d'alcool dans un nouveau canal, on est juste
à permettre, tu sais, un élargissement. Je soulignerais d'ailleurs que le
Québec est la seule province qui ne le permet pas actuellement.
M. Skeete : Ça fait que vous,
vous n'avez pas d'enjeux d'avoir les gros joueurs?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Aucun
enjeu.
M. Skeete : Puis là, je vais
faire une caricature, là, inonder les marchés publics avec leurs gros moyens,
puis de s'imposer dans les marchés publics, vous, ce n'est pas un enjeu?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Aucun
enjeu.
M. Nellis (Jean-François) : Bien,
il y a une question d'image, de marque puis de modèle d'affaires derrière ça.
Prenons un pas de recul. Demain matin, Molson, Labatt ou Sleeman décide de
s'investir dans un marché public puis d'inonder le terrain. Je pense que le
marché public va faire un pas de recul, dire : Bon, c'est quoi, notre
modèle d'affaires à nous, est-ce qu'on veut les avoir? Il y a une question de
cohérence derrière ça. Puis, en même temps, je ne crois pas que ces
entreprises-là vont... vont vouloir s'investir dans ce domaine-là parce que
leur but, c'est d'aller chercher des parts de marché. Les parts de marché ne
sont pas là. Par contre, pour des petits... des petits entrepreneurs...
M. Nellis (Jean-François) : ...qui
ont quatre, cinq, 10 employés, qui n'ont pas un gros réseau de distribution,
ça, ça peut faire la différence, en bout de piste, à la fin de l'année.
M. Skeete : M. le Président,
moi, je n'ai plus de questions, mais avant de céder la parole à mes collègues,
je veux dire à quel point je suis fier des microbrasseries québécoises, à quel
point on gagne à les découvrir et à quel point c'est un plaisir de travailler
avec cette industrie-là, en général, l'association, oui, mais les différents
propriétaires qui font vivre nos régions. Merci.
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...permettre,
je sais que vous avez eu récemment l'occasion de rencontres sur le terrain,
justement, avec des entrepreneurs, et la mesure, tu sais, du projet de loi no
85 est réellement une bonne nouvelle qui est célébrée partout dans l'industrie.
Donc, merci pour... à vous et à votre équipe pour tout ce travail-là.
M. Skeete : Merci.
M. Nellis (Jean-François) : ...fêter
avec vous au festival de bière de Laval, l'occasion...
M. Skeete : Parfait.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député d'Abitibi-Est, à peu près quatre minutes.
M. Dufour : Quatre minutes,
M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : Oui.
M. Dufour : Merci. Donc, un
peu comme le collègue de Sainte-Rose, très fier d'être un consommateur de
microbrasserie, Le Prospecteur, entre autres, là. Donc, écoutez, c'est le fun,
c'est un genre de projet de loi qui est le fun, là. Je pense que mon collègue
de Sainte-Rose, là, pourrait le dire. Il y a certains projets de loi, des fois,
c'est plus lourd, mais celui-là, je pense qu'il est quand même assez
intéressant.
Moi, le point que j'aimerais discuter avec
vous, et puis un peu vous entendre... vous l'avez glissé un peu tantôt, dans
votre présentation, le phénomène... lorsqu'il arrive un festival, justement, à
grand déploiement et que le festival fait affaire avec une compagnie de...
microbrasserie, au même principe que ce soit un brassicole comme Molson ou
Labatt, doit aller directement à l'épicier pour être capable d'avoir accès au
produit. Donc, est-ce que vous pouvez nous parler un peu, quels seraient les
gains et qu'est-ce qui sont les problématiques par rapport à cette
situation-là? Je pense qu'il y avait une problématique de timbre, de CSP ou de
CAD, puis, à un moment donné, il y a comme une confusion, je pense, dans tout
ça. Donc, j'aimerais ça, vous entendre là-dessus.
Mme Myrand (Marie-Eve) : En
fait, tu sais, comprenons que du moment où un événement... puis on va prendre
un festival, là, dans ce cas-ci, un festival de musique quelconque, le
festival, pour pouvoir vendre ou donner de l'alcool, doit avoir un permis de
réunion, donc, doit avoir un permis. Donc, il va cogner à la porte de la Régie
des alcools, présente son projet, puis la régie l'analyse. Une fois que le
détenteur de permis de réunion a obtenu l'aval, là, donc là il doit
s'approvisionner. Les canaux qui sont prévus par la loi, en ce moment,
indiquent que le seul canal où le festival de musique peut aller
s'approvisionner, c'est auprès d'un détenteur de permis d'épicerie. Donc, il
doit absolument aller acheter sa bière à cet endroit-là. Mais là on comprend
que, si c'est un festival d'envergure, il va s'assurer que l'épicier ait
suffisamment de stock pour rencontrer son besoin. Donc là, tu sais, la
microbrasserie ou le grand brasseur, peu importe, là, est nécessairement dans
cette espèce de dialogue là pour s'assurer d'une coordination. Et, ultimement,
en tout cas, dans notre industrie, souvent, les détenteurs de permis d'épicerie
jouent un rôle qui est purement administratif, où ils acceptent de dire :
O.K., c'est beau, tu vas l'acheter d'ici, puis l'autre va me refaire une
facture, puis, bon.
Ça fait qu'on est vraiment dans une espèce
de mécanique administrative où, ultimement, il n'y a pas de valeur ajoutée à ce
qu'ils jouent ce rôle-là. D'ailleurs, les détenteurs de permis de réunion,
tantôt, je vous disais qu'ils devaient s'approvisionner directement auprès de
l'épicier, mais ils peuvent aussi s'approvisionner auprès d'un détenteur de
permis d'artisan brasseur. Ça, c'est une petite particularité de la loi, là,
mais on s'entend que c'est un cas de figure qui est moins rencontré, mais ça
fait qu'on le permet pour un type de permis, on ne le permet pas pour un autre,
on rajoute une lourdeur administrative. Donc, notre point, c'est de dire :
Ultimement, il n'y a pas de valeur ajoutée. La régie a déjà joué son rôle pour
s'assurer que... tu sais, que le projet était adéquat, là, avant d'émettre le
permis de réunion. Il y a des discussions entre le producteur d'alcool, le
détenteur de permis de brasseur et l'événement en soi. Le détenteur d'un permis
de réunion... pas de réunion, mais d'épicerie, c'est un peu la troisième roue
d'un carrosse, là, dans l'histoire, là.
M. Nellis (Jean-François) : En
bon français, si je veux vous expliquer ça, côté pratique, là, le Festival de
musique de bout du monde, à Gaspé, on est commanditaire. Moi, les trois
épiceries... les trois seules épiceries à Gaspé qui sont disponibles n'ont pas
l'espace pour accueillir la quantité de bière que je dois livrer trois, quatre
jours avant l'événement. Si, moi, je pouvais la livrer le jour, directement, je
ne serais pas obligé de trouver un autre dépanneur qui est situé à 30
kilomètres, qui est le dépanneur chez Marc, à rivière nord, prendre mes six
palettes de bière, partir de Percé, m'en aller à rivière nord, revenir trois
jours plus tard à Gaspé pour la livrer pour le festival. Si j'avais le droit de
pouvoir livrer directement, bien, le matin même... le festival, ce serait
réglé.
Le Président (M. Allaire) : Le
temps de la partie gouvernementale est écoulé. J'ai envie de simplement vous
faire un sympathique rappel...
Le Président (M. Allaire) : ...c'est
normal que vous discutez entre vous, là, c'est... ça fait partie des travaux,
mais faites-le un petit peu plus bas, s'il vous plaît, là, de part et d'autre,
chuchotez un peu plus fort, comme on dit. Je cède la parole au porte-parole de
l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous avez
12 min 23 s.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous
pour votre exposé. Je vois le bonheur sur vos visages. Content de voir que,
finalement, ce qu'on discutait l'an passé a été... a été écouté, mais je vois
qu'il reste quand même certains... certains enjeux.
Je veux revenir sur celui que vous
mentionniez en fin de votre allocution, à ce qui a trait au... quelqu'un qui
organise un événement qui doit passer par un épicier ou directement par un
microbrasseur. Finalement, le microbrasseur parle à l'épicier. Le microbrasseur
parle à la personne qui organise l'événement. De toute évidence, on parle à
l'épicier aussi. Ça fait que c'est comme tout le monde se connaît, tout le
monde voit la... la direction, le flot de la commande, comme on pourrait dire,
là. Financièrement, pour la personne qui organise l'événement, c'est totalement
indifférent. Ça coûte... coûterait le même prix passer par le microbrasseur que
passer par donc, évidemment, là, l'épicier. N'est-ce pas?
M. Nellis (Jean-François) : Non,
ça peut être différent.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
je vous dirais que, dans la majorité des cas, il n'y a pas de cote qui se prend
par l'épicier, là. C'est vraiment un service administratif qu'il rend. Mais
dans certains cas, effectivement, tu sais, c'est quand même minime, là, mais
ils vont se prendre une petite cote pour venir comme compenser le travail
administratif qui vient autour de ça, mais ce n'est pas... ce n'est pas majeur.
M. Nellis (Jean-François) : Le
plus de coûts administratifs reliés à cette... à cette obligation-là, c'est sûr
que, généralement, les festivals, étant donné qu'on va être commanditaires, on
va leur en faire un prix plus intéressant parce que c'est leur principale
source de revenus. Par contre, en passant par l'épicier, l'épicier ne gagne
rien pratiquement, à part une gestion supplémentaire. Nous, on perd du temps,
on perd de l'argent. On perd du temps en logistique, on est moins souple. Puis
au niveau, en bout de ligne, le festival n'y gagne rien parce qu'il va recevoir
sa bière, mais il doit passer par une tierce partie. Donc, on parle de
simplifier le travail, on parle d'alléger la réglementation pour sûrement
sauver des coûts, bien, c'est un autre exemple. Ça serait difficile à chiffrer,
mais ça qu'entend, mettons, si je fais 15 festivals, je passe une centaine
d'heures à gérer ça, bien, c'est une centaine d'heures que je peux investir
ailleurs facilement, là.
• (10 h 30) •
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Oui, je comprends. Pourquoi pensez-vous que le mécanisme, jadis, avait de
l'allure d'être mis en place comme ça?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien...
puis c'est le cas avec plusieurs lois, règlements qui encadrent notre
industrie, là. Il y avait probablement une pertinence il y a 40 ans pour
venir encadrer quelque chose, un débordement. Mais aujourd'hui, dans le
fonctionnement actuel, pour nous, on ne voit honnêtement pas de raison que ce
soit en place. On fait juste vivre avec des vieux relents du passé qui sont des
irritants, au quotidien, administratifs et qui pourraient facilement être
allégés. Ça fait qu'honnêtement peut-être qu'il y a des gens à la régie qui
pourraient ou des historiens qui pourraient nous raconter les raisons
sous-jacentes, mais pour nous on n'en voit pas, là.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Donc, il y a zéro valeur ajoutée de passer
par un épicier pour faire ça. Il n'y a pas de contrôle, il n'y a pas un
registre de la distribution d'alcool additionnel, ce qui est fait directement
par le microbrasseur.
Mme Myrand (Marie-Eve) : On a
le droit de vendre directement à un consommateur comme détenteur de permis de
brasseur, là. On a le droit de vendre directement à un consommateur, on a le
droit de vendre à un détenteur de permis d'épicerie, mais on n'a pas le droit
de vendre un détenteur de permis de réunion. Par contre, les producteurs
artisans brasseurs, les détenteurs d'un permis d'artisan brasseur, eux autres
peuvent vendre aux consommateurs, aux détaillants et aux permis de réunion.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Vous parlez des gens qui font du cidre, là,
par exemple.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Non,
non. Mais même, même pour la bière, même les microbrasseries. Rappelons, il y a
deux types de permis dans la bière les permis de brasseur puis les permis
d'artisan brasseur. Ça fait que les permis d'artisans brasseurs, eux autres
peuvent vendre à un détenteur de permis de réunion mais pas les permis de
brasseur.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : C'est définitivement une demande qui est...
qui est légitime. Vous avez parlé de l'importance, là, de... de permettre la
vente de bière de micro dans des marchés publics.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Absolument.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Expliquez-moi, là, grosso... à ceux qui nous
écoutent, là...
Mme Myrand (Marie-Eve) : Oui.
C'est une demande qu'on formule conjointement avec d'ailleurs l'Association des
marchés publics. Ça fait déjà quelques années, là, qu'on fait un travail
conjoint en ce sens. Actuellement, dans la réglementation en place, pour
pouvoir vendre de l'alcool dans un marché public, un producteur doit rencontrer
deux... deux caractéristiques. La première d'être producteur artisanal de sa
matière première et la seconde d'être un producteur artisanal dans son permis
d'alcool.
Donc, les microbrasseries, on ne produit
pas notre matière première. Ce n'est pas le modèle dans lequel nous sommes. Il
y a quelques fermes brassicoles au Québec, là...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...ce
n'est pas le modèle dans lequel nous sommes. Il y a quelques fermes brassicoles
au Québec, là, mais ça demeure minoritaire. Or, au Québec, on semble avoir fait
un enjeu, là, structurel autour de ça, quand les microbrasseries de toutes les
autres provinces ne produisent pas plus de matières premières que nous, là,
mais eux ont la possibilité de vendre leur alcool dans les marchés publics.
Donc, au Québec, on a comme lié ça de façon très, très serrée avec le fait d'être
producteur agricole, quand, pour nous, il s'agit d'un rôle, d'un ancrage dans
notre communauté, le fait d'être en circuit court, en contact avec le
producteur. Nous, on raconte des histoires, on est... on est en direct, on est
dans des... dans de l'éducation, dans des goûts qui sont différents. Donc,
toute cette approche-là, elle est tout à fait cohérente avec le rôle... puis ce
qu'on souhaiterait pouvoir jouer là, dans les marchés publics.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Quand on parle... puis... en fait, je vous comprends, là, je pense que c'est
assez évident dans la tête du monde. C'est juste qu'il y a des exemples qui
sont encore... puis d'autres dans d'autres secteurs de l'économie, au détail,
par exemple, où on veut parler de vendre le terroir local, etc., on a des
marchands de fruits et légumes qui s'installent dans les mêmes marchés puis qui
nous vendent des ananas qui viennent d'ailleurs, là. Ça fait que moi, c'est...
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
absolument, absolument, absolument. Mais là, tu sais, comprenons que l'alcool,
au Québec, a une couche de plus, restrictive, aussi, là. Ça fait que, tu sais,
on regarde avec beaucoup plus de... je dirais, de rigueur, puis c'est correct,
là, qu'on le fasse. Mais à certains moments, des fois, on s'appuie sur une
réglementation quand les choses évoluent, les tendances changent, puis, tu
sais, ça nous permettrait de pouvoir... D'autant...
En ce moment, vous le voyez comme nous,
là, cette espèce de cri du cœur là d'une consommation locale, elle est très
forte. Donc, de pouvoir être dans les marchés publics, c'est une corde de plus
pour certaines microbrasseries. Puis, comprenons, on ne s'attend pas à ce que,
dans plusieurs cas, ce soit un chiffre d'affaires ou une portion, tu sais, déterminante,
mais ça va leur permettre de pouvoir ajouter une corde à leur arc, de pouvoir
se diversifier, de pouvoir jouer leur rôle, dans leur communauté, à la hauteur
de ce qu'elles souhaiteraient.
M. Nellis (Jean-François) : Exact.
Puis, en même temps, il faut voir aussi les brasseries comme un partenaire
agricole. On fait de la transformation agricole, on travaille avec la terre, on
est la deuxième transformation, on met de la valeur ajoutée dans les produits
agricoles du Québec. C'est ça qu'il faut se dire aussi.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Non, ça, je vous comprends, c'est certain. On parlait du délai tout à l'heure,
le pardon, là. Vous, de votre perspective à vous, comment vous expliquez la
situation, le délai qui a été mis dans le projet de loi? Pourquoi vous... Je
comprends pourquoi vous ne l'aimez pas, là, mais quelle est, selon vous, la
raison pour laquelle c'est inscrit dans la loi?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
écoutez, il faudrait... On n'est peut-être pas les meilleurs interlocuteurs
pour répondre à cette question-là, mais je pense que c'est pour prévoir, tu
sais, un certain... une certaine période de transition, mais on estime que
cette période de transition là pourrait être réduite au maximum, là, pour
vraiment permettre de pouvoir se débarrasser du timbre, encore une fois.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. Tantôt, on parlait de votre journée devant le juge la semaine
dernière, vendredi passé. Combien de contraventions ça représente, ce...
M. Nellis (Jean-François) : Le
montant ou le nombre de contraventions?
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Bien, le nombre de contraventions au Québec.
M. Nellis (Jean-François) : Là,
j'en ai... j'en ai deux. J'en ai une qui a été confirmée vendredi dernier, j'attends
une confirmation pour une deuxième. Mais ce qui est le plus hallucinant
derrière ça, les avocats partent de Québec, puis ils viennent à Percé, puis ils
passent trois, quatre jours pour une amende de 500 $. Tu sais, on parle de
sauver de l'argent à l'État, là. Il y a une belle, belle job à faire ici. Puis
il y a aussi... de mon côté, moi, je perds ma journée là-dedans. Je suis plus
payant chez Pit Caribou qu'à aller au palais de justice. Puis c'est... ça, si
on peut le sauver... Parce qu'il y a eu vraiment une grosse vague, à la fin
novembre, début décembre, où est-ce qu'on a fait des descentes partout au
Québec, dans plusieurs régions du Québec. Donc, il y a plusieurs
microbrasseries qui, avant le temps des fêtes... non seulement elles se sont
fait couper une source de revenus, mais elles s'attendent à avoir une amende
qui suit après.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...qu'il y a ces vagues-là, justement? Parce que ça arrive... L'année
passée, on en avait parlé, là, il y avait eu une vague. Ce n'est pas tout le
temps au mois de novembre, mais, des fois, ça... c'est souvent alentour de l'automne,
en tout cas.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
il existe au Québec, justement, pour venir encadrer tout ça, là, le programme
ACCES-Alcool, là, qui vient vraiment s'assurer que, tu sais, il n'y a pas d'économie
souterraine, que, tu sais, tout se passe adéquatement. Donc, je pense que, tu
sais, les gestionnaires du programme ACCES se font un calendrier annuel, un
programme pour s'assurer de bien jouer leur rôle à l'ensemble du territoire.
Mais, encore là, tu sais... Puis on ne revendique pas ça. Honnêtement, on est
contents que ça, ça existe, mais c'est le débordement qui...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...peut
il y avoir ou j'irais même jusqu'à dire : Des fois on perd de vue le sens
et la finalité derrière les choses, où là, tu sais, ça devient... On passe
devant le juge pour un timbre quand on dit, on est... Il y a... Tu sais, c'est
un crime sans... sans... Il n'y a pas de victime, là. Le gouvernement paie...
on reçoit les mêmes taxes. Tu sais, on fait une histoire de quelque chose qui
ne devrait pas. Donc, je pense que c'est notamment sur cet angle-là que le
gouvernement, tu sais, reconnaît que, là, le sens derrière tout ça n'a plus sa
place. Et tu sais, pour les microbrasseries de 150 000 hectolitres et
moins, tu sais, il nous soulage de ce fardeau-là. Mais de façon générale, on
avait perdu le sens, là, derrière le fait d'avoir un timbre.
M. Nellis (Jean-François) : Puis,
si on revient à la base du timbre, il avait deux fonctions fondamentales,
s'assurer de passer pour le bon canal de distribution, s'assurer que les taxes
sont payées. Même si on passe devant le juge et on preouve hors de tout doute
ca, on paie l'amende pareil. C'est ça qu'on veut sauver. Surtout sachant qu'il
y a des microbrasseries qui ont eu un mois de décembre très difficile à cause
de ces vagues de visites là. Donc, c'est pour ça qu'on veut protéger les
membres de notre industrie, s'assurer d'être cohérent avec ce qui s'en vient.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Mais je suis curieux parce que je ne suis pas sur le terrain comme vous à
discuter avec les membres de la SQ qui viennent faire leur job sur... dans vos
entreprises. Mais est ce qu'ils vous ont expliqué pourquoi il y a un phénomène
saisonnier de ça?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Je
pense que c'est le calendrier vraiment, où c'est quelqu'un qui fait comme un
plan de match, puis tu sais, ça va se passer de telle date à telle date. Puis
tu sais, ça, ça me semble être très administratif, là, comme... Mais
évidemment, on comprendra que la période début décembre n'est pas la meilleure
période pour décider d'aller chez des détaillants, là, qui sont au pic de leur
année. Puis ça fait que tout ça a créé beaucoup d'émoi inutile, là, au cours
des dernières semaines.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Puis c'est parce que, justement, c'est pour ça que je me questionnais,
parce que justement, c'était au pic.
Mme Myrand (Marie-Eve) : J'ose
croire que ce n'est pas pour ça, puis que c'est juste une sensibilité qui a pas
été considérée, là, de dire : on va laisser un lousse aux entrepreneurs
puis aux détaillants. Puis j'ose croire que c'est juste qu'ils n'y ont pas
pensé.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Bien, c'est drôle mais je porte d'autres lentilles quand je regarde ça.
Donc... Combien de temps? 30 secondes? O.K. Bien, écoutez. Rapidement donc la
proposition du ministre de peut-être ouvrir ça à tous dans les marchés, que ce
soit Molson ou des microbrasseries...
Une voix : ...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Bien, excusez, je mets des mots dans la... je mets des mots dans la bouche
du ministre.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Écoutez,
nous, on sent un amendement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
On sent un amendement qui s'en vient.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Pour
nous, ce n'est pas un enjeu. Absolument pas. Si les grands brasseurs y voient
comme une pertinence, ils viendront se mettre à côté de nous puis ça nous fera
plaisir de l'accueillir.
• (10 h 40) •
Le Président (M. Allaire) : Merci,
merci.
Une voix : ...à côté de moi.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à la période d'échange avec l'opposition officielle. On enchaîne
avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve pour 4 min 8 s. La parole
est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Content d'être arrivé juste à temps pour
pouvoir échanger un peu avec vous. Je voudrais qu'on me comprenne bien.
D'ailleurs, j'en ai plusieurs micros dans mon... dans mon coin. Je ne saispas
s'ils sont membres de l'association, L'espace public, Avant-Garde, Brassard,
Les Micoïdes aussi. Est-ce que Les Micoïdes c'est chez vous?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Qui?
M. Leduc : Les Micoïdes.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Micoïdes?
Oui.
M. Leduc : Bien, coudon, tout
du beau monde. Je veux bien comprendre la notion de marchés publics. Quand on
dit qu'on veut élargir aux marchés publics, on parle des épiceries, ici, ou on
parle de...
Mme Myrand (Marie-Eve) : Les
marchés fermiers, tu sais, ce qu'on retrouve surtout en période estivale, un
peu partout à travers le Québec, là. L'Association des marchés publics recense
peut-être 100, 150, 200 marchés publics, là, à travers le Québec, qui souvent
vont avoir une ou deux journées d'opérations par semaine, là, où on a des
tentes. Tu sais, on réunit les producteurs de fromages, maraîchers, les
boulangers du coin qui viennent dans le fond, qui... C'est un rassemblement
citoyen, souvent, qui permet de vendre des produits. Actuellement, les
producteurs de cidres artisanaux, de vins artisanaux, de liqueurs de petits
fruits artisanales peuvent le faire, mais pas les microbrasseries. On
souhaiterait pouvoir aussi être invités à ces... à ces fêtes-là.
M. Leduc : Et c'est un truc
que la loi ne vient pas modifier. Que vous souhaitez qu'on rajoute.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Exactement.
M. Leduc : D'accord, pour
avoir accès à ça. C'est des événements qui sont récurrents d'année en année,
mais ce n'est pas un établissement permanent, là.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
il peut y avoir, comme par exemple dans le cas du marché Jean-Talon, il s'agit
d'un marché qui est plus permanent. Il y a d'autres marchés, par exemple à
Québec, ici, le grand marché ou encore le marché de Sainte-Foy, qui sont... qui
ont un caractère peut être plus semi-permanent ou permanent, mais quand même,
dans la liste des 150, 200 marchés publics, une vaste majorité sont plus
éphémères, là.
M. Leduc : Ça fait qu'ici, à
Limoilou, le grand marché, ça fait parti de ça.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Exactement.
Actuellement, là, une microbrasserie qui souhaiterait pouvoir prendre un étal
dans le grand marché, pour vendre sa bière, ne peut pas le faire.
M. Leduc : O.K. Il faudrait
qu'il passe par un autre commerce?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Il
ne peut passer par absolument... Bien là, c'est ça. Là, dans des cas de grand
marché, il y a un détenteur de permis...
M. Leduc : Oui, c'est ça.
Mme Myrand (Marie-Eve) : C'est
ça. Là, il y a un détaillant en alimentation...
Mme Myrand (Marie-Eve) : ...qui
a ouvert un espace et qui, lui, a le droit de vendre, mais le producteur
lui-même ne peut pas le faire.
M. Leduc : Plus on fait des
intermédiaires, plus on perd une marge de profit, j'imagine.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Aussi.
Aussi, mais c'est beaucoup... je vous dirais qu'on est beaucoup dans une notion
de contacts, de circuits courts entre le consommateur puis le producteur. C'est
beaucoup ce qui anime la motivation, puis le fait de... Tu sais, rappelons, là,
on est à travers les 17 régions administratives, dans des petites municipalités
où, tu sais, il se met en place des marchés de Noël, un autre bon exemple. On
ne peut pas être dans les marchés de Noël, nous, ce n'est pas possible. Donc,
il y a des producteurs de toutes sortes de produits qui y sont, mais...
M. Leduc : Pour la même
raison que la notion des marchés publics?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Exactement,
oui, oui, ça s'assimile. Les marchés de Noël s'assimile à des marchés publics.
M. Leduc : Vous dites
s'assimile, donc ce n'est pas la même chose, mais c'est comme.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
ils ont le même permis, là, ultimement, oui.
M. Leduc : Combien de temps,
M. le Président?
Le Président (M. Allaire) :
Une minute.
M. Leduc : Une minute. Est-ce
qu'il y a d'autres éléments dans votre mémoire qu'on n'a pas eu le temps
d'aborder aujourd'hui que vous aimeriez mettre l'emphase?
Mme Myrand (Marie-Eve) : Bien,
je pense qu'on... bien, on a fait un bon tour d'horizon. Je pense qu'on conçoit
bien, là, qu'il y a beaucoup de choses à changer dans le secteur des boissons
alcooliques. On est vraiment très reconnaissants, tu sais, de l'avancement
majeur que constitue le retrait du timbre. Or, il y a encore beaucoup de pain
sur la planche, puis on souhaite vraiment pouvoir continuer d'avancer, là, dans
cette veine-là pour alléger encore le fardeau des microbrasseries et, tu sais,
leur permettre de vraiment... surtout dans le contexte d'incertitude actuel,
avoir le plus d'arcs... de cordes à leur arc.
M. Leduc : Bien, merci
beaucoup.
Mme Myrand (Marie-Eve) : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. Nellis, Mme Myrand. Vraiment, c'était un plaisir de vous avoir avec nous.
Merci d'avoir contribué aux travaux de cette commission.
Alors, on va suspendre les travaux
quelques instants pour permettre au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 44)
(Reprise à 10 h 46)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous avons avec nous les Producteurs de
cidre du Québec. Alors, bienvenue. Vous avez 10 millions... 10 minutes, pardon,
pas 10 millions, 10 minutes, vous avez 10 minutes pour votre audition. Je vous
laisse le soin de vous présenter. La parole est à vous.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : M.
le Président, Mmmes et MM. les députés. Mon nom est Marc-Antoine Lanier,
président des Producteurs de cidre du Québec. Je suis aussi propriétaire de la
cidrerie Milton, située à Sainte-Cécile-de-Milton, dans le comté de Johnson. Ma
famille produit des pommes depuis 98 ans. Nous faisons du cidre depuis 22 ans.
Avec moi, Catherine St-Georges, directrice
générale des Producteurs de cidre du Québec. Merci de nous permettre d'exposer
le point de vue des producteurs de cidre concernant le projet de loi no 85.
Nous saluons l'objectif visé par ce projet de loi d'alléger le...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...réglementaire
et administratif imposé aux entreprises.
Toutefois, nous pensons que les
producteurs de cidre doivent être entendus sur trois enjeux. Je laisserais
maintenant Catherine nous faire une petite mise en contexte de notre industrie.
Mme St-Georges (Catherine) : Bonjour
à tous. Alors, selon les dernières données disponibles à la Régie des alcools,
il y a 144 titulaires uniques de permis de production de cidre, dont
autant des artisans que des fabricants de cidre. L'association qu'on représente
aujourd'hui, elle a été fondée en 1992 puis elle représente l'ensemble des
cidreries de la province. Selon des données aussi qu'on a mis... qu'on a mis la
main dessus en 2021, un Québécois consommait en moyenne 1.7 litre de cidre
par année par habitant, ce qui équivaut à peu près à une bouteille, grosseur
bouteille de vin, pour les visuels. Puis, cinq ans auparavant, en 2016, on
était à 0,4 litre par année par habitant, ce qui est l'équivalent d'une
bière de micro à peu près. Ça fait qu'on a quand même presque doublé notre
consommation de cidre. Le cidre est en croissance. Et puis selon les dernières
données partagées par la SAQ, dans un contexte où la consommation d'alcool
baisse, le cidre affiche de la croissance dans ce réseau-là. Donc, on est
vraiment avec le vent dans les voiles.
Au Québec, il est aussi important de
rappeler qu'on a un règlement qui encadre la fabrication de cidre, puis il y a
très peu de produits agroalimentaires qui ont ce type de restrictions là. En
fait, le... peu importe le permis, 80 % de pommes doit être utilisé pour
la fabrication de cidre dans la province. Puis quand on parle d'un artisan,
bien, c'est 100 % en provenance de son verger. Donc, c'est vraiment de la
pomme du Québec qui est utilisée dans la fabrication du cidre au Québec. Donc,
un beau débouché pour la pomme qui est cultivée ici. Puis la... en 2021, encore
les dernières données qu'on avait accès, bien, c'était 11 % de la
production totale pomicole qui se retrouvait transformée en cidre.
Au niveau des retombées économiques, on
est une industrie qui a généré 555 emplois et 51 millions de
dollars en retombées économiques pour l'année 2021. C'est vraiment les
dernières données à jour qu'on a accès.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Donc,
je suis vraiment content de passer à cette heure pour vous parler de l'achat de
pommes pour des artisans. Parce que le niveau de complexité de ce que je
m'apprête à vous expliquer, il est très similaire à notre réglementation. Puis
donc je vais avoir besoin de toute votre attention. Ça me ferait... Ça me fait
plaisir de clarifier peut-être les particularités, si je n'ai pas réussi à être
clair dans mon exposé.
Ce sur quoi je veux vous entretenir, il
n'est pas écrit dans le projet de loi, mais honnêtement, je trouve qu'on n'a
pas été consultés et entendus sur ce point-là. Ça fait que saviez-vous qu'il
n'est pas possible pour un producteur artisan de cidre d'acheter des pommes
d'un autre producteur de pommes et de cultiver 100 % sa matière première
sur sa ferme, pendant que cette année, lors de la récolte 2024, les
producteurs de pommes du Québec ont vécu une production record et qui s'est
transformée en surplus de pommes dans la province? Puis, ça, c'est sans compter
ce qui est resté dans les vergers cet automne.
• (10 h 50) •
Depuis 2018, nous avons une résolution de
nos membres qui demande d'autoriser l'achat de pommes pour un producteur
artisan de cidre. Cette possibilité existe pour les vignerons depuis 2016 à la
suite de l'adoption d'un règlement spécifique aux vins qui permet l'achat jusqu'à
50 % de raisins frais ou transformés d'un autre producteur agricole du
Québec. Nous croyons que, par souci d'équité avec les vins du Québec, les
cidres artisanaux devraient pouvoir jouir aussi de cette possibilité.
La production de cidre est en croissance,
entraînant une hausse des besoins en pommes destinées au cidre. La seule
possibilité de croissance pour un producteur artisanal est d'acquérir un verger
pour augmenter sa production. Avec la valeur des terres, le temps requis
d'implantation, puis les pommiers sont productifs seulement qu'à partir de sept
ans, il est impossible pour plusieurs entreprises de rentabiliser l'achat ou
l'implantation d'un verger, alors qu'un approvisionnement en pommes est
accessible en quantité et qualité suffisantes.
Ailleurs dans le monde et même ici au
Canada, le principe de négoce et d'achat de matières premières est acquis. Même
dans les grandes appellations comme la Champagne, l'achat de matières premières
est courant. Notre demande officielle est qu'un titulaire de permis de
production artisanale puisse fabriquer ses cidres avec des pommes provenant à
100 % du Québec, dont un minimum de 50 % provenant de ses propres
vergers.
L'enjeu numéro deux, au niveau de la
livraison par un tiers. Bien que le projet de loi ouvre timidement...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...l'opération
entre artisans pour la livraison à un titulaire de permis, nous souhaitons
rappeler que la demande principale des producteurs de cidre est de pouvoir
confier à un tiers la livraison des produits aux consommateurs et aux
différents détenteurs de permis, et ce, depuis plusieurs années.
La livraison par un tiers devient un
levier important pour soutenir des petites entreprises que sont les cidreries,
d'autant plus que la composante agricole occupe une grande partie de leur temps
à un certain moment de l'année. On ne peut exiger qu'elles soient sur la route
et au verger. Tel que prévoit le projet de loi, la livraison reposera encore
sur le dos des producteurs agricoles, alors que ce n'est pas leur métier.
Est-ce vraiment alléger un fardeau que de confier la logistique de livraison de
produits à un producteur, alors que les services clé en main existent déjà?
Le troisième enjeu, la sous-traitance pour
les permis concomitants. Oui, il y a eu certaines propositions du projet de loi
n° 85 qui peuvent améliorer la situation des producteurs de cidre du
Québec, notamment la sous-traitance entre producteurs. Toutefois, il y a une
autre subtilité complexe que j'aimerais vous expliquer, car, selon le libellé
du projet de loi, il est interdit de collaborer entre artisans qui cultivent la
même matière première s'ils détiennent aussi un permis industriel. Posséder un
permis artisanal ainsi qu'un permis industriel est la réalité de plus d'une
trentaine de producteurs de cidre. Ces producteurs agricoles ont ajouté un
permis de production... de fabricant, donc industriel, notamment pour élargir
les possibilités de mise en marché ou acheter des pommes justement.
Toutefois, les producteurs souhaitent
profiter de la possibilité de sous-traitance, certaines opérations ou soutenir
ou offrir des travaux à forfait auprès de leurs collègues producteurs artisans.
Plusieurs d'entre eux ont les équipements requis et la main-d'œuvre formée pour
assurer le service d'embouteillage, la filtration, le pressage avec leurs
équipements de pointe. Cette possibilité pourrait leur permettre d'éviter la
sous-utilisation d'équipements et mutualiser certaines opérations.
D'ailleurs, la détention concomitante
implique déjà une traçabilité très pointue de la cuve à la bouteille. La Régie
exige déjà de tous les artisans de consigner des registres de rendement de
leurs terres, de ferments... de cuves de fermentation, de produits finis,
registre de ventes, registre de livraisons. On considère que les producteurs de
cidre détenant les deux permis sont évacués du projet de loi alors qu'ils sont
des leaders de l'industrie.
Mme St-Georges (Catherine) : Donc,
dans notre mémoire, on vous a présenté d'autres enjeux qui étaient aussi
prioritaires, mais qu'on considérait peut-être moins prioritaires que les trois
qu'on vous a présentés, mais il nous fera plaisir de répondre à vos questions
de précisions quand ce sera la période de questions.
On veut aussi vous dire que la filière des
boissons alcooliques, de façon générale, on se concerte puis on réclame, depuis
plusieurs années, un véritable chantier pour réviser les permis, les modèles
d'affaires, la distribution dans le monde des alcools, puis on pense que ce
chantier-là, il se doit... il doit se dérouler en collaboration avec
l'industrie. On est tous des parties prenantes puis on a des bonnes idées à
amener à la table.
On veut aussi vous rappeler que
l'industrie du cidre, elle innove, elle... elle croît. On vous a présenté des
chiffres qui démontrent la croissance de l'industrie du cidre. Toutefois, la
taille de nos entreprises, surtout les artisans, elle demeure modeste parce
qu'il y a des freins réglementaires. Le projet de loi vise justement à alléger
ces freins réglementaires là. Donc, on espère que nos demandes vont être
entendues et prises en compte, puis les changements qu'on propose, bien, ils
vont permettre de prendre un produit qui est cultivé ici, qui est transformé
ici, puis ultimement qui va être consommé par des gens d'ici. Donc, merci pour
votre écoute, puis on est prêts pour les questions.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous deux. On débute la période d'échange. M. le ministre.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Vous avez touché sur plusieurs thèmes. En ce moment, il y a
combien de permis pour les cidres?
Mme St-Georges (Catherine) : Il
y a 144 titulaires uniques, donc des entreprises. Là, il y en a à peu près
une centaine qui ont les permis artisans, une trentaine qui ont le double
permis, puis une dizaine qui ont seulement le permis industriel.
M. Skeete : C'est quoi la
différence entre un industriel et un artisan?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
l'artisan doit avoir un verger, donc il doit cultiver sa matière première à
100 %. Ça fait que c'est la première grosse nuance. Ensuite, de tout ça,
bien, l'artisan ne peut pas livrer par un tiers, il doit livrer aussi lui-même.
Donc, c'est un producteur agricole, mais on lui demande aussi...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...livré
par un tiers, il doit aussi livrer lui-même. Donc, c'est un producteur
agricole, mais on lui demande aussi d'être un bon livreur puis une bonne
personne au niveau de la distribution. Puis ensuite de ça, bien, le fabricant,
lui, a un petit peu plus de liberté, il peut acheter de la matière première.
Ensuite de ça, il peut vendre... il peut distribuer par un tiers pour les
épiceries. En fait, grosso modo, là, c'est les nuances majeures. Il y a
plusieurs autres subtilités, là, mais...
M. Skeete : Donc, pour un
artisan, sa première vocation, ce n'est pas de faire du cidre, puis, pour un
industriel, sa première vocation, c'est de faire du cidre.
Mme St-Georges (Catherine) : Bien,
on a beaucoup d'artisanal qui transforme 100 % de leurs matières
premières, là, ça fait qu'on a... des producteurs-transformateurs, il y en a
quand même une grande majorité, mais c'est vrai qu'ils peuvent avoir aussi de
la pomme fraîche, ils peuvent avoir de l'agrotourisme, ils peuvent avoir
d'autres volets à leurs entreprises, mais je ne dirais pas que la majorité ne
sont pas transformateurs de cidre, là.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
en fait, est-ce que la question était au niveau plus des revenus de
l'entreprise ou l'activité qui est concentrée au niveau du focus du
propriétaire des entreprises?
M. Skeete : Bien, je serais
curieux d'entendre la réponse à la question que vous venez juste de poser,
effectivement, mais, surtout, ce que je tente de déterminer, c'est : si ma
vocation, c'est 100 % de créer du cidre, comme vous dites que c'est
possible, pourquoi ne pas avoir un permis industriel? Pourquoi je ferais le
choix d'avoir un permis artisanal?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Il
y a plusieurs autres privilèges qui sont liés au permis artisanal. En fait, il
y a... si on vend à la SAQ, il y a certains privilèges qu'on a. On a accès
aussi à certaines ristournes qui sont liées au... qui est peut-être un
programme qui est financé par le MAPAQ, ça fait que c'est... désolé, le
ministère de l'Économie, mais ça fait que c'est un peu... c'est un peu les
nuances, là, qui sont avantageuses au niveau du permis artisanal, puis il y a
aussi le fait de pouvoir commercialiser des cidres qui sont à plus de 7 %
d'alcool.
M. Skeete : O.K. Ça fait que,
dans le fond, la genèse du permis artisanal, c'était : je suis
agriculteur, je produis, dans ce cas-ci, des fruits que je veux ensuite,
parfois, des fois, comme vocation autre, embouteiller et vendre. Et avec ça,
bien, on a donné des privilèges, notamment certains accès au marché, certains
avantages aussi par rapport... avec la SAQ puis tout ça, puis on fait vraiment
une distinction entre l'agriculteur qui, lui aussi produit du cidre, et la
personne qui a comme vocation simple de produire et de vendre, embouteiller du
cidre. Donc, ça, c'est la raison pourquoi qu'il y a deux permis.
• (11 heures) •
Là, vous, vous venez dire, dans votre
mémoire, si je comprends bien, votre souhait, c'est de dire : Bien,
pourquoi je ne peux pas acheter des pommes d'un autre si j'ai un permis
artisanal?, puis là vous demandez un allègement à ce niveau-là. Puis je me
questionne sur la raison derrière cette revendication-là, car, si je suis un
agriculteur, j'ai x nombre de pommes, je fais des cidres avec mes pommes,
pourquoi j'aurais besoin d'acheter d'un tiers mes pommes, un, puis, deux,
est-ce que, rendu là, je ne devrais pas juste avoir le permis industriel? Ça
fait que je pose la question comme ça.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Si
on a le permis artisan puis on a des recettes qui sont liées à des variétés
particulières... Vous savez que, dans notre culture, il y a le phénomène de la
bisannualité, donc il y a une production une année, une production... pas de
production une autre année. Même si on implante au sens de notre verger, on
n'est pas... il y a des années où on n'a pas les pommes pour produire nos
propres cidres. Ça fait que c'est des raisons... Puis il y a aussi les volumes.
À partir du moment où on a une certaine croissance, comme je le disais un peu
dans l'exposé, un peu plus tôt, bien, il faut acheter de la terre, puis planter
des pommiers, puis avoir les pommes sept ans plus tard si on veut faire une
croissance, c'est... À mon sens, c'est un énorme frein à la croissance des
permis artisans, là.
M. Skeete : Mais, avec un
permis artisanal, puis là c'est une question philosophique que je vous demande,
en tant que positionnement dans l'industrie, est-ce que votre souhait pour un
permis artisanal, c'est la croissance? Parce que...
11 h (version non révisée)
M. Skeete : ...Moi, j'ai en
tête, là, un producteur agricole qui a un superbon produit qu'il veut valoriser
en cidre. J'en suis, mais est-ce que l'objectif, à ce niveau-là, pour le permis
artisanal, c'est la croissance?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Est-ce
que... Dans le fond, on est dans une commission de développement économique,
puis c'est... en fait, la croissance, elle fait... elle fait partie de notre
industrie, puis elle se vit, puis...
M. Skeete : Donc, à votre
sens... puis, encore une fois... puis je pose des questions, je ne porte pas de
jugement sur ma question que je pose, je pose une question dans le but de
connaître votre orientation... est-ce que, dans votre orientation, les
agriculteurs qui, entre autres... sont agriculteurs et veulent diversifier
leurs revenus dans les cidres, ces personnes-là souhaitent la croissance du
côté des cidres?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
définitivement.
M. Skeete : Bon, alors...
Mme St-Georges (Catherine) : Puis...
mais on respecte l'essence du permis artisanal, dans le sens que la majorité de
la production, elle doit quand même provenir de la ferme, là. On ne change pas
la nature du permis. Puis si vous demandez à tous les artisans qui ont été
chercher un permis fabricant s'ils avaient le choix d'acheter des pommes,
probablement qu'ils l'auraient pris ce choix là, parce que c'est quand même
complexe d'avoir un double permis, ça veut dire double registre, double
traçabilité. Il faut être capables de prouver d'où viennent les pommes. Puis,
on dit... on l'a dit dans notre mémoire, la pomme, au Québec, il y en a en
quantité puis en qualité suffisantes, ce n'est pas un enjeu. On a un règlement
qui encadre la fabrication avec de la pomme d'ici. On veut juste pouvoir
accéder à cette... à cette matière première là qui est disponible et
accessible.
M. Skeete : Puis, mettons, on
ouvrirait comme vous voulez, on permet d'acquérir des pommes pas n'importe où,
en volume, n'importe comment, puis qu'on a des privilèges associés au permis
artisanal, en même temps, qu'est-ce qui arriverait avec les permis industriels?
Est-ce qu'on deviendrait... ça deviendrait caduc, ce permis-là?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Non,
parce que... présentement, il y a plusieurs modèles d'entreprises qui utilisent
les permis industriels. Le point, c'est : on est le seul... on est le seul
alcool, dans notre industrie, à pouvoir détenir les deux permis, l'industriel
et l'artisanal, ça, pour la même entreprise. L'avantage que ça pourrait créer,
c'est de débuter le choix d'un seul et même permis, soit le permis artisanal,
pour plusieurs producteurs de cidre qui ont les doubles permis présentement,
qui n'est pas une valeur ajoutée dans une entreprise au moment où on a besoin
de faire la traçabilité, d'un bout à l'autre du processus, sur le... chacun des
permis, là.
Mme St-Georges (Catherine) : Mais
je veux juste clarifier. Dans notre demande, on demande que ce soit de la pomme
du Québec seulement, comme le règlement sur le cidre le spécifie, de toute
façon, puis que ce soit une majorité qui provienne de la ferme, donc 50 %
doit provenir de la ferme, à être cultivé par le producteur. Ça fait que ce n'est
pas 100 % d'achats de pommes, là, c'est vraiment jusqu'à la hauteur de ce
que le producteur cultive déjà dans ses terres.
M. Skeete : O.K. Ça fait que
vous adhérez au... à l'idée que, en tant que permis artisanal, il faut quand
même donner une...
Mme St-Georges (Catherine) : Il
faut qu'il y ait une base agricole c'est sûr. C'est des producteurs.
M. Skeete : O.K., O.K. Je
voulais juste être sûr on allait jusqu'où.
Mme St-Georges (Catherine) : Puis
on s'est basés sur ce qui existe déjà dans le vin, les... le même permis,
permis de production artisanale de vin. Ils ont le droit d'acheter jusqu'à la
hauteur de ce qu'ils produisent comme vignerons.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : On
demande l'équité, là.
M. Skeete : Je comprends.
Merci beaucoup. Je serais curieux de vous entendre parce que, comme vous le
savez, le permis artisanal, il n'y a pas de majoration. Ça fait que, dans... en
termes de politique publique, je serais intéressé de vous entendre par rapport
à l'équité, là. C'est... est-ce que, selon vous, c'est normal d'élargir un
permis artisanal, qui est là, strictement, pour accompagner les agriculteurs
qui ont une vocation autre, qui est, dans ce cas-ci, le cidre, d'avoir des
avantages qui s'approximient, là, beaucoup au permis industriel? Est-ce que,
pour vous, ça ne crée pas une concurrence déloyale avec le permis industriel?
Est-ce que ça n'a pas des enjeux aussi par rapport aux échanges commerciaux qu'on
pourrait avoir? Est-ce que vous voyez un enjeu, à ce niveau-là, par rapport à
la quantité que ça pourrait... tu sais, en termes de politique publique, là?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : S'il
y a déjà des enjeux, est-ce qu'ils seraient couverts par le vin? Tu sais, je
ramène cette question-là, parce que ce qu'on demande c'est une équité par
rapport à l'industrie du vin. Puis les vins, depuis 2016, ont déjà cette
pratique-là qui est présente dans leur industrie. Ça fait qu'au niveau de... On
n'est pas des pros des accords internationaux, mais sauf qu'on pourrait être à
découvert déjà, si on extrapole au milieu du vin, là.
Mme St-Georges (Catherine) : Puis
peut-être, aussi, quand on se compare avec les permis industriels, le permis
artisan doit faire analyser chacun de ses lots, ce que le permis de fabricant n'a
pas nécessairement. On a parlé des timbres tout à l'heure, les artisans doivent
apposer un timbre sur leurs produits...
Mme St-Georges (Catherine) : ...ils
y ont beaucoup plus de contraintes, la traçabilité, les registres qu'ils
doivent faire à la régie. Les industriels n'ont pas ces enjeux-là. Ça fait qu'il
y a quand même beaucoup de contraintes qu'on applique aux artisans, mais qu'on
n'applique pas aux industriels. Puis il n'y a personne qui lève la main pour
défendre ce volet-là. Mais je pense que c'est une question d'équité. Il y
aurait aussi ces contrôles là à penser.
Une voix : ...
M. Skeete : Ça fait que,
dans le fond, le sommaire pour vous, c'est l'enjeu d'équité avec les vignobles,
puis vous souhaitez davantage d'équité à ce niveau-là? Vous reconnaissez aussi
la différence entre un agriculteur, le permis artisanal et industriel. Puis là,
la nuance est de trouver le juste équilibre à l'intérieur de ça.
Mme St-Georges
(Catherine) : Oui.
M. Lasnier
(Marc-Antoine) : Puis ce n'est pas juste les producteurs de cidre qui
reconnaissent cette équité-là. La taxe spécifique au Québec le reconnaît aussi.
Il y a une majoration qui est extrêmement forte si on ne produit pas
majoritairement notre matière première. Ça fait qu'il n'y a aucun avantage à le
faire. Puis la totalité des entreprises avec le permis artisan sont en milieu
agricole, donc sont soumis à la CPTAQ. Puis c'est obligatoirement aussi
majoritairement, la loi a déjà une très grosse colonne vertébrale dans ce
sens-là.
M. Skeete : Avant que je
passe la parole à ma collègue, M. le Président, je veux juste dire, les
secteurs ont été différenciés entre le vin et les pommes, suite à un
empoisonnement qui a eu lieu il y a plusieurs années. Je pense que ça fait plus
de 10 ans, là, mais il y a eu des enjeux par rapport à la production des
pommes. Puis c'est à ce moment-là que le contrôle des pommes est venu
différencier les produits. Mais je comprends de votre intervention que vous
pensez qu'on est ailleurs et que la qualité des produits a suffisamment
cheminé, que vous demandez l'équivalence. Donc, je reçois bien cette
suggestion-là. Moi c'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) :
Ça va. Merci. Mme la députée de Huntington, vous avez un peu moins de quatre
minutes.
Mme Mallette : Merci. Je
suis vraiment contente de vous rencontrer aujourd'hui puis de pouvoir pour des
questions. La circonscription de Huntingdon est un secteur de grande production
de pommes et de transformation de pommes, notamment en cidre. On a le premier
artisan qui a détenu un permis, qui est la Cidrerie du minot, d'ailleurs, qui a
un économusée. Donc, je suis... Je me sens très concernée par votre présence
aujourd'hui. Puis juste bien comprendre la demande. Vous avez, bon, une
différenciation avec le secteur vinicole, hein? Donc, j'ai un secteur aussi
avec beaucoup des vignobles. En ayant la possibilité d'ailleurs du double
permis, ce qu'eux n'ont pas nécessairement. Si vous aviez à choisir entre
prioriser, de garder la possibilité d'avoir un double permis et/ou d'avoir les
avantages que vous demandez soit dire : Bien, écoutez, nous on aimerait ça
s'appareiller comme les vignobles, d'avoir 50 %, là, d'achat de raisins ou
de raisins transformés, là, d'ailleurs. Est-ce que vous préféreriez avoir
certains avantages ou autre? C'est quoi, la priorité?
• (11 h 10) •
M. Lasnier (Marc-Antoine) :
Moi, je pense qu'à terme, on pourrait éviter d'avoir les doubles permis dans
notre industrie si on permet une équité qui est similaire au monde du vin. Ça
fait que c'est... Je ne pense pas que demain matin on puisse dire aux modèles
d'affaires qui sont déjà existants dans notre industrie : On retire le
double permis, puis on adhère au... Bien, ma proposition, c'est d'émettre cette
avancée-là pour qu'on puisse être en mesure d'éventuellement éviter d'avoir des
doubles permis dans notre industrie.
Mme Mallette : Est ce
qu'on serait prêt, à ce moment-là, de mettre dans la loi qu'on n'aurait plus le
droit d'avoir de double permis? Parce que si on s'harmonise, il faut
s'harmoniser jusqu'au bout. C'est à réfléchir.
M. Lasnier (Marc-Antoine) :
Je... Très bonne question. Oui.
Mme St-Georges (Catherine) :
Mais il faut consulter les grands producteurs, tu sais. S'ils ont le choix, peut-être
qu'il y en a un que ça serait clair, mais il y en a peut être qui tiennent
quand même à avoir la possibilité d'avoir un permis industriel.
Mme Mallette : Peut être
que si on posait la question aux vignobles, est-ce qu'eux ils auraient la
possibilité d'avoir moins ne vieilles pommes, mais de pouvoir avoir un double
permis, peut être qu'on aurait aussi une réponse intéressante. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? S'il n'y a pas d'autre
intervention, je cède la parole au porte-parole de l'opposition officielle, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous
d'être ici aujourd'hui pour nous parler de votre réalité. Je n'étais pas au
courant de l'enjeu que le ministre a mentionné tantôt à propos qu'il y aurait
eu, il y a une dizaine d'années, quelque chose qui justifiait le double... la
structure de double permis. Puis moi, j'ai...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : ...des Cantons de l'Est. Ça fait que j'ai une
question pour vous : Domaine Pinnacle, c'est-tu industriel-artisan,
artisan seulement?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Domaine
Pinnacle étant aujourd'hui une marque de commerce.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Oui. Mais ils ont quand même sur la rue du
Domaine Pinnacle le...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : En
fait, je produis le cidre du Domaine Pinnacle dans mes installations à
Sainte-Cécile-de-Milton.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : O.K. Voilà.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Cette
marque-là a été rachetée par des propriétaires de marques. Puis c'est... c'est
moi-même qui la produis dans mes installations sur mon permis artisan.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Sur votre permis artisan.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
Exact.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Et voilà. D'accord. Vous...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Donc,
des pommes que je produis chez moi.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : D'accord. Félicitations. C'est un très bon
produit.
Donc, on parlait tantôt de l'achat des
pommes du Québec. Est-ce que, parce que je vous entendais, Mme, vous parliez
comme quoi qu'on est en surplus de pommes ou il y a toujours eu un surplus,
avoir des pommes, ce n'est pas un enjeu. Mais est-ce qu'il y a déjà eu des
périodes de temps où est-ce qu'acheter des pommes pour la survie de l'industrie
du cidre était peut-être un enjeu ou ça n'a jamais vraiment été le cas?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Dans
le fond, la question s'adresse à l'industrie au complet ou comme producteur?
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Oui...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Parce
que dans l'industrie, l'option est toujours d'aller chercher le fameux double
permis pour aller... pour être en mesure de faire la croissance.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Oui, oui, mais en supposant que vous auriez tous des permis industriels,
là, bon, l'achat de pommes est-il... a-t-il déjà été problématique? Il y a-tu
déjà eu une saison où est-ce qu'il n'y en avait pas assez pour satisfaire la
production de cidre ou...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Définitivement.
Puis on a même aussi eu, dans le dernier projet de loi, l'année dernière,
l'avancée en mesure de force majeure. Il peut y avoir des décrets, là, de la
part de la Régie des alcools. Mais la demande qu'on fait va plus loin que ça,
est vraiment avoir 50 % de notre... de notre production.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : O.K. Puis, si... supposons que les pommes
étaient... je ne sais pas, en fait, comment vous envisagez potentiellement
faire ces acquisitions de pommes là en tant qu'artisans à l'extérieur de votre
culture à vous, là, O.K.., mais j'assume que ce serait au coût de transport le
moindre, le plus bas possible, j'assume, donc, proche de vous, là. Il n'y a
pas...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exactement.
Bien, si on parle juste de la récolte de l'année dernière, là, dans... moi, je
suis aussi des Cantons de l'Est, il y a plein de producteurs qui ont laissé des
pommes dans leur verger. Puis malheureusement, bien, on n'a pas le système pour
être en mesure de capter ces pommes-là. Puis on a passé de 5 % de
l'utilisation de la matière première de la pomme à 11 % en 11 ans,
l'industrie du cidre, avec le permis de fabricant. À mon avis, si on ouvre au
permis artisan, ça va aussi aider à écouler encore plus la pomme du Québec qui
est en déclin depuis des années. Ça fait que le... C'est... C'est d'être
capable d'avoir un meilleur maillage entre l'industrie... la production de
pommes et l'industrie de la transformation en cidre.
Mme St-Georges (Catherine) : Tu
sais, on travaille avec la filière pomicole avec la Fédération des producteurs
de pommes qui sont toujours à la recherche de nouvelles variétés, de nouveaux
débouchés pour la pomme du Québec. Bien, nous, on en a une puis on affiche de
la croissance d'une année à l'autre. Donc, on peut devenir demain matin un
partenaire important pour les producteurs de pommes.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Ça, je l'entends définitivement. Je suis de
votre avis. J'essaie de comprendre pourquoi la double réglementation. Puis le
commentaire que vous venez juste de mentionner à propos de l'industrie de la
pomme, est-ce qu'on parle en volume, est-ce qu'on parle en termes de
restrictions réglementaires? On parle de quoi exactement quand on dit qu'elle
est...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Oui.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : C'est
en volume.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : O.K. Puis vous disiez que l'industrie était...
je ne me souviens plus du terme exact que vous avez dit.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : En
décroissance.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : En décroissance.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
Exact. Bien, en fait, on est le seul transformateur québécois, l'industrie du
cidre, qui doit obligatoirement utiliser de la pomme du Québec. Si on parle les
grands presseurs de jus, les grands exploitants de pommes en compote, ils
peuvent s'approvisionner de partout sur la planète pour être capables de
commercialiser leurs produits. Mais nous, on doit absolument s'alimenter au
Québec pour produire un cidre. Donc, on est un vecteur de... qui peut écouler
très facilement la pomme du Québec, là.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Puis je sais que mes collègues au
gouvernement aiment beaucoup se comparer à l'Ontario. Qu'est-ce que ça a de
l'air dans le coin de l'Ontario, justement, la capacité de pouvoir être un...
faire du cidre?
Mme St-Georges (Catherine) : Bien,
c'est sûr qu'ils en produisent beaucoup...
Mme St-Georges (Catherine) : ...plus
que nous. Ils en consomment beaucoup plus que nous aussi, ailleurs au Canada.
Dans les mêmes années, là, pendant que nous, on avait 0,6, eux avaient à peu
près deux litres par année par habitant pour le Canada complet. Ça fait que
nous, on dit tout le temps : Il y a des possibilités de grossir ce
volume-là. On est encore un petit marché, mais c'est sûr qu'ils ont le droit
d'acheter des pommes aussi, là. Un producteur considéré comme artisanal en
Ontario, il faut qu'il utilise de la pomme de l'Ontario. Après ça, il y a des
industriels aussi qui utilisent d'autres processus, mais pour être reconnu
artisanal, c'est seulement «pomme de provenance ontarienne», il n'a pas besoin
de la cultiver.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Donc, au niveau de la réglementation, en Ontario, au niveau de votre
industrie, c'est, de loin, beaucoup plus facile de faire le métier que vous
faites, là, si je comprends bien, là.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Définitivement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K., puis donc il y a deux permis aussi, en Ontario, si je comprends bien,
mais celui d'artisanal est plus simple?
Mme St-Georges (Catherine) : Je
pense que c'est dans les possibilités de mise en marché puis les taxes qu'il y
a des échanges, mais c'est le même permis, il y a un seul permis, oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. Moi, je suis un gars de stats, là, ça fait que le volume de pommes, en
Ontario, par rapport au volume de pommes au Québec, juste pour... si vous
l'aviez, de même...
Mme St-Georges (Catherine) :
Je ne l'ai pas.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Non? O.K., c'était juste pour... curieux de savoir parce que...
Mme St-Georges (Catherine) : Mais
on pourrait le trouver puis vous l'envoyer.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...juste
qu'on est la troisième province productrice dans le Canada, après l'Ontario, le
BC, le Québec arrive.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
D'accord. Puis, BC, j'assume que c'est dans la vallée d'Okanagan...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exact.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K.. Vous parliez tout à l'heure de la livraison, là, par un tiers. Selon
vous, là, pourquoi le gouvernement empêche ça? Bien, ils ne sont pas là, là, on
se parle juste nous deux, là.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
on se pose aussi la même question. Puis on peut comprendre qu'il y a
probablement eu des acquis à travers le temps pour des types de permis
différents. Puis c'est certain que, si j'étais un détenteur d'un type de
permis, j'aimerais peut-être moins qu'il y ait des nouveaux privilèges qui
soient accordés à d'autres types de permis, là. C'est un peu comme ça qu'on se
pose ces questions-là, nous.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Mais il n'y a pas personne qui a déjà pensé à faire, par exemple, une
petite entreprise de livraison qui serait la propriété d'une multitude de gens
qui font du cidre, comme ça, ce serait donc l'équivalent d'avoir son propre
livreur, mais à coût moindre?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
en fait, ce n'était pas possible, ça serait possible à partir du 85,
présentement.
• (11 h 20) •
Mme St-Georges (Catherine) : Un
genre de coopérative...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Une coopérative de...qui...
Mme St-Georges (Catherine) : C'est
sûr que, parlant de fardeau réglementaire et administratif, de créer une
nouvelle structure puis de s'organiser entre eux... puis ça reste des concurrents,
quand même, sur les tablettes, là, ça... Il existe des distributeurs qui sont
spécialisés, qui ont leur flotte de camions, qui pourraient le faire aussi.
Puis on a demandé à nos collègues des autres provinces s'ils avaient accès à de
la livraison par un tiers, et on se fait répondre que oui, en Alberta, au BC...
en Colombie-Britannique, pardon.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
En Ontario.
Mme St-Georges (Catherine) : En
Ontario. Ils ont accès à des systèmes de transport, des distributeurs autorisés
pour des livraisons.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Ce serait intéressant de comprendre pourquoi, la différence, ici, quand
même. C'est un enjeu qui semble être... On le voit dans plusieurs autres
domaines, là, qu'il y a le même problème. J'essaie juste de comprendre pourquoi
que... On se compare contre l'Ontario à tous les niveaux, ça en est un qui est
intéressant aussi de comprendre. D'accord. Puis, quand vous êtes un industriel,
vous avez droit d'acheter les pommes tout partout au Québec.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exactement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Avez-vous le droit d'acheter des pommes à l'extérieur du Québec?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Non.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Puis quand vous n'êtes chez l'artisan, c'est juste sur votre...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Propriété.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Propriété en tant que telle. On parlait du coût administratif, là, d'avoir
les deux permis, qui est problématique, j'assume. Il y a-tu un coût financier
important, là, pour avoir les deux et les maintenir? Ça prend un certain volume
d'opérations pour le justifier, j'assume.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Pas
nécessairement, il y a... Bien, en fait, un certain volume, oui, mais ce n'est
pas nécessairement un énorme volume, puis on n'a pas de données exactes, là,
sur le coût financier, mais... sauf que, si on prend juste le temps de regarder
la logique, là, il n'y a pas nécessairement de valeur ajoutée à tout scinder au
sein de la même entreprise. Tout est identifié, là, dans le fond, au niveau
de... on a déjà nos numéros de lots, au niveau de la traçabilité qui est tenue
par la régie, qui est auditée par la régie. En plus, on doit aussi l'ajouter
sur nos permis, avec des rapports différents, avec... Ça fait qu'il n'y a pas
de valeur ajoutée, dans le fond, à avoir un double permis.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Il n'y a pas de valeur ajoutée... bien comprendre, comme, dans votre cas à
vous, là, qui faites du... Domaine Pinacle, là, O.K., votre propre...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
...le cidre de votre terrain à vous, c'est clairement artisan, j'assume?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Quand vous le vendez, bien, tu sais, c'est noté comme quoi c'est le cidre
fait sur le terrain appartenant au domaine de votre nom. C'est comme ça que
c'est fait, n'est-ce pas?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Dans
les registres, oui, exact.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
: Dans les registres. O.K. Puis lorsque vous vendez...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Si
je peux... Si je peux parler pour ma propre entreprise...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
: Oui, bien, c'est ça...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : ...je
n'ai pas nécessairement besoin d'acheter des pommes à chaque année. On a eu
une... une récolte très généreuse cette année, puis j'ai réussi à... j'ai
réussi à satisfaire les besoins de l'année avec les pommes que j'ai récoltées,
mais j'ai été chercher le permis de fabricant pour être capable, dans mes plus
basses années, d'aller... d'aller acheter de la pomme supplémentaire.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Je comprends. Puis quand vous... quand vous produisez qu'avec vos pommes à
vous, juste curieux, là, pour ce qui est du produit Domaine Pinnacle, est-ce
que c'est considéré comme artisan de votre point de vue à vous ou...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Définitivement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Au niveau de la distribution?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui,
mais en fait Domaine Pinnacle est distribué à la SAQ, là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui, puis...
Mme St-Georges (Catherine) : En
fait, c'est toute la cidrerie Milton qui produit, qui transforme, qui distribue
le produit. C'est ce qu'exige la loi.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui.
Mme St-Georges (Catherine) : Ça
fait que c'est une marque de commerce qui appartient...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K.
Mme St-Georges
(Catherine) :
Oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Intéressant. Avez-vous déjà pensé à intégrer, comme on en a l'occasion
actuellement avec le projet de loi n° 85, d'encourager évidemment
l'utilisation de pommes locales, mais d'autres fruits dans la production du
cidre pour renforcer toute la biodiversité, le coin comme ça... J'ai déjà vu
ça, en fait, un site qui est un peu mélangé avec....
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Est
permis jusqu'à la hauteur de 20 %. La réglementation permet l'utilisation
d'autres fruits jusqu'à la hauteur de 20 %.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K. Puis vous, c'est-tu quelque chose... c'est-tu une pratique que vous
faites régulièrement?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Dans
notre industrie, on a plein plein, plein de cidres qui sont... qui sont des
cidres aromatisés.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à cette période d'échange. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, 4
min 8 s.
M. Leduc : Merci. Je suis un
fan, moi, des cocktails cidre et autres trucs.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Génial.
M. Leduc : J'ai plein de...
j'ai une belle diversité de produits que j'aime bien. Bonjour, bienvenue à
l'Aassemblée. Merci pour votre présentation, c'est vraiment intéressant. Je
veux bien comprendre le 50 % que vous revendiquez, vous... est-ce que
c'est parce que c'était ça, le chiffre, pour les... l'entreprise vinicole?
Mme St-Georges
(Catherine) :
Oui.
M.
Lasnier (Marc-Antoine) : Exact.
M. Leduc : Ça fait que vous
avez dit copier-coller, on y va avec 50 %.
Mme St-Georges (Catherine) : Pour
la taxe spécifique, il faut que ça soit en majorité en provenance de
l'entreprise agricole, donc à 50 % plus 1, si c'est produit par
l'entreprise...
M. Leduc : O.K.
Mme St-Georges (Catherine) : ...bien,
il est exempté d'une taxe spécifique, par exemple.
M. Leduc : 50 % plus 1,
on entend souvent ça ici, mais sur un autre sujet.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Leduc : Sur un autre
sujet. O.K. Parce que ça n'aurait pas pu être un autre chiffre, mettons
60 %, 70 % pour essayer de dire qu'on progresse vers ça? Est-ce
que...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Bien,
en fait, il y a déjà, comme je l'expliquais un peu plus tôt, il y a déjà
plusieurs pare-feu qui sont associés au 50 %. Donc, la taxe spécifique, la
CPTAQ aussi. Ça fait que c'est pas mal... Puis c'est pour venir utiliser aussi.
On produit majoritairement la matière première.
M. Leduc : Puis je dépose une
idée ici. Peut-être pour le ministre, si jamais il y a des hésitations à passer
directement au 50 %, peut-être que ça pourrait être envisageable de faire
une progression. Je vous soumets l'idée aussi. Tu sais, si on commence
l'année 1 à 80 %, 20 60 %, puis on arrive à 50 % sur un
échéancier de trois, quatre ans, c'est-tu quelque chose qui pourrait faire...
faire sens à vos yeux?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Y
aller graduellement en fait, très clairement, là.
M. Leduc : O.K.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Aussi,
s'il y a de l'avancée dans ce sens-là, ça fait depuis 2018 que nos membres nous
l'ont demandé.
M. Leduc : Parfait.
Mme St-Georges (Catherine) : Il
va falloir qu'il y ait les capacités de production. Ça fait que ça va suivre
l'évolution de l'approvisionnement, là.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exact.
M. Leduc : C'est ça, peu
importe... Il y a de l'espace en masse. À ce que j'ai compris, il y a beaucoup
de pommes qui sont... Quand vous dites «restées sur les vergers», c'est
qu'elles sont gaspillées en quelque sorte.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
Mme St-Georges
(Catherine) :
...
M. Leduc : Elles ont pourri
sur place.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Oui.
M. Leduc : Puis elles ont
nourri le sol un peu, là.
Mme St-Georges
(Catherine) :
Oui.
M.
Lasnier (Marc-Antoine) : Exactement.
M. Leduc : C'est dommage. Une
grosse production donc qu'on perd comme ça à chaque année.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Maintenant,
ça arrive dans les années fortes. Comme je disais, il y a une année plus
faible, puis une année plus forte au niveau de la production de cidre... de
pommes, puis cette année on était en année forte, là.
M. Leduc : Puis si... là, on
sort peut-être un peu du mandat que vous vous faites aujourd'hui, mais si on...
si les producteurs de jus et de compote avaient, eux, des obligations de quota
de pommes québécoises, est-ce qu'il y aurait moins de gaspillage dans les
vergers?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Clairement,
clairement.
M. Leduc : O.K. Une autre
idée que je soumets au ministre dans ce cas-là. Avec le temps qui reste,
j'aimerais ça peut être vous entendre sur, là, les tarifs d'aluminium.
Indirectement, la production des canettes, ça va venir jouer sur les coûts, ça,
non? Parce qu'il y a quand même un basculement vers les canettes beaucoup dans
les dernières années, que ce soit dans la bière ou pour les cidres.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Fort
probablement, là. On a reçu l'annonce ce matin, là. On n'a pas encore les
annonces des fournisseurs, là.
M. Leduc : Parce que la
canette, elle est... L'aluminium est produit ici, mais il est vendu, je pense,
aux États-Unis, puis c'est là-bas que la canette est produite
essentiellement...
M. Leduc : ...produit ici,
mais il est vendu, je pense, aux États-Unis, puis c'est là-bas que la canette
est fabriquée, essentiellement. Ça fait qu'il repasse la frontière deux fois.
Ça va être un petit coût sur la... C'est le producteur... c'est le consommateur
qui va payer, en quelque sorte, là.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : C'est
ce que... ou la marge du producteur qui...
M. Leduc : La marge de profit
si vous voulez rester compétitif.
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Exact.
M. Leduc : Les compétiteurs
des cidres, c'est quoi? C'est beaucoup plus la bière, ou plus le vin, ou un peu
des deux?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Entre
autres, les prêts à boire aussi, qui sont faits par les grandes brasseries, là.
M. Leduc : O.K.
Mme St-Georges (Catherine) : À
base de spiritueux ou de malt. Oui.
M. Leduc : Comme quoi, les
grosses brasseries, mettons?
M. Lasnier (Marc-Antoine) : La
marque Smirnoff.
M. Leduc : Ah! O.K., c'est ça
qui est plus compétitif pour le cidre... que pour le...
M. Lasnier (Marc-Antoine) : Entre
autres, entre autres.
M. Leduc : Combien de temps
il me resterait, M. le Président?
Le Président (M. Allaire) : 30
secondes.
M. Leduc : 30 secondes.
Est-ce qu'il y a un élément de votre mémoire que vous aimeriez mettre au jeu
qu'on n'a pas eu le temps d'aborder aujourd'hui?
Mme St-Georges (Catherine) : Bien,
peut-être, tu sais, c'est sûr qu'on sent la tendance d'achat local qui est là
puis on sent le consommateur qui veut encourager les entreprises d'ici. Bien,
nous, on veut suivre la cadence, on veut être capable de produire plus puis de
livrer ce produit-là, le rendre accessible aux consommateurs. Ça fait que je
pense qu'on a des belles idées... nous appuyer en ce sens.
M. Leduc : On vous souhaite
de la belle croissance aussi.
Mme St-Georges
(Catherine) :
Oui.
M.
Lasnier (Marc-Antoine) : Merci.
M. Leduc : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous deux pour votre belle contribution, là, à cette commission.
On va suspendre les travaux pour permettre à
l'autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
11 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 11 h 34)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous avons avec nous la Fédération des
chambres de commerce du Québec. Alors, vous avez les 10 minutes pour votre
exposé, je vous laisse le soin de vous présenter, va s'ensuivre une période d'échange.
Merci.
M. Lavigne (Mathieu) : Merci,
M. le Président. M. le ministre, Mme et Messieurs... Mesdames et Messieurs les
députés, je me présente, Mathieu Lavigne, directeur, Affaires publiques et
économiques, de la Fédération des chambres de commerce du Québec, la FCCQ.
M. Rioux (Hubert) : Bonjour à
tous. Hubert Rioux, je suis conseiller économique pour la Fédération des
chambres de commerce du Québec.
M. Lavigne (Mathieu) : Alors,
merci de nous donner l'occasion de présenter notre analyse et nos
recommandations concernant le projet de loi n° 85. On vous a transmis
notre mémoire précédemment. La FCCQ, brièvement, nous représentons plus de
40 000 entreprises réparties sur l'ensemble du territoire québécois oeuvrant
dans tous les secteurs économiques. Ces entreprises font face actuellement à
des défis majeurs. Le contexte commercial mondial ne fait qu'accentuer leurs
difficultés.
Alors, un mot d'abord sur le contexte,
justement, économique et commercial. L'année 2025 débute dans un climat de
profonde incertitude qui fait mal à notre économie. Nos entreprises subissent
de fortes pressions concurrentielles en provenance notamment des États-Unis. La
nouvelle administration américaine a menacé de tarifs douaniers tous les
produits canadiens, comme vous le savez, on a vu encore des nouvelles récentes
sur l'acier et l'aluminium notamment, tout en annonçant des baisses d'impôts
pour les entreprises américaines. Cet écart fiscal combiné à des coûts
réglementaires élevés au Québec risque d'aggraver notre avantage concurrentiel
et de pousser certains investisseurs d'ici et d'ailleurs à quitter notre
territoire.
Dans ce contexte, il est impératif d'adopter
des mesures d'allègement réglementaire et administratif ambitieuses. Nous
saluons donc l'intention du gouvernement avec ce projet de loi qui contient
plusieurs mesures très intéressantes, mais nous estimons qu'en raison du
contexte actuel, nous devons aller plus loin pour répondre aux besoins réels et
urgents des entreprises, tous secteurs confondus.
Pour donner un bref aperçu, selon une
consultation menée FCCQ récemment, 80 % des entreprises estiment que leur
fardeau réglementaire a augmenté au cours des cinq dernières années, 65 %
l'identifient comme le principal frein à leur productivité. Ce n'est pas
tellement surprenant, considérant notamment qu'en parallèle des efforts du
gouvernement en allègement réglementaire plusieurs lois ont imposé d'importantes
obligations supplémentaires à nos entreprises. Pensons, par exemple, à la loi 25
sur la protection des renseignements personnels, à la loi 14 sur la langue
officielle des communes du Québec ou à la loi 36 modifiant la Loi sur les
mines. Ce fardeau continuera de s'accroître en parallèle de ce projet de loi
omnibus puisqu'il ne compensera pas pleinement les nouvelles obligations issues
d'un autre omnibus, le projet de loi n° 81 en environnement, pour lequel
nous étions en commission parlementaire il y a deux semaines. Un virage donc
plus important en matière d'allègement s'impose et le présent projet de loi ne
permet pas pleinement de l'engager, selon nous. Ce virage commence par des
démarches administratives simplifiées, une nécessité immédiate.
Je vais donc rapidement vous présenter
certaines de nos recommandations, nous en avons 20. Je vais y aller avec
quelques-unes d'entre elles d'abord. Les entreprises québécoises doivent
consacrer des ressources disproportionnées à la paperasse et à la navigation
dans des processus administratifs complexes. Un exemple concret, simple, notre
recommandation numéro six, l'exigence actuelle de déclaration de mise à jour
annuelle au registre des entreprises même en l'absence de changement. Cette
obligation génère des formalités inutiles et expose les entreprises à des
pénalités injustifiées. Nous recommandons que cette déclaration ne soit exigée
que lorsqu'un changement doit être signalé.
Par ailleurs, recommandation numéro
quatre, également très concrètes, les permis de bar et de restaurant pour les
lieux...
M. Lavigne (Mathieu) :
...devraient être regroupés sous un même permis pour les propriétaires
exploitant plusieurs établissements. Actuellement, cette fragmentation ajoute
un fardeau administratif inutile et nuit à l'efficacité opérationnelle des
entreprises du secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
Ensuite un des outils les plus prometteurs
pour simplifier les interactions entre les entreprises et l'État est la Zone
entreprise. Or, son potentiel est largement sous-exploité. Nous recommandons,
c'est notre recommandation numéro 11, que tous les ministères et organismes
gouvernementaux adhèrent obligatoirement à cette plateforme afin d'y regrouper
l'ensemble des formulaires et documents administratifs requis. Cette
intégration permettrait aux entreprises de retrouver en un seul endroit tous
leurs permis et documents déjà soumis, évitant ainsi la répétition des
démarches et réduisant les délais de traitement. De plus, nous proposons que la
Zone entreprise inclue un parcours simplifié pour l'obtention des permis environnementaux,
de construction, d'exploitation minière.
Actuellement, les entreprises doivent
composer avec une multiplicité de procédures complexes et redondantes, ce qui
nuit directement à l'investissement et au développement de projets économiques.
Un des plus grands frais en investissement
au Québec est la lenteur des processus d'autorisation. Il faut aujourd'hui
entre 12 et 18 mois pour obtenir les permis nécessaires à la construction de
nouveaux bâtiments et entre 10 et 15 ans pour qu'une mine passe de
l'exploration à l'exploitation. Ces délais sont inacceptables et mettent en
péril notre compétitivité. Nous recommandons que les délais d'obtention des
certificats d'autorisation environnementale soient réduits à un maximum de six
mois. Cela pourrait être réalisé en priorisant la migration de ces procédures
vers la Zone entreprise, en adoptant des formulaires interactifs et en
automatisant certaines étapes du processus d'évaluation.
Dans le secteur minier, la situation est
particulièrement préoccupante. Pendant que d'autres juridictions, comme
l'Australie, peuvent amener une mine en exploitation en trois, quatre ans, le
Québec impose des délais jusqu'à cinq fois plus longs. Si nous voulons
développer des filières stratégiques comme les minéraux critiques, nous devons
agir maintenant. Nous recommandons donc une refonte du cadre normatif pour
accélérer l'octroi des permis d'exploitation minière.
De plus, le processus d'obtention des
permis d'exploitation forestière est particulièrement rigide. Actuellement, ces
permis doivent être renouvelés chaque année, ce qui entraîne des incohérences.
Par exemple, un exploitant recevant son permis en janvier doit quand même le
renouveler en mars de la même année. Une harmonisation des permis
d'exploitation forestière et minière à une durée de deux ans est une mesure
simple qui réduirait la charge administrative et améliorerait la fluidité des
opérations. C'est notre recommandation numéro 20.
Et je gardais pour la fin le meilleur,
l'interaction avec Revenu Québec, un autre irritant majeur pour les
entreprises. Ce ne sera sans doute jamais agréable d'avoir à faire affaire avec
Revenu Québec, mais ça peut certainement être plus simple. Les avis de
cotisation sont souvent complexes, peu clairs, difficiles à interpréter, ce qui
entraîne des délais et des contestations inutiles. Nous recommandons que les
avis de cotisation soient révisés pour être plus clairs, interactifs et
compréhensibles. Cela inclut l'utilisation d'un langage plus accessible, des
explications détaillées sur les ajustements fiscaux et des liens vers des
guides interactifs facilitant la compréhension des entreprises, surtout les
PME.
• (11 h 40) •
En conclusion, ce que nous voulons vous
partager, en fait, c'est un appel à l'action et à l'ambition. Le projet de loi
no 85 est un pas dans la bonne direction, je l'ai dit, plusieurs mesures
intéressantes, mais il demeure insuffisant, surtout dans le contexte qui a
changé, le contexte compétitif que nous connaissons actuellement, pour
pleinement répondre au défi des entreprises du Québec. Nous appelons donc le
gouvernement et les parlementaires à adopter des mesures, donc, plus fortes,
concrètes pour assurer la compétitivité du Québec face aux pressions
internationales. Comme notre mémoire le démontre, nous avons de nombreuses
solutions concrètes à proposer. Le contexte, donc, exige ces actions. Merci de
votre attention. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. Lavigne. On débute la période d'échange. M. le ministre.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, bienvenue, bienvenue ici, merci beaucoup pour le temps
consacré à votre mémoire et le temps consacré aussi à aider les entreprises. Je
le sais, je le dis souvent, mais je vais le redire, par fierté : Moi, je
suis né dans les chambres de commerce et c'est quelque chose qui me tient
particulièrement à cœur, puis je suis content de vous voir ici, bien, pour
revendiquer ces grands besoins là des chambres de commerce puis les clients qui
le desservent. Donc, merci beaucoup.
Je sais qu'on a eu des discussions, par le
passé, sur différentes avenues, à préconiser, quoi faire, puis je serais
curieux d'avoir un peu plus d'information sur la Zone entreprise. Ça fait que,
là, vous me parlez de la Zone entreprise...
M. Skeete : ...c'est clair
pour nous que c'est un vecteur d'avenir. Les investissements sont colossaux
pour y arriver, mais je pense que c'est important de le regarder. Avez-vous une
vision ultime pour la zone? Puis vous l'avez touché un peu, mais je serais
curieux, là, avec le temps, là, qu'on a de vous entendre davantage là-dessus.
M. Rioux (Hubert) : Tout à
fait. Merci, M. le ministre. Écoutez, je vous dirais, tu sais, d'entrée de jeu,
nous, on voit la chose sur deux niveaux, tu sais. Il y a un niveau d'allègement
réglementaire, administratif qui est applicable, tu sais, secteur par secteur,
puis dont les entreprises d'un secteur en particulier peuvent bénéficier. C'est
le cas, par exemple, dans votre projet de loi, pour les entreprises de
fabrication, commercialisation de l'alcool, par exemple, mais le deuxième
niveau, qui est, à notre point de vue, peut-être plus important dans l'état
actuel des choses, c'est celui des interactions générales avec le gouvernement.
Plus importantes, parce qu'il s'applique à toutes les entreprises, toutes les
entreprises ou presque ont besoin d'interagir avec le gouvernement. Et donc des
plateformes, des vecteurs comme la Zone entreprise servent à toutes les
entreprises, tous secteurs confondus. Et c'est la raison pour laquelle
l'amélioration d'une plateforme comme celle-là nous apparaît être une
initiative d'allègement administratif beaucoup plus porteur que ce qui est
présenté, en tout cas, dans le projet de loi actuel.
Effectivement, nous, notre vision pour la
Zone entreprise, et c'est ce qu'on présente dans notre mémoire, c'est vraiment
de l'élargir autant que faire se peut et le plus rapidement possible à tous les
ministères et organismes, de façon à ce que les interactions avec tous ces ministères
et organismes passent par un seul endroit. Donc, c'est ce qu'on appelle un
guichet unique. Bien sûr, je ne vous apprends rien en disant ça, c'était dans
votre propre plan d'action en allègement réglementaire administratif, donc, on
le reconnaît.
Ceci dit, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il
faut accélérer ce processus-là parce que c'est ce dont les entreprises du
Québec ont le plus besoin et le plus urgemment : d'accélérer, de
simplifier et de centraliser leurs interactions avec le gouvernement.
M. Skeete : O.K. Merci
beaucoup. Je suis d'accord. Je suis d'accord. Le défi est énorme, compte tenu
du rattrapage qui est dû. J'aimerais vous entendre sur... Là, vous avez 20
recommandations. On s'est souvent parlé, je sais que la FCCQ a beaucoup d'ambition
puis je le salue. Je pense que c'est important, avec le chapeau que vous
portez, d'être attentif. Dans le cadre de qu'est-ce qu'on propose et dans le
cadre de qu'est-ce que vous nous recommandez, c'est quoi, la priorité?
M. Lavigne (Mathieu) : C'est
une bonne question. La priorité, puis c'est l'esprit de l'intervention de mon
collègue sur Zone entreprise, tu sais... Il y a un effort que le gouvernement,
je crois, doit s'imposer à lui-même. Quand on parlait de rendre ça obligatoire,
par exemple, la Zone entreprise, pour les ministères et organismes,
l'impression que les entreprises ont, quand on leur parle, c'est que le
gouvernement... et c'est un peu la nature du gouvernement, mais est très bon
pour imposer des exigences aux entreprises, mais pour s'exiger à lui-même de
faire des actions, c'est là que, souvent, il y a une perception de la part des
entreprises que ce n'est pas tout à fait le même niveau d'ambition. Donc, par
exemple, par rapport à la Zone entreprise, pour prendre cet exemple-là, bien,
pour prendre un exemple concret, la Commission d'accès à l'information hérite
de nouveaux pouvoirs liés à la loi no 25, crée des formulaires qui peuvent être
des formulaires Word mis en ligne sur le site de la CAI, totalement à l'écart
du reste du processus gouvernemental. Ce n'est pas interactif, c'est... Donc,
on crée des choses tout le temps un peu à côté. C'est comme s'il n'y avait pas
d'obligation pour les entreprises... pour les ministères et organismes, plutôt,
de dire : Bien, quand vous créez quelque chose, assurez-vous tout de suite
que ça entre déjà dans le cadre qu'on a mis, que ce soit le plus simple
possible pour les entreprises. Donc, cette espèce de... s'obliger à soi-même de
la part du gouvernement, d'adopter les bonnes pratiques, c'est un peu l'esprit
général de notre intervention.
C'est un peu la même chose pour les délais
d'autorisation, par exemple. C'est de dire, bien, est-ce que le gouvernement
peut se fixer lui-même des exigences plus serrées sur les délais d'autorisation
des certificats d'autorisation environnementale, par exemple? Donc, c'est un
peu ce type de... l'esprit de... Je ne sais pas si tu avais quelque chose à...
M. Rioux (Hubert) : ...bien,
rapidement, si je peux rajouter quelques mots, pour en revenir aux recommandations
concrètes de notre mémoire, tu sais, il y a des mesures qui sont, de notre
point de vue, assez rapidement et facilement applicables et qui feraient une
différence concrète pour les entreprises sur le terrain. Par exemple, pourquoi
ne pas pouvoir enregistrer plusieurs entreprises différentes sur un même compte
cliqSEQUR? C'est un exemple parmi d'autres, mais qui peut être facilement
applicable et qui simplifie la vie des entreprises au jour le jour. Même chose
pour l'obligation de soumettre une déclaration...
M. Rioux (Hubert) : ...au
Registre des entreprises à chaque année, même si on n'a rien à déclarer, bien,
c'est, à sa face même, un peu absurde et ça pourrait être changé assez
facilement, d'autant plus que votre projet de loi, déjà, vient modifier la Loi
sur la publicité légale des entreprises. Donc, pourquoi ne pas régler ce
problème-là en même temps?
M. Skeete : Ça, c'est un bon
exemple. Tantôt, quand je parlais du volume, là, des interventions, en voilà
un, là tu sais, ce que... qu'on regarde, d'ailleurs, je veux vous rassurer.
C'est intrigant parce que, pour moi, je retiens de votre réponse l'importance
d'un meilleur contrôle des formulaires. Je retiens aussi l'importance d'un
principe, je vais l'appeler dans mes propres mots, là, mais un principe un pour
un, là. C'est comme tu t'imposes un fardeau. Il faudrait peut-être que tu
regardes à en enlever un aussi, là. Ça, ce serait quelque chose que vous seriez
favorable?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui,
bien, juste sur le principe, comme je le mentionnais plus tôt, l'enjeu, c'est
qu'en parallèle des efforts tout à fait louables et positifs que vous faites
pour l'allègement réglementaire et administratif d'autres collègues ministres
proposent d'autres projets de loi qui alourdissent le fardeau des entreprises.
Et, pris individuellement, on comprend chacun de ces projets de loi là, la
protection des renseignements personnels, c'est important, la protection de la
langue française, on est d'accord, absolument, mais c'est juste que chacune de
ces mesures-là, à chaque fois, ajoute du fardeau, donc, pendant ce temps-là,
les efforts qui sont faits en allègement réglementaire et administratif, aussi
bons soient-ils, on... il y a un certain déséquilibre par rapport à ça.
M. Rioux (Hubert) : Tout à fait.
Je suis d'accord. Évidemment, tu sais, c'est un beau principe, le un pour un,
mais c'est souvent très difficile à appliquer parce que qu'est-ce qui
correspond à un d'un côté et à un de l'autre, ce n'est pas toujours si évident
à déterminer, mais je pense, effectivement, que, tu sais, vos efforts sont
louables, puis il y a des mesures auxquelles vous avez déjà pensé, vous le
dites vous-même, qui peuvent être mises en place rapidement et qui viendraient
peut-être simplifier la vie des entreprises, davantage que ce qui est présenté
dans le projet de loi actuel, du moins, à court terme, et qui, surtout,
s'appliqueraient à l'ensemble des entreprises, tous secteurs confondus, ce qui
nous apparaît important. C'est pour ça qu'on insiste là-dessus, parce que, oui,
il y a des mesures intéressantes dans le projet de loi pour plusieurs secteurs,
mais, pour l'ensemble des entreprises, ça ne fera pas une si grande différence
sur le terrain à court terme.
M. Skeete : Bien, c'est un
peu pour ça que je vous demandais, dans les recommandations, la priorité, pour
que quand je vais quitter ici, là... Je comprends que la FCCQ est ambitieuse,
mais c'est quoi, là, mon... Le sur quoi je m'attache, là? Pour la FCCQ, ce qui
est le plus important, c'est quoi?
M. Lavigne (Mathieu) : Bien,
juste deux des mesures qu'on a présentées, celle pour le Registre des
entreprises, qui a été mentionnée, et les avis de cotisation, c'est des mesures
qui s'appliquent à toutes les entreprises de tous les secteurs. Donc, à la
base, ces mesures-là... c'est pour ça que j'ai commencé et terminé avec ces
deux mesures-là, comme elles s'appliquent à toutes les entreprises et qu'elles
ont un impact particulier pour les PME, je pense que c'est ce qu'on aimerait
qui soit le plus retenu, même si on trouve que toutes nos propositions sont
tout à fait pertinentes et justifiées. Mais, dans l'intérêt de la question, je
pense que les mesures qui s'appliquent à tous sont vraiment celles qui doivent
être mises de l'avant.
• (11 h 50) •
M. Rioux (Hubert) : Je
dirais, pour terminer, que ce sont probablement les deux mesures prioritaires
qui sont les plus faciles à appliquer. Celle qui serait prioritaire, qui est
peut-être plus difficile à appliquer, c'est notre recommandation 18, qui
demande de conditionner l'entrée en vigueur de toute loi ou de tout règlement à
la disponibilité des formulaires, des guides, des registres, des plateformes
numériques interactives avant l'entrée en vigueur. Il faut que les entreprises
soient capables d'interagir facilement, par des voies modernes avec le
gouvernement pour tout nouveau projet de loi et pour tout nouveau projet de
règlement qui est déposé à l'avenir.
M. Skeete : O.K., c'est bien
reçu. Merci. J'ai une question par rapport à... je pense que c'était le 18. Non,
ce n'était pas le 18, c'est... non, c'est celui avec la disposition sur l'eau.
Vous avez... Je suis curieux. C'est ça, la recommandation 5, oui, «supprimer
l'article 53». Je suis curieux, alors je veux vous entendre là-dessus.
M. Rioux (Hubert) : Bien, de
notre point de vue, c'est que le... Je veux dire, la Loi sur la protection de
l'environnement actuelle permet un équilibre qui est déjà intéressant, dans le
sens où la loi prévoit que les décisions du ministre pour l'octroi des permis
de prélèvement doit prendre en compte, prioritairement, les besoins en matière
de préservation de la ressource en eau et d'approvisionnement des populations
en eau potable. Pour nous, ça, c'est la base.
Cependant, actuellement, il n'y a pas de
hiérarchie particulière qui est établie entre les besoins de...
M. Rioux (Hubert) : ...sur
l'agriculture, de l'aquaculture, de l'industrie de la production d'énergie, et
ça, ça permet la plus large latitude et flexibilité possible au ministre pour
évaluer au cas par cas quels intérêts prioriser en fonction de l'intérêt
général soit du Québec, soit de la région ou de la communauté qui est
susceptible d'être touchée par le projet en question.
Ce que le projet de loi vient faire, c'est
d'établir une hiérarchie, à notre sens, un peu artificielle entre les besoins
de l'agriculture et de l'aquaculture et ensuite les besoins de l'industrie ou
de la production d'énergie. Donc, on ne voit pas pourquoi, dans tous les cas
imaginables, il faudrait prioriser les besoins de l'agriculture plutôt que ceux
de l'industrie ou de l'énergie, d'autant plus que, parfois, des projets
industriels ou énergétiques peuvent être complémentaires ou même indispensables
à l'agriculture ou à l'aquaculture. Donc, c'est un peu l'esprit de notre
recommandation.
M. Skeete : O.K.
M. Lavigne (Mathieu) : Juste
peut-être pour rajouter, parce qu'il y a parfois des projets, notamment de
transformation alimentaire qui sont directement liés à des exploitations
agricoles, et la viabilité financière de l'un va avec l'autre. Donc, d'établir
une hiérarchie qui s'applique mur à mur partout en mettant un devant l'autre,
on n'est pas certains que ça puisse répondre à tous les cas de figure au
Québec, surtout quand il y a des projets complémentaires production et transformation,
d'où le fait que, pour nous, le mode de fonctionnement actuel répondait à tous
les cas de figure, donc on préférait le maintien de cela, de cette
flexibilité-là.
M. Rioux (Hubert) : J'irais
même plus loin, si vous me le permettez.
M. Skeete : Oui, oui,
absolument, là.
M. Rioux (Hubert) : Dans
certains cas, et là c'est hypothétique, mais c'est pour vous donner des
exemples, dans certains cas, ça peut même imposer des contraintes au ministre
qui vont être problématiques. Par exemple, dans le cas d'un projet industriel
de transformation alimentaire, par exemple une entreprise de conservation de
fruits et légumes qui aurait besoin d'un approvisionnement en eau. Dans un cas
comme ça où les besoins de l'industrie et les besoins de l'agriculture sont
clairement complémentaires, le fait d'imposer au ministre de prioriser les
besoins de l'agriculture, ça le met devant une situation où il peut avoir une
certaine incertitude. Est-ce que je priorise vraiment les besoins de
l'agriculture en refusant ce projet industriel là où est-ce que c'est
l'inverse? Donc, ça vient un peu brouiller les cartes alors que ce n'était pas
nécessaire de le faire.
M. Skeete : Intéressant. Je
voulais poser cette question-là parce que vous êtes les seuls à avoir... Il y
avait quand même une assez grande uninamité avec les intervenants qu'on a
consultés là-dessus, notamment les gens de l'agriculture, bien sûr, qui
étaient... qui trouvaient ça important dans le contexte où est-ce que leur
niveau de compétitivité était en jeu, puis pour eux, c'est important parce que
souvent ils se faisaient refuser l'accès à des terrains qui sont codés
agricoles. Ça fait que, moi, je pense que le zonage fait en sorte qu'on est
protégés un peu du risque que vous évoquez, mais je suis sensible à l'ouverture
de la hiérarchie, là. Je comprends ce que vous voulez dire, mais je pense
qu'ultimement c'est le zonage qui vient faire en sorte qu'on n'est pas si en
conflit que ça ultimement. Puis d'autant plus que c'était demandé par des agriculteurs
qui eux se faisaient refuser parce que justement on venait créer... on avait
déjà une hiérarchie par rapport à la consommation humaine ou l'environnement.
Donc, notre logique était un peu à ce niveau-là. Puis, bien, je terminerai en
disant que ces gens-là sont aussi des entrepreneurs à mon sens, là, tu sais. Ça
fait que oui, oui, on est intéressés.
M. Rioux (Hubert) : On est...
on est très fiers aussi, via nos nos chambres de commerce notamment, de les
représenter alors donc.
M. Skeete : Oui. Bien,
écoutez, merci beaucoup. Je ne sais pas si mes collègues ont des questions,
mais moi c'est terminé puis je serais prêt à passer la parole, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va. Donc, je cède la parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Vous avez
16 min 30 s.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Merci, M. le Président. Merci à vous d'être ici aujourd'hui. D'entrée de
jeu, vous avez parlé d'une statistique que 65 % du quotidien des
entrepreneurs, c'était un... c'est la gestion du fardeau administratif. Est-ce
que je vous ai bien compris quand vous avez dit ça tantôt?
M. Rioux (Hubert) : Non, ce
n'est pas tout à fait ça. En fait, ce que notre consultation a démontré, on a
un outil de sondage à la FCCQ qui s'appelle l'Observatoire FCCQ qui nous permet
de sonder nos membres, mais la communauté d'affaires aussi plus largement au
Québec, et ce que ce sondage-là sur la productivité et le fardeau administratif
a démontré, c'est qu'il y a 65 % des entreprises qui considèrent que le
fardeau administratif et réglementaire, donc la paperasse, les difficultés
d'interaction avec le gouvernement sont leur frein numéro 1 à l'accroissement
de leur productivité. Et c'est facile à comprendre dans le sens où le temps qui
est passé à remplir des formulaires puis à essayer de comprendre comment
interagir avec le ministère X ou Y sur telle ou telle plateforme, ce temps-là,
bien, il n'est pas alloué au développement des affaires, à la production, au
développement des stratégies d'entreprise...
M. Rioux (Hubert) : ...à la
production ou au développement des stratégies d'entreprise. Donc, c'est évident
que ça a un impact sur la capacité des entreprises à s'améliorer puis à
améliorer leur productivité. Tu sais, c'est dans ce sens-là.
M. Beauchemin : Oui, c'est
clair. O.K. je le comprends mieux, en fait, on est sur la même ligne là-dessus.
Je dirais que, quand on était en train d'analyser le budget du ministre des
Finances, il y a une statistique qui m'a sauté à la face, là, en page... la
page D-6 que je mentionne souvent à tous qui veulent aller voir. Il y a eu
zéro gain de productivité dans l'ensemble de l'économie du Québec pendant une
période de cinq ans. C'est quand même... c'est quand même long quand on considère
le fait qu'au sud de la frontière c'est un gain de 2,3 %, quand on
considère que, tu sais, en Ontario, l'ensemble de l'économie, pas juste un
secteur particulier, mais dans l'ensemble de l'économie a eu un gain.
C'est sûr qu'on a un enjeu canadien, là,
par rapport à ça, mais force est de constater que 765 heures par
entreprise, qui est... pas vous, mais la FCEI qui le mentionnait, là, c'est
énorme pour la paperasse puis la bureaucratie. Donc, entrée de jeu aussi,
lorsque le ministre nous a parlé, au début, là, des... de la session de ce
matin, il y avait un objectif qui avait été fixé par le gouvernement, nombre de
dossiers et nombre d'heures, etc., nombre de dollars. Puis, moi, ça m'a comme
un peu surpris, parce que 200 millions de dollars, ça peut paraître comme
un gros chiffre entre nous, là, O.K., mais l'économie du Québec, c'est
565 milliards de dollars.
Allons-y généreusement, la moitié de
l'économie du Québec est privée. Donc, essayer d'aider le côté privé à faire un
gain de 200 millions de dollars, c'est sept points de base de
rendement. C'est un... c'est un arrondissement. Puis je vous entends bien quand
vous dites que, finalement, le plus gros enjeu, c'est face à l'interlocuteur
qu'est le gouvernement, où est-ce que le gain de productivité serait le meilleur.
Donc, vous parliez tantôt, là, de la zone entreprise ou le guichet unique, là,
exactement, là. Est-ce que ça, ça existe déjà, par exemple en Ontario? Est-ce
que ça existe déjà ailleurs? Puis vous avez déjà vu, là, comme l'avancement de
la productivité dans des... dans des législations où il y aurait eu un genre de
guichet comme ça. Puis vous pouvez donner un benchmark, là, dire : Si on
le faisait, voici ce qui s'est fait ailleurs, puis regardez comment ça a
amélioré la chose.
M. Rioux (Hubert) : Je n'ai
pas d'exemple concret en tête ou de... surtout pas de chiffre à donner sur
l'impact que ça aurait eu dans d'autres juridictions. Ceci dit, je suis certain
que ça existe effectivement ailleurs. Et la raison, pour en revenir à la
question de la productivité, là, une des raisons pour lesquelles un guichet
unique comme ça, qui se simplifie et qui accélère les interactions avec le
gouvernement, est indispensable pour le Québec... et on a déjà fait du progrès,
là, tu sais, on ne nie pas qu'il y a... qu'il y a du travail qui a été fait à
ce niveau-là. Il faut simplement l'accélérer.
• (12 heures) •
La raison pour laquelle c'est important,
c'est que, justement, le tissu économique québécois est composé essentiellement
de PME. Et, en moyenne, la taille des entreprises au Québec est inférieure à
celle de l'Ontario, des États-Unis, de la majorité des pays européens
également. Et donc les ressources qui sont utilisées par les PME pour toutes
ces obligations administratives, en proportion de la main-d'œuvre ou des
capacités des entreprises, sont plus grandes, sont plus importantes, ce qu'il y
a un impact, donc plus important sur la productivité que c'est le cas ailleurs
où, par exemple, il peut y avoir des équipes dédiées dans les entreprises qui
sont spécialisées pour remplir la paperasse, les formulaires, etc., et
interagir avec le gouvernement. Donc, c'est spécifiquement important pour le
Québec d'établir un guichet unique qui soit efficace et efficient comme ça. Et
ça va avoir un impact d'autant plus grand sur nos entreprises que l'absence
actuellement d'un guichet comme celui-là a un impact plus grand sur notre
productivité.
M. Beauchemin : Bien, je suis
entièrement d'accord avec vous. Je supporte totalement l'idée, je n'ai aucun
enjeu avec ça. Statistique intéressante, en passant, il y a 260 000 PME dans l'ensemble
des 17 régions administratives du Québec, 492 000, je crois, en Ontario,
le ratio «small and medium size» PME, là, O.K., par rapport aux grandes
entreprises, qu'on soit en Ontario ou au Québec, c'est relativement le même, en
fait, 97,5 % de toutes les entreprises au Québec sont des PME, 80 %
des...
12 h (version non révisée)
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...travailleurs dans le privé viennent là, donc 20 % travaillent dans
le 2,5 %, si vous comprenez ce que je veux dire, O.K. Puis c'est... c'est
à peu près le même ratio en Ontario. Ça fait que c'est intéressant de voir la
composition canadienne. Quand on... Quand on va aux États-Unis, ce ratio-là
change drastiquement, là. C'est... C'est vraiment autre. Mais c'est
intéressant. Donc, on a cette statistique-là.
Donc, quand vous parliez de la zone d'innovation
spécifiquement minière, je pense que vous y faisiez allusion, à ça, là, pour l'industrie
minière. C'est cinq fois plus long pour obtenir les permis d'exploitation d'une
mine au Québec?
M. Rioux (Hubert) : Tout à
fait, que dans d'autres juridictions, les juridictions les plus performantes en
ces matières-là...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : En Australie, par exemple?
M. Rioux (Hubert) : ...en
Australie, par exemple, qui est l'exemple le plus cité, mais avec raison, parce
qu'ils ont réussi effectivement à accélérer beaucoup les processus et avec un
impact important sur leur production également. Effectivement, au Québec, c'est...
c'est beaucoup plus long. On parle entre 10 et 15 ans, là, en moyenne pour
passer de l'exploration à l'exploitation. Évidemment, il y a là-dedans, tu
sais, des considérations qui sont propres aux entreprises ou aux propriétaires
de claims miniers aussi. Parce que, tu sais, si le processus d'exploration
prend plus de temps, ensuite, passer à l'exploitation, on augmente la moyenne,
mais ce n'est pas toujours la faute des interactions avec le gouvernement ou l'octroi
des permis. Ça dépend aussi de la vitesse de développement des projets du côté
des entreprises privées.
Ceci dit, effectivement, c'est un gros problème
pour le Québec dans la mesure où, comme mon collègue le disait tout à l'heure,
on vise à développer le plus rapidement possible, tout en respectant évidemment
l'acceptabilité sociale et environnementale, des projets de minéraux critiques
et stratégiques. Ça devient d'autant plus urgent dans le contexte actuel, où c'est
un argument puis une carte à jouer pour nous face aux États-Unis, que de leur
offrir de sécuriser leur approvisionnement. Donc, il faut accélérer urgemment
ces projets-là de manière à passer, là, à la production le plus rapidement
possible.
M. Lavigne (Mathieu) : Et,
juste pour ajouter là-dessus, il y a vraiment une perception très claire de la
part du secteur minier que le gouvernement en ce moment ne leur vient pas
beaucoup en aide dans ce contexte-là, où on dit qu'on a besoin de minéraux
critiques et stratégiques. On l'a vu avec la nouvelle loi qui réforme la Loi
sur les mines, qui donne des pouvoirs supplémentaires aux MRC pour exclure des
territoires de l'activité minière, il y a aussi d'autres formalités qui leur
ont... qui leur ont été imposées, comme l'obligation de faire des travaux sur
leurs claims. L'impression qu'ils ont, c'est que, d'un côté, on dit que les
minéraux critiques et stratégiques, c'est l'avenir, ça nous en prend, c'est une
carte stratégique à jouer, mais d'un autre côté, quand vient le temps de parler
de réglementation et de processus, on est plutôt en train d'alourdir leur
fardeau. Donc, c'est difficile pour les entreprises de comprendre le lien entre
A et B, là, pourquoi est-ce que les deux messages qu'ils reçoivent sont un peu
contradictoires.
Et c'est une filière qui est extrêmement
importante et où le Québec se démarque. On parle de l'Australie, c'est un... c'est
un pays minier très reconnu, mais le Québec a des richesses immenses. Mais il y
a un énorme travail à faire. Parce que, oui, dans certaines régions, il y a
davantage d'acceptabilité sociale parce qu'ils sont habitués à l'exploitation
minière, mais dans certaines régions maintenant, où les minéraux critiques et
stratégiques sont découverts, il n'y a pas ce même historique minier. Donc, il
y a un grand travail à faire pour amener les populations locales à comprendre
la plus-value de ces industries-là, autant pour l'économie locale, mais aussi
pour le Québec et pour la planète. Donc il y a vraiment un gros travail à faire
pour ce secteur-là.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : ...une statistique intéressante qui disait
comme quoi que, bon, si on y allait de l'avant avec toutes les projections qu'on
avait faites pour ce qui est de la demande de batteries, là, à travers le
Québec. On n'a pas suffisamment au Québec les minéraux en place pour satisfaire
à la demande. Et donc je trouve ça quand même... Tu sais, on construit comme
Kevin Costner, The Field of Dream, avant que ce soit possible de le réaliser.
Mais on a de besoin d'avoir le secteur minier en arrière effectivement. Donc,
la zone d'innovation minière, qui est une proposition qui est... qui est sur la
table depuis des années, là, O.K., dans la région de l'Abitibi par exemple,
vous, vous voyez ça d'un très bon œil, j'assume?
M. Lavigne (Mathieu) : Oui.
Bien, les zones d'innovation, effectivement, on parlait dans ce cas-ci aussi de
la zone entreprise pour leur permis, mais les zones d'innovation, c'est des
projets qu'on soutient. On comprend aussi qu'il y a certains projets qui
peuvent être redéployés en d'autres formulations que zones d'innovation, là. Il
y a aussi d'autres... d'autres formules que la ministre Fréchette met de l'avant
pour ça. Mais c'est un secteur qui est tellement important. On a tendance
souvent, au Québec, à miser... on parle de certaines forces qu'on a depuis
longtemps, puis c'est vrai qu'elles sont importantes, mais quand on parle du
secteur minier, l'avenir est tellement intéressant dans ce côté-ci. Il faut
vraiment qu'on mette en... mette tous les acteurs en commun pour pouvoir
avancer. Puis ça passe aussi par le gouvernement qui doit simplifier leur
processus.
M. Rioux (Hubert) : Si je
peux me permettre, M. le député, de rajouter qu'effectivement, dans notre
mémoire, c'est davantage à la zone entreprise, là, ce guichet unique d'interaction
avec le gouvernement dont...
M. Rioux (Hubert) : ...dont
on parle, mais on le fait à bonne raison parce que le chiffre qu'on a de notre
côté, qu'on a entendu et vu à plusieurs reprises, c'est que, pour certains
projets miniers, le nombre de permis et autorisations à obtenir auprès des
différents ordres de gouvernement et des différents ministères pour passer de l'exploration
à l'exploitation peut monter jusqu'à 650, 660 permis. Donc, ça démontre bien
l'importance, d'une part, tu sais, de réduire ça peut-être un petit peu puis de
simplifier les choses, mais surtout de mettre en place une plateforme qui
permette d'interagir à partir d'un seul endroit avec tous ces ministères et
organismes de manière à simplifier la vie des entreprises et à accélérer ces
projets-là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:Je
vous entendais parler, tout à l'heure, de ça dans toute la délicatesse, comme
quoi que c'était intéressant pour l'industrie des alcools, etc., ce qui semble
avancé, mais que le gros finalement de l'objectif commun qu'on a tous de faire
en sorte qu'on puisse être plus productifs, c'est une réduction de la paperasse,
une réduction de la réglementation au Québec qui va nous aider à améliorer ça.
Puis, dans... dans la critique, j'ai trouvé ça intéressant parce
qu'effectivement du côté privé, là, d'où je viens, c'était tout le temps la
critique qu'on faisait. La machine, elle ne se parle pas, là, c'est... il y a
plusieurs tentacules qui ne semblent pas aller dans la même direction.
Vous parliez de la fiscalité tout à
l'heure au niveau évidemment, là, bon, compétitivité. C'est clair que, bon, une
fiscalité plus compétitive nous aiderait évidemment. Mais, juste en termes des
avis de cotisation, ça, c'est quand même assez... c'est de base. Quand vous
avez à prioriser, au niveau de ce qu'on voudrait avoir en termes d'échange avec
le ministère du Revenu au niveau des avis de cotisation, si vous aviez à mettre
en priorité les étapes à suivre selon vous, là, pour la simplifier pour les PME
du Québec, ce serait quoi?
M. Rioux (Hubert) : Oui. Ça,
c'est un dossier dont on entend beaucoup parler depuis longtemps, là, auprès de
nos membres, là. On est membre du Comité consultatif sur la conformité fiscale
des entreprises avec Revenu Québec. Donc, on fait des représentations, depuis
déjà un certain moment, là-dessus, et on a été encouragés de voir qu'en
novembre ou décembre dernier, Revenu Québec a annoncé une amélioration, une
simplification de ses avis de cotisation. On attend de voir, là, avec la saison
des impôts si effectivement ce sera mieux que c'était. Donc, on va en reparler
avec nos membres et avec Revenu Québec en temps et lieu.
Ceci dit, s'il est question de prioriser
ce qui devrait changer sur les avis de cotisation, c'est premièrement la
simplification du langage qui est souvent codé et technique. Les entreprises ne
s'y retrouvent pas et doivent engager des sous-traitants spécialisés pour
interpréter les avis de cotisation, ce qui coûte de l'argent et ce qui est
première des choses.
Deuxième des choses, rendre les
installations plus interactives. Donc, si l'entreprise a une question
spécifique sur telle ou telle section de son avis de cotisation, qu'ils
puissent cliquer sur un lien, par exemple, qui l'amène vers des explications
détaillées sur l'article de loi qui s'applique.
Troisième chose... Plus ou moins. Et
troisième des choses, les explications claires et détaillées des calculs qui
ont été effectués pour en arriver à un montant X de cotisation obligatoire pour
l'entreprise.
Ce que j'en comprends, c'est qu'il y a
effectivement cette amélioration-là qui devrait être présente à partir de cette
année. Donc, des explications plus détaillées sur les calculs qui ont été
réalisés pour arriver aux montants qui sont réclamés. Mais on attend de voir
effectivement si ce sera le cas et si les changements effectués seront à la
satisfaction des entreprises.
• (12 h 10) •
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Moi, ce que j'entends, j'aime beaucoup ce que j'entends, je trouve ça
intéressant parce que c'est vraiment là où est-ce qu'on aurait le plus gros...
on bougerait l'aiguille de façon beaucoup plus significative. Je pense que
c'est important, puis surtout si on est capable de se comparer. Encore une
fois, je sais, quand on a... on a le réflexe, c'est normal, on veut tout le
temps se «bencher» contre quelqu'un puis voir comment on avance dans la vie. Parce
que, comme la productivité, c'est une gamme qui est relative, et je pense
qu'essayer de se réduire en réglementation ou en fardeau administratif, c'est
une game qui est relative aussi parce que, si les autres le font encore plus
que nous, bien, on prend du retard. Donc, même si...
M. Lavigne (Mathieu) : Souvent
l'enjeu, juste pour compléter sur ce point-là, souvent l'enjeu c'est que la...
pas juste la perception, mais la réalité, c'est que le passage au numérique,
dans les interactions que le gouvernement, ça se fait via un document Word ou
pire un document PDF qui est dans le fond la même chose que tu aurais reçue par
la poste avant, alors que la vraie transformation numérique, c'est d'avoir des
formulaires interactifs standardisés où on peut déjà, dans la plateforme
interactive, avoir déjà la réponse à sa question quasiment en le remplissant.
Ça, pour nous, c'est de la vraie transformation numérique. Donc, c'est pour ça
qu'il y a comme deux niveaux, là, on est... On a l'impression que souvent on
est encore au premier niveau où on met les mêmes documents en ligne. O.K.
mais... parce que quand on remplit un document Word, c'est le cas pour les
certificats d'autorisation environnementale...
M. Lavigne (Mathieu) : ...document
Word, c'est le cas pour les certificats d'autorisation environnementale. Bien,
on le remplit de la façon que l'entreprise pense qu'il doit se remplir, mais
peut être qu'elle fait des erreurs dans le formulaire. Elle l'envoie au
ministère. On lui dit : Il y a des erreurs dans ton formulaire. Et là on
fait le «back and forth», je cherche le mot en français, alors que si c'était
un formulaire interactif où déjà, en remplissant, on disait : Non. Ici,
cette case-là, elle n'a pas été correctement remplie, il n'y aurait pas ce
délai-là d'échange avec le ministère.
M. Beauchemin : Le «back and
forth», ça, c'est les 12 travaux d'Astéryx.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à cette période d'échange. M. Lavigne M. Rioux de la Fédération des
chambres de commerce du Québec, merci pour votre belle contribution à cette
commission. Donc, ça termine notre bel avant-midi. Je vous remercie pour votre
contribution à l'ensemble des parlementaires. Je suspends les travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions vers
15 h 15. Merci, tout le monde! Bon dîner.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Donc, prenez le temps d'éteindre vos sonneries sur l'ensemble de
vos appareils électroniques, si vous pouvez, s'il vous plaît.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif.
Cet après-midi, nous aurons cinq groupes
qui vont se terminer en début de soirée. Donc, on va commencer avec l'Union des
producteurs agricoles, qui sont ici avec nous, le Conseil de la transformation
alimentaire du Québec, ensuite, la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante, on enchaîne avec le Conseil canadien du commerce de détail et on
termine avec le Conseil des vins du Québec.
Avant de débuter avec le premier groupe, j'ai
besoin de votre consentement pour permettre à la députée de Verdun de siéger au
sein de cette commission avec nous cet après-midi, en remplacement du député de
Laurier-Dorion. Donc, est-ce que je n'ai pas de consentement? Adopté? Parfait?
Votre consentement, je veux bien l'entendre.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Allaire) : Excellent.
Merci. Ça commence bien. Donc on commence, avec le premier groupe, l'audition.
Donc, je vous laisse le soin de vous présenter peut-être, à tour de rôle. Vous
avez 10 minutes. Va s'ensuivre une période d'échange avec les parlementaires.
La parole est à vous.
M. Doyon (Paul) : Merci
beaucoup, M. le Président. Mesdames et Messieurs les députés, M. le ministre.
Mon nom est Paul Doyon. Je suis vice-président de l'Union des producteurs
agricoles et je suis aussi producteur agricole à Saint-Joseph-des-Érables en
Chaudière-Appalaches. Je suis accompagné de Mme Amina Baba-Khelil,
coordonnatrice à la Mise en marché et aide aux groupes, et Mme Maître Justine
Perron, avocate, toutes les deux de l'Union des producteurs agricoles. Je vous
remercie de nous permettre d'exposer le point de vue des productrices et
producteurs...
M. Doyon (Paul) : ...agricole
concernant le projet de loi n° 85, et spécifiquement en ce qui a trait aux
boissons alcooliques, aux prélèvements d'eau et à l'achat local.
En janvier 2025, le Québec comptait
333 titulaires de permis de production artisanale, et il est important de
rappeler que les détenteurs de ces permis sont des agricultrices et des
agriculteurs produisant eux-mêmes la matière première afin de transformer et
élaborer par la suite des vins, des cidres, des hydromels, de la serre et
d'autres types de boissons alcooliques. Cette filière contribue à diversifier
l'agriculture québécoise et génère des retombées significatives tant par
l'occupation du territoire que par les ventes et le développement de
l'agrotourisme dans toutes les régions du Québec. Cependant, pour exploiter
pleinement son potentiel, les producteurs agricoles s'accordent sur la
nécessité d'améliorer et d'uniformiser la réglementation encadrant les
conditions de production et de mise en marché. Ces ajustements sont essentiels
pour soutenir une industrie dynamique et créatrice de valeur et contribuant à
la prospérité économique de la province.
Nous saluons les propositions apportées
dans le cadre du projet de loi n° 85 afin d'alléger la réglementation.
Toutefois, nous suggérons d'aller plus loin dans le but de rendre les mesures
encore plus simples et permettre ainsi une meilleure compétitivité et une plus
grande croissance de ces PME.
D'abord, abordons la question de
l'obligation du système de marquage des contenants de boissons alcooliques. La
proposition du p. l. 95 est d'abolir cette obligation des contenants de bière
vendue et livrée à un établissement au Québec dont le volume annuel de vente
n'excède pas 15 millions de litres. Cette proposition a effectivement
toujours été dans nos demandes historiques pour les titulaires de permis de
production artisanale.
Le document d'analyse d'impact
réglementaire publié par le MEI souligne et je cite : «Le marquage
constitue une charge administrative qui nécessite du temps et des coûts
financiers et qui mobilise des employés attitrés à cette tâche pendant des
heures, ce qui occasionne une perte de productivité pour les petites
brasseries.». Ainsi, on se demande pourquoi cette abolition n'a pas été élargie
à l'ensemble des titulaires de permis de production artisanale. Les petites
entreprises titulaires de permis de production artisanale sont exactement dans
la même situation que les titulaires de permis de production artisanale de
bière. Ils subissent aussi les dommages de cette lourdeur réglementaire qui
n'est pas adaptée à leur réalité. En plus de devoir composer avec des contraintes
telles que la tenue d'un registre, une opération très fastidieuse et
chronophage à laquelle ils sont les seuls à être dans l'obligation de se
conformer. Par conséquent, nous demandons d'étendre l'abolition du système de
marquage et de timbrage des contenants de boissons alcooliques pour toutes les
catégories de permis de production artisanale de boissons alcooliques.
À ce qui a trait à la proposition de
sous-traitance des activités de fabrication de boissons alcooliques entre
titulaires de permis de production artisanale ou par une coopérative de
producteurs artisans, il s'agit d'une avenue très avantageuse. Elle va
permettre la mutualisation de l'utilisation des équipements de transformation
qui constituent un poste important dans les investissements, surtout pour les
entreprises en démarrage, et ainsi améliorer leurs coûts de production. Nous
sommes toutefois très surpris que cette mesure n'inclue pas les détenteurs de
double permis, celui de production artisanale et de fabricant, tels que les producteurs
de cidre, pour réaliser la sous-traitance à d'autres producteurs artisanaux
lorsqu'il s'agit du même type de matière première. Il faut rappeler que les
détenteurs de ces permis sont généralement les mieux équipés et peuvent offrir
ce service tout en répondant aux exigences réglementaires et en assurant une
traçabilité efficace. Pour cela, nous demandons que ces derniers soient
éligibles à la mesure proposée, à savoir la possibilité d'offrir leurs services
de sous-traitance pour les activités de fabrication à d'autres producteurs
artisanaux utilisant le même type de matière première.
La question de la livraison des boissons
alcooliques artisanales a été abordée à maintes reprises. Le projet de loi n°
85 fait la proposition d'autoriser la sous-traitance de la livraison entre
titulaires de permis de production artisanale. Un pas dans le bon sens a été
fait, mais il demeure insuffisant. Cette pratique va nécessiter aux producteurs
de gérer la logistique, de réaliser une planification rigoureuse, d'avoir un
équipement adéquat pour le transport, de prendre en charge la question des
responsabilités liées aux assurances ou aux dommages, etc., un temps qui ne
pourra être investi à réaliser leur métier. Sans oublier que cette approche
accentuerait les iniquités entre les producteurs dont les entreprises se
situent dans les régions éloignées et qui ne pourront réaliser la livraison
avec d'autres producteurs.
Nous demandons au gouvernement d'autoriser
les titulaires de permis de production artisanale à faire livrer leurs produits
par un tiers sans complexifier la gestion administrative de cette délégation de
tâches afin...
M. Doyon (Paul) : ...la
gestion administrative de cette... de cette délégation de tâches afin que les
producteurs puissent se consacrer à développer leurs entreprises. De plus, nous
demandons d'autoriser aux coopératives de réaliser la livraison tel que proposé
dans la sous-traitance des activités de fabrication.
Une exception est proposée pour introduire
une disposition afin de lever l'interdiction du double permis de producteur
artisanal de bière ou de brasseur et celui de production artisanale, à
condition que le titulaire utilise exclusivement sa propre matière première.
Nous saluons cette mesure qui préserve la notion de producteur agricole.
Cependant, le risque d'une mauvaise récolte est fortement présent puisqu'il
s'agit de productions agricoles pouvant ainsi hypothéquer la capacité de
transformation des entreprises.
À l'instar des titulaires de permis de
production artisanale de vin, nous demandons de permettre l'achat de matières
premières québécoises par des titulaires de permis de production artisanale de
boissons alcooliques, à l'exception de l'hydromel, et ce, dans une limite qui
devrait être définie avec les parties prenantes de l'industrie. On parle
beaucoup actuellement de favoriser une économie locale forte. Voilà des gestes
concrets à mettre de l'avant pour corriger la surréglementation, la
bureaucratie qui nuit à nos entreprises. Par ailleurs, nous saluons la modification
proposée qui confère une propriété d'usage de l'eau aux activités agricoles et
aquacoles et qui permet de reconnaître le caractère fondamental de ces
activités. Il est indéniable que le manque d'eau en productions animales ou
végétales s'avère inconcevable, et les conséquences risquent d'être fatales
puisque la vie est impossible sans eau.
En terminant, le projet de loi propose
l'introduction d'une disposition à la Loi sur le MEI dans le but de renforcer
la volonté du gouvernement à promouvoir l'achat local par des politiques de
programmes et des mesures destinées aux entreprises. Rappelons qu'il existe
déjà des leviers pour promouvoir l'achat local et nous souhaitons qu'ils soient
davantage utilisés et de se doter de cibles permettant l'accroissement des
achats d'aliments du Québec, incluant ceux aussi de la régie biologique. Ces
cibles devraient se traduire par des objectifs quantifiables et mesurables et
donc par des indicateurs clairs dont les résultats devraient être divulgués
annuellement. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci à vous, M. Doyon. On y va avec la période d'échange. M. le ministre, vous
avez 16 min 30 s.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bienvenue à l'UPA, ravi de vous voir, et permettez-moi un
moment pour saluer la collègue de Verdun. Bienvenue parmi nous.
Dans le fond, on s'est fait dire, juste
avant que vous arriviez, avant la pause, par la FCCQ, que pour eux de prioriser
le... prioriser l'eau, l'accès à l'eau pour un secteur versus un autre, bien,
pour eux, ils ne voyaient pas pourquoi qu'on cassait cette balance qui existait
entre la consommation humaine nécessaire et les autres industries incluant
l'agriculture. Pouvez-vous nous donner une idée pourquoi c'est important pour vous
d'avoir cette priorité-là sur le terroir québécois, d'avoir accès à l'eau en
priorité?
• (15 h 20) •
M. Doyon (Paul) : Parce que
cette eau-là qu'on... qu'on parle, elle va servir à produire des aliments, et
les aliments sont nécessaires, sont essentiels à la vie d'une population, là.
C'est la raison pour laquelle on est... on souhaite que ça soit comme ça, là.
M. Skeete : Puis eux, ils
semblaient dire qu'en fait, ça pourrait nuire à la production agricole. Il
semblaient faire un lien entre la transformation des aliments sur le terroir
versus l'accès pour faire pousser de la nourriture. Est-ce que vous avez une
opinion par rapport à ça? Est-ce que vous pouvez nous donner un peu votre point
de vue là-dessus?
M. Doyon (Paul) : C'est sûr
que pour certains aliments qui ont nécessité de l'eau pour croître, là, ça
nécessite de l'eau aussi pour les mettre en marché. Ça prend des... il y a
des... Il y a des aliments qui doivent être lavés, mis en... conditionné pour
être prêts pour le marché, ça nécessite de l'eau aussi, là.
M. Skeete : Dans les
discussions que vous avez eues, je sais qu'avec mon collègue le ministre de
l'Agriculture et le premier ministre, il y avait les 14 énoncés qu'on
avait promis aux agriculteurs, il y a quelques mois, dont notamment la notion
sur la priorité sur l'eau. En tout et partout, est-ce que ces discussions-là
avancent bien? Est-ce que vous êtes satisfaits de voir qu'on commence à voir
les retombées de ces discussions-là? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Doyon (Paul) : Oui, on
entend qu'il y a des avancées et c'est bienvenu, et c'est ce qu'on souhaite, et
on souhaite que ça continue.
M. Skeete : Parfait. Je
serais curieux de vous entendre... Je gardais l'alcool en dernier parce que ce
que... ce que je dis souvent à mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, c'est que
le dossier de l'alcool, c'est comme un fil, et lorsqu'on se met à tirer sur le
fil, il y a plein d'impacts...
M. Skeete : ...le dossier de
l'alcool, c'est comme un fil et lorsqu'on se met à tirer sur le fil, mais là il
y a plein d'impacts non voulus et voulus quand on tire dessus.
Mais on parlait plutôt d'accès aux marchés
publics. Je sais que pour vous, là, les marchés publics sont importants. C'est
une source de... de... bien, un lieu de vente pour faire connaître les
produits, faire connaître les agriculteurs locaux à la communauté. Il y avait
l'Association des microbrasseries qui demandait d'avoir accès aux marchés
publics, et pour eux, ils disaient que, bien, nous, notre produit, il est... tu
sais, 90 % de la bière qui est consommée au Québec vient des grands
brasseurs, nous, on est dans le 10 %, on se considère un produit de niche,
nous, on aimerait ça avoir accès aux marchés publics. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus. Est-ce que c'est quelque chose avec lequel vous êtes favorable?
Mme Baba-Khelil (Amina) : Il
y a eu effectivement ce matin, ils savaient et ils avaient annoncé ça pour que
les produits de microbrasseries se retrouvent dans les marchés publics. Et on
s'entend que les marchés publics, il y a un lien de proximité, on va dire,
entre le consommateur et le producteur, que nous, l'UPA, on favorise énormément
parce que c'est un savoir-faire qui va pouvoir être expliqué directement au
consommateur. On s'entend qu'aujourd'hui, depuis l'engouement pour les produits
locaux lors de la pandémie de la COVID-19, on a eu justement cet engouement-là
de la part des consommateurs de savoir qui produit, qui est derrière le
produit, comment, qui il est fabriqué, comment qu'il est produit, et même
parfois peut être pas dans le cas de la bière, mais comment on consomme le
produit? Donc c'est si on veut bien. C'est sûr que c'est une avenue très
importante pour que ces produits-là soient disponibles pour le consommateur directement.
M. Skeete : J'avoue, je vais
j'aurais besoin de clarifications sur votre position, là, mais j'avoue que je
suis embêté un peu par la question, personnellement, parce que d'un bar, il est
clair pour moi que les microbrasseries sont et ont un ancrage territorial
important. Ils font valoir les goûts du terroir, sont des acteurs importants
pour l'agrotourisme, mais d'un autre côté ne sont pas des agriculteurs, ne sont
pas eux-mêmes responsables de la matière première. Est-ce que vous êtes pour ou
contre leur présence dans les marchés publics?
Mme Baba-Khelil (Amina) : Pour
ceux qui détiennent les permis pour les microbrasseries, ce n'est pas... ce
n'est pas tout le monde qui a... qui a... Il y a certains qui... qui sont
également producteurs agricoles, c'est-à-dire qu'ils fabriquent la bière à
partir de leurs propres matières premières. Donc, c'est sûr que pour nous
c'est... c'est une avenue très, très intéressante pour eux effectivement.
M. Skeete : Et pour ceux qui
ne sont pas grains à la bouteille, est-ce que vous avez une ouverture?
M. Doyon (Paul) : Bien ça, il
faut le voir dans le sens que c'est une production agricole, ça peut faire en
sorte qu'on a des bons rendements ou on n'en a pas. Une culture dans une année
peut ne pas se qualifier pour une production d'alcool ou de bière, peu importe,
là. Et ces gens-là, bien, doivent... si ces gens-là ne peuvent pas
s'approvisionner ailleurs, bien, ils sont une année sans production. Ça fait
que, là, ça fait en sorte qu'ils vont développer un marché. Ils vont mettre de
l'effort pour développer un marché qu'ils risquent de perdre à cause qu'une
mauvaise récolte, entre autres au niveau des céréales où est-ce qu'il y aurait
des maladies fongiques qui feraient en sorte que ce grain-là n'est pas propice
à faire de l'alcool. Bien, s'il ne peut pas s'approvisionner ailleurs, il n'y
aura pas de production. Ça fait qu'on ne pense pas que ce soit une bonne idée
de donner à ces gens-là la possibilité de croître et de reculer régulièrement,
là.
M. Skeete : O.K. Je... Comme
je vous dis, je suis embêté. Je comprends la raison d'être des marchés publics,
l'importance de vraiment faire ce rapprochement, de... de voir le visage et de
rencontrer la personne qui a fait pousser notre nourriture. Et de l'autre côté,
pour moi, il est indéniable que c'est des microbrasseries, dans tous les comtés
du Québec, ont cet ancrage-là avec la communauté. Donc, j'étais très intéressé
à vous entendre. Donc, pour vous, la ligne, elle est vraiment si on a du grain à
la bouteille, ça va. Sinon, comme... comme moi, là, je comprends, mais ce n'est
pas vraiment leur place.
M. Doyon (Paul) : Bien,
comment on peut bien l'encadrer? Comment on peut faire en sorte qu'à partir,
mettons, d'un certain pourcentage qui pourrait venir de l'extérieur? C'est sûr
que si quelqu'un achète sa matière première à... à l'extérieur régulièrement,
ce n'est pas ça qu'on souhaite, là. Mais le jour où est-ce qu'il arrive une
mauvaise récolte, comment on peut faire pour faire en sorte...
M. Doyon (Paul) : ...qu'on
souhaite, là. Mais le jour où est-ce qu'il arrive une mauvaise récolte, comment
on peut faire pour faire en sorte que ces gens-là puissent continuer à
développer leurs entreprises sans être affectés par une mauvaise récolte?
M. Skeete : C'est entendu.
Merci beaucoup. Là où vous avez demandé le retrait des timbres, tant qu'à y
être, sur tous les produits, n'est-ce pas, je serais curieux de vous entendre
sur le timbrage qu'il reste, alors les produits qu'il reste, là, notamment les
cidres, tout ça, là. Je vais entendre, c'est quoi l'impact réglementaire, le
fardeau administratif que ce timbre-là cause? Et d'après vous, est-ce qu'il y a
un risque à la santé publique et à... et aussi à la sécurité publique d'enlever
ces timbres-là? Je vous pose la question avec en tête la différence qu'on
connaît entre un produit malté qui est souvent à faible taux d'alcool et un
autre produit qui pourrait être plus vin ou même un spiritueux qui pourrait
avoir un taux élevé d'alcool. Vraiment, je veux vous entendre sur vos
réflexions là-dessus.
Mme Baba-Khelil (Amina) : Bien,
nous, on s'est posé la question parce que regardez, on... puis M. Doyon l'a
cité tout à l'heure dans son allocution, dans le document du MEI, qui cite
justement le fardeau administratif auquel les microbrasseries font affaire
directement et cette situation est identique pour les autres détenteurs ou
titulaires des permis artisans. Alors, c'est pour ça qu'on demande à ce qu'il y
ait cette équité là pour tous, compte tenu que le fardeau réglementaire, il est
pour tout le monde. Alors, c'est... c'est l'argument essentiel qui fait en
sorte qu'on aimerait alléger cette réglementation-là afin... afin qu'on puisse
donner un peu... afin que ce soit équitable envers tout le monde.
M. Skeete : Puis là-dessus,
moi, je vous donne raison, le fardeau administratif, il est exact, mais le
produit est différent. Ici, on parle de produits qui ont un taux d'alcool plus
élevé et une capacité de production d'alcool plus élevée, notamment si je pense
aux... aux patates, là, des spiritueux. Donc, est-ce que pour vous, malgré le
fait qu'on parle d'un produit qui est différent, qu'il y a des impacts en santé
publique et sécurité publique différents, vous maintenez le fait que pour vous
l'équivalence serait importante par rapport à le timbrage?
Mme Baba-Khelil (Amina) : Bien,
j'ai envie de poser une question dans le sens où en quoi est-ce que le
témoignage va faire en sorte que ça permet de préserver la santé publique à ce
moment-là? On s'entend que ce sont des permis que ces titulaires-là, ils... par
rapport à toute la traçabilité, ils... ils ont des registres, ils sont les
seuls à être contraints à les remplir, et c'est fastidieux, c'est chronophage,
c'est... c'est vraiment... Je vous retourne la question.
• (15 h 30) •
M. Skeete : Merci de me
retourner la question, ça me permet d'avoir une belle discussion avec vous,
puis je suis content de l'avoir. Dans une autre vie, moi, j'étais douanier et
les timbres nous permettaient de s'assurer, entre autres, que les droits et
taxes ont été payés, mais aussi qu'en termes de volume, on sait d'où ça vient,
puis il y a comme une traçabilité sur l'origine du produit. Quand on parle
d'alcool en général, notamment la bière, mais on parle d'un taux d'alcool qui
est moindre, un risque de santé publique qui est moindre, avec des procédés qui
sont complexes. Quand on rentre, entre autres sur les spiritueux, notamment la
vodka, c'est un procédé qui est extrêmement simple à faire, avec des effets
d'alcool qui sont beaucoup différents de qu'est-ce qu'on trouverait dans la
bière et où est-ce qu'on pourrait avoir de la contrebande à grands effets qui
sont plus faciles à relayer. Donc, ma réflexion, elle est là, c'est de dire :
Est-ce que, même si je suis d'accord que, le fardeau administratif, il est le
même et donc ça cause un frein au commerce, est-ce que, dans le cas du taux de
l'alcool, ce coût-là du fardeau administratif vaut la chandelle? Puis je vous
pose la question de manière philosophique, là.
M. Doyon (Paul) : Bien, notre
position, c'est en lien avec l'uniformité au niveau de tout ce genre de
production. Là, vous amenez une facette sur laquelle on ne s'est pas vraiment
penché, mais c'est sûr que ce n'est pas la même chose.
M. Skeete : Je comprends.
O.K. Mais comme je vous dis, si... Bien, moi, ce que j'apprends avec l'alcool,
c'est que, si c'était simple, ça aurait été fait...
15 h 30 (version non révisée)
M. Doyon (Paul) : ...ce n'est
pas la même chose.
M. Skeete : Je comprends O.K.,
mais comme je le dis si la... bien, moi ce que j'apprends avec l'alcool, c'est
que si c'était simple, ça aurait été fait. Puis je vous promets que ce n'est
pas simple, ça fait que je suis là-dessus.
Bien, M. le Président, moi, ça va pour les
questions, puis merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. Donc, on poursuit avec l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Merci beaucoup, M. le Président. Merci à vous de venir partager votre
mémoire avec nous. 333 membres, c'est ça quand même beaucoup. Vous représentez
donc la majorité des... des agriculteurs au Québec.
Mme Baba-Khelil (Amina) : En
fait, ce sont... c'est 333 titulaires de permis. C'est l'information que
nous avons de la Régie des alcools.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K. D'accord.
Mme Baba-Khelil (Amina) : C'est
une statistique de la régie.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:C'est
intéressant. Puis est-ce que ça, ça représente presque l'ensemble du territoire
opérationnel du Québec ou...
M. Doyon (Paul) : Bien, c'est
les gens qui sont distribués dans toutes les régions, là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. Excellent, excellent. J'ai... j'ai deux, trois questions, mais il y
en a une qui... qui revient à la... à la livraison, là, de par... de par un
tiers. Donc, vous trouvez que l'idée qui est proposée de... d'avoir un genre de
coop, là, de livraison, c'est une bonne idée. Mais, dans le fond, est-e que
vous préféreriez, parce qu'il y a des gens en région, ça serait plus facile
pour eux de pouvoir simplement livrer avec FedEx, par exemple? Let's go! Puis
on... Donc, l'argumentaire est plus on est loin des centres, moins le concept
fonctionne, c'est ça que vous nous dites un peu?
Mme Baba-Khelil (Amina) : Oui,
puis parce que, là, ce que le projet de loi propose, ce serait justement d'être
des producteurs qui sont côte à côte, on va dire ou à proximité. Donc, on va un
sous-traiter cette livraison-là. Mais on se retrouve dans des situations
parfois, où on est au Lac-Saint-Jean, eh bien, vous savez, le voisin d'à côté,
il est peut être à 100 kilomètres ou 150 kilomètres. Alors, comment
faire pour faire cette sous-traitance-là? Ce n'est pas... ce n'est pas... ce n'est
pas logique. Je vous dirais qu'en Montérégie ou bien en Estrie où les
producteurs ou les titulaires sont voisins, il y a cette possibilité-là, et
encore dans le sens où c'est un métier. Et on s'entend que si nous sommes deux
ou trois, puis on va déléguer cette sous-traitance à une personne, bien, c'est
de la logistique quand même pour l'entreposage, pour le transport. Il y a toute
la question de la... des assurances, la responsabilité. Il arrive un accident,
il arrive des dommages ou quoi que ce soit, à qui incombe cette
responsabilité? Bien que je comprends que, dans le projet de loi, il y a
possibilité d'avoir des contrats. Mais tout ça, c'est un métier en soi qui se
rajoute à celui du métier de producteur et du métier de transformateur. Alors,
on se dit que d'avoir la sous-traitance à un tiers, c'est ça vraiment qu'on
demande, ce serait plus intéressant pour que le producteur ou le transformateur
se focusse, excusez l'expression, sur son métier essentiellement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui, je suis d'accord avec vous. Je pense que les... que les producteurs
puissent se concentrer sur leur... leur quotidien, c'est probablement mieux. Ma
question en fait en est une peut-être aussi de concurrence dans le sens que,
quand on est obligé d'avoir un service partagé, il y a comme un partage d'information
qui vient avec. Mes clients, ils habitent à telle adresse, telle adresse,
telle adresse. Et là, le producteur d'à côté, soudainement, il aurait la liste
des clients de son voisin, puis il y a tout ça. Est-ce que... est-ce que c'est
quelque chose que vous, vos gens, M. Doyon ou Mme, est-ce qu'ils vous en ont
parlé en termes de sécurité de l'information concurrentielle?
M. Doyon (Paul) : On n'a pas
entendu parler de ça, là, dans le sens que ces gens-là, c'est souvent une communauté
qui... qui se partage plein de... de techniques, plein de données. Ce n'est pas
quelque chose que... qu'on a entendu. Et puis pour ajouter à ce qu'on disait
tout à l'heure, c'est sûr, quand on est dans un... dans un coin où est-ce que c'est
que la prospérité attire la prospérité, là, puis tout le monde... il y en a
plusieurs dans une région qui vont... qui vont faire ce genre de production là,
bien, celui qui est à l'autre bout du territoire, lui, il risque de ne pas
avoir accès aux mêmes marchés que les autres parce que la distance fait en
sorte qu'il faut qu'il déplace ses produits puis, s'il pouvait le confier à
quelqu'un d'autre, des spécialistes dans le transport, bien, ça serait aidant
pour lui.
M. Doyon (Paul) : Ce qui est
dans le projet de loi, c'est excellent, mais ça pourrait être aidant pour ces
gens-là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui, je le comprends. C'est vraiment un problème pour ceux qui sont en
région, n'ayez aucun doute là-dessus...
M. Doyon (Paul) : ...mais ça
pourrait être davantage aidant pour ces gens-là.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys) :
Oui, je le comprends, c'est vraiment un problème pour ceux qui sont en
région. N'ayez aucun doute là-dessus, c'est... plus tu es éloigné, plus c'est
difficile, c'est certain. Mais il y a quand même un enjeu de concurrence que je
ne suis pas certain de... qu'on habille comme il faut, là, parce qu'il y a
comme de l'information qui peut être vue à gauche et à droite — je ne
le sais pas, je dis ça de même — versus y aller... chacun puisse
faire livrer par un tiers où est-ce que chacun négocie un contrat de livraison
avec un fournisseur : sa job, c'est de faire ça, c'est un contrat, il y a
une... un contrat légal de garder l'information entre nous, là. Je me posais
la question pour votre opinion. Mais je pense que je comprends votre opinion
sur le sujet.
Je veux vous parler de l'eau. J'ai trouvé
ça intéressant... Ce matin, on a entendu parler la Fédération des chambres de
commerce, là, du Québec, qui nous disait grosso modo une vue un peu, en fait,
directement opposée à la vôtre, là, dans le sens que pour eux, tous devraient
avoir accès à l'eau de façon égale, il n'y a pas de priorité en tant que telle.
Je vous entendais dire que, bon, O.K., c'est important, ça nous prend de l'eau
pour faire croître les ingrédients qui vont dans la bière et tout, là, ça prend
de l'eau aussi pour la transformer.
C'est quoi, là, l'échelle de priorités
pour vous, là? Parce que, si... Supposons que le marché où est-ce que l'orge va
s'en aller, il n'est pas capable de le processer, bien, il va falloir que vous
trouviez un marché alternatif. Ça fait que je me pose la question. Il me semble
que l'eau, elle est nécessaire dans les deux côtés de l'équation. Là, je veux
comprendre qu'est-ce qui est... qu'est-ce qui fait en sorte que vous, vous
voyez une priorité pour les agriculteurs.
Mme Perron (Justine) : Bien,
l'agriculture, aussi, c'est quand même assez large aussi, donc c'est certain
que là on peut inclure la production agricole, mais aussi la transformation
en... quand c'est de façon accessoire aussi, là. Donc, c'est certain que la
priorité d'usage... c'est nécessairement qu'il y a des conflits d'usage aussi.
Donc, c'est pour ça que dans... la Loi sur la qualité de l'environnement
priorise l'accès en eau pour la population. Mais, nécessairement, il faut avoir
une priorité pour l'agriculture, parce que c'est... comme on l'a mentionné,
c'était... c'est un besoin essentiel, s'alimenter. Donc, à la base, c'est pour
ça qu'on priorise la production de matières premières, mais nécessairement les
industries d'agriculture connexes vont pouvoir aussi en bénéficier, là. Ça
dépend aussi comment les tribunaux vont l'interpréter par la suite, là, puis le
ministère de l'Environnement.
• (15 h 40) •
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Mais donc... Donc, vous, ce que vous dites,
c'est que, si on reste dans l'agriculture et la transformation connexe, on est
au même pied d'égalité?
Mme Perron (Justine) : C'est...
Ça va dépendre justement de la façon dont le ministère de l'Environnement va
vouloir interpréter ça. Mais nous, dans la mesure où nos producteurs sont
priorisés dans l'usage de l'eau, c'est dans cette voie-là qu'on va aller.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Oui. Je peux comprendre que, bien, il y a
peut-être des industries qui peuvent être consommateurs d'eau qui pourraient
potentiellement être mises sur pause si on n'est plus capable de nourrir le
Québec, là. Ça, je le vois tout à fait, là, je n'ai pas d'enjeu avec ça. C'est
juste que j'essaie de voir, dans le contexte de la conversation qu'on avait
pour justement les microbrasseurs, pour ceux qui font du cidre, etc., j'essaie
de voir pourquoi il y aurait une priorité un pour l'autre, là. Je le vois, que
c'est peut-être plus important dans l'ensemble de l'agriculture en général.
Mais, dans la transformation des produits, que l'agriculture n'a que ce
débouché, moi, je ne le vois pas, je... C'est juste... C'est un peu ça,
l'enjeu.
Puis en fait, l'autre question que j'ai
pour vous, c'est plus...
Combien de temps qu'il me reste, M. le
Président?
Le Président (M. Allaire) : Quatre
minutes.
M. Beauchemin : O.K. On le
voit à chaque été, il y a des villes et des villages au Québec qui, à un moment
donné, pendant la saison estivale, ils manquent d'eau, puis c'est... gestion
municipale des infrastructures, souvent... plus souvent qu'autrement, là, qui
est à blâmer. Mais, chose certaine, c'est que ça arrive. Mais, dans
l'agriculture en tant que telle, est-ce que vous avez déjà remarqué, ou est-ce
que vous remarquez une tendance où est-ce qu'il y a du manque d'eau de façon
régulière, récurrente?
M. Doyon (Paul) : Bien, c'est
sûr qu'il y a... on a eu des années où qu'il y avait des canicules, certaines périodes
de canicule pendant l'été où est-ce qu'on a pu sentir... Mais, de la façon que
les producteurs agricoles gèrent l'utilisation de l'eau, bien, par des systèmes
mieux adaptés, des périodes dans la journée pour faire de l'irrigation ou ne
pas en faire, bien, ces gens-là sont vraiment à la fine pointe, là, de tout ce
qui existe comme technologies pour économiser l'eau. Et puis on parle
d'irrigation, mais on parlait tantôt de lavage au niveau des légumes, de
l'abreuvement au niveau des troupeaux, que c'est... puis ça, c'est souvent
alimenté par... Dans bien des municipalités...
M. Doyon (Paul) : ...puis ça,
c'est souvent alimenté par... dans bien des municipalités, c'est des puits
privés que les producteurs ont sur leurs entreprises, là, ce n'est pas tout le
temps relié au réseau d'aqueduc de la municipalité, là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui. J'essaie de mettre en perspective des fois... Excusez-moi.
Mme Baba-Khelil (Amina) : Je
voulais juste dire, en complément, moi je me souviens, en 2017, 2018, il y
avait, dans la région du Bas-Saint-Laurent où... qu'on appelle la bergerie du
Québec, il y avait un gros problème justement de sécheresse et donc les
producteurs devaient aller chercher de l'eau ailleurs pour pouvoir abreuver le
troupeau. Donc, c'est des situations avec les changements climatiques qui
risquent, dans l'avenir, de survenir quoi.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Moi, je suis un gars, ça fait que j'essaie souvent de mettre des
références, des comparables pour essayer de voir comment qu'on se comporte,
nous, par rapport à d'autres juridictions, puis j'essaie de voir comment que le
Québec, dans le cas présent, de la consommation de l'eau pour sa production
agricole, comment qu'on est par rapport à, disons, l'Ontario actuellement. Ça,
c'est une statistique que vous, vous avez?
M. Doyon (Paul) : On n'a pas
ça, mais on peut vous la faire parvenir.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Mais j'apprécierais. Je suis vraiment curieux de ces affaires-là. Il y a
autre chose que je voulais voir, c'est...
Mme Perron (Justine) : Oui.
Votre question, juste... c'est simplement comment que les autres provinces,
dont l'Ontario, font la priorisation de l'agriculture au niveau de
l'approvisionnement en eau?
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys)
:
Oui. Puis, plus simplement, en fait, c'est qu'il y a un bassin déterminé
d'autres sources naturelles au Québec, là, que je ne me souviens plus c'est
quoi, le chiffre, c'est un chiffre gigantesque d'hectolitres, là,
39 milliards d'hectolitres, ou quelque chose comme ça, je pense, j'avais
déjà entendu, qui est renouvelable, donc, année après année, évidemment. Quelle
est l'utilisation optimale pour l'agriculture là-dedans? Par rapport à
l'Ontario, ça a l'air de quoi? Par rapport à l'Ontario, est-ce que le Québec
est plus optimal dans sa consommation d'eau, moins optimal dans sa consommation
d'eau, etc.? Dans le contexte où est-ce qu'on le sait... on a 3 % des
réserves mondiales de l'eau au Québec. Donc, on devrait théoriquement... pour
nous, en tout cas, pas en manquer, mais il peut y avoir des réallocations
temporaires, là, mais ce serait intéressant. J'essaie de comprendre combien
d'eau, finalement, l'agriculture que vous mentionnez ici, là, sous votre
gouverne utilise par année.
M. Doyon (Paul) : On pourra
vous trouver ces chiffres-là. Mais je répète qu'au niveau agricole, là, toutes
les gouttes d'eau sont comptées. Il y a maintenant toutes sortes de façons
d'abreuver les animaux pour faire en sorte d'économiser l'eau, qu'il n'y en ait
pas, de gaspillage, parce qu'au niveau des élevages, mais dès qu'on gaspille de
l'eau, ça fait davantage de lisier à disposer.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Malheureusement, ça met fin à cette partie de l'échange avec l'opposition
officielle. Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre exposé. Avec le peu de temps que j'ai,
j'aimerais vous entendre un peu plus sur votre... le troisième volet de votre
mémoire, qui veut encourager des mesures pour l'achat local, vous faites
référence, entre autres, à utiliser des leviers existants pour l'acquisition
des biens et matériaux de construction québécois par les différents ministères
et institutions. J'aimerais ça vous entendre un peu plus. Est-ce que vous
sentez qu'on fait déjà assez ou peut-être il faut en faire plus dans nos
contrats publics pour s'approvisionner en biens au Québec?
M. Doyon (Paul) : Mais on
parle souvent de cibles à atteindre. On aimerait... on aimerait autant... on
aimerait davantage avoir les indicateurs, tu sais, on y arrive-tu, c'est-tu es
en progression, comment on pourrait faire mieux? C'est surtout là-dessus qu'on
souhaite que ce soit un peu différent.
Mme Baba-Khelil (Amina) : Pour
compléter, peut-être, parce qu'il existe déjà la SNAAQ, la Stratégie nationale
en approvisionnement du Québec. Et puis là-dessus, justement, les cibles, ce
qu'elles visent c'est, en fait, que ce soit 85 % des institutions publiques
se dotent d'une cible. Mais, à l'heure actuelle, nous, on se pose la
question : Est-ce que... C'est bien beau d'avoir une cible, mais elle est
de combien? Est-ce qu'elle a été atteinte? Et puis est-ce qu'on peut
l'améliorer dans le futur et dans le temps? Puis l'autre élément, aspect qui
est important, c'est qu'il y a déjà des leviers qui existent. Est-ce qu'ils
sont déjà utilisés pour, justement, accroître cet approvisionnement en
provenance... des produits en provenance du Québec, pour que ce soit de plus en
plus acheté par les institutions? Parce que l'État doit faire justement... doit
donner l'exemple. Voilà.
Mme Zaga Mendez : Oui. C'est
un sujet qui m'intéresse beaucoup, en plus qu'on est en train d'encourager tout
le monde à acheter local, acheter local. Quel est...
Mme Zaga Mendez : ...avez-vous
cette donnée-là - moi, j'ai regardé - quelle est la proportion d'aliments
québécois qu'on achète, par exemple, dans une... publique? Au-delà des cibles,
parce que tout le monde a des cibles, c'est bien beau, mais le résultat, on est
à combien à peu près?
Mme Baba-Khelil (Amina) : Sincèrement,
j'aurais aimé, comme vous, avoir cette information-là, mais, malheureusement,
nous n'avons pas cette donnée.
Mme Zaga Mendez : Donc, on
n'a pas... on n'est pas capable de voir combien, en termes d'approvisionnement
d'aliments québécois, on est rendu, en termes de résultat.
Mme Baba-Khelil (Amina) : C'est
ça, parce qu'il n'y a pas de cible par rapport à ça, parce qu'il n'y a pas, justement,
d'indicateurs qui sont mesurables et quantifiables, qui nous permettent de
savoir on est rendus où, et puis est-ce qu'on les a atteint ou pas. Et c'est
vraiment ça que notre point se situe.
Mme Zaga Mendez : Merci. Il
me reste peut-être...
Le Président (M. Allaire) : Une
minute.
Mme Zaga Mendez : Une minute.
Je vais parler des aliments, mais on entend aussi matériaux de construction, on
entend le bois. Vous avez des producteurs de bois, j'imagine que c'est une
demande de leur part, également, d'être capables de vendre dans les
constructions non résidentielles au Québec.
M. Doyon (Paul) : Absolument.
C'est les producteurs... La forêt du Québec a une grande qualité au niveau du
bois de construction. Et c'est bien entendu que les producteurs de bois, les
producteurs... l'UPA, l'Union des producteurs agricoles, qui représentent aussi
les gens de la forêt privée, bien, qu'on souhaite qu'il y ait davantage de
produits forestiers dans la construction des bâtiments publics.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Verdun. Ça met fin aux échanges. Merci à vous trois pour
votre belle contribution à cette commission. Vous saluerez votre président qui
est un fier agriculteur de Maskinongé, quand même, et qui doit avoir quand même
beaucoup de travail actuellement, on le sait, avec ce qui se passe avec nos
voisins du Sud. Honnêtement, merci pour votre contribution.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants pour permettre au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 53)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes maintenant avec le Conseil de la
transformation alimentaire du Québec. Donc, vous avez un exposé, là, de
10 minutes. Je vous laisse le soin de vous présenter. La parole est à
vous.
M. Lambert (Vincent) : Merci
beaucoup, M. le Président. Distingués membres du comité, je m'appelle Vincent
Lambert et je suis le directeur des Affaires publiques et gouvernementales du
Conseil de la transformation alimentaire du Québec, le CTAQ. Le CTAQ est une
consolidation des forces de l'industrie alimentaire représentant plus de
600 membres qui sont répartis dans 14 associations sectorielles. Par
ailleurs, la transformation alimentaire est le premier secteur manufacturier en
importance au Québec, avec des livraisons manufacturières de
40 milliards de dollars par année. Il joue également un rôle crucial
dans l'atteinte des objectifs d'autonomie alimentaire, puisque les
transformateurs alimentaires du Québec transforment près de 70 % de la
production agricole de la province. Je suis accompagné aujourd'hui par
M. Géraud Bonnet, co-propriétaire de la ferme apicole Desrochers, située à
Ferme-Neuve. M. Bonnet était également un membre du CTAQ et vice-président
d'une de ses associations sectorielles, l'Association des producteurs
d'hydromel et d'alcool de miel du Québec. En plus de cette dernière, le CTAQ
représente aussi l'Association des producteurs d'Acer du Québec, l'Acer étant
le vin d'érable, l'Association des négociants embouteilleurs de vin ainsi que
l'Union québécoise des microdistilleries. Le projet de loi n° 85 revêt
donc une importance toute particulière pour notre organisation. Nous vous
invitons d'ailleurs à aller consulter les mémoires respectifs de chacune de ces
associations. Je vous remercie de nous accorder aujourd'hui l'opportunité de
prendre la parole et de vous partager nos commentaires.
Le secteur québécois des boissons
alcooliques est un fleuron de notre identité et de notre économie, porté des
entrepreneurs passionnés et innovants. Dans un contexte d'incertitude
économique, il est impératif d'adapter notre réglementation afin de garantir la
compétitivité de nos producteurs et de renforcer nos marchés intérieurs. Nous
saluons la volonté du gouvernement de moderniser la réglementation, mais il est
essentiel que cette démarche aille plus loin et aboutisse à une réforme plus
ambitieuse. Abordons sans plus tarder les mesures annoncées dans le projet de
loi n° 85. Le CTAQ tient à souligner trois éléments essentiels de notre
mémoire qui doivent retenir votre attention.
Premièrement, la sous-traitance de la
livraison des boissons alcooliques doit impérativement être élargie aux
entreprises spécialisées en transport et en logistique. Il est aberrant que nos
producteurs soient contraints à des options restreintes alors que des boissons
alcooliques provenant de l'extérieur puissent être livrées ici via des
transporteurs. Priver nos producteurs de solutions logistiques modernes revient
à freiner leur compétitivité et à brider tout un pan de notre industrie. Nous
devons permettre à nos boissons alcooliques de circuler aussi librement que
celles en provenance de l'étranger.
Deuxièmement, le CTAQ demande que
l'exemption du marquage par timbre prévu dans le projet de loi pour la bière
des microbrasseries soit étendue à l'ensemble des boissons alcooliques
fermentées. Maintenir cette exigence pour certains tout en l'abolissant pour
d'autres crée une incohérence réglementaire, et c'est ce qu'on essaie de
corriger ici. D'autant plus que certains produits comme les cidres industriels
de moins de 7 % en sont déjà exemptés. Accorder cette exemption aux bières
de microbrasserie est un pas dans la bonne direction, et nous le supportons,
mais il est impératif d'aller plus loin. L'équité et la cohérence réglementaire
exigent que cette mesure doit être élargie à l'ensemble des boissons
alcooliques. Mon collègue pourra développer plus en profondeur sur ce point
dans quelques instants pour les implications plus directes sur son entreprise.
Finalement, nous appuyons sans réserve la
mesure qui autorise enfin la notion de double permis de fermentation et de
distillation pour les boissons alcooliques à base de céréales. Cette avancée
permet aux producteurs de posséder simultanément un permis de production
artisanale de spiritueux de céréales ainsi qu'un permis de brasseur industriel
ou de producteur artisanal de bière. Il s'agit d'une correction nécessaire à
une incohérence réglementaire qui pénalisait injustement ces producteurs. La
notion de double permis était déjà... est déjà reconnue pour toutes les autres
catégories de boissons alcooliques. Donc, les producteurs de vin peuvent
dissocier leur marc de raisin, même chose dans la pomme pour des spiritueux ou
des eaux-de-vie de pommes. Il était donc illogique pour les producteurs de
céréales, comme les fermes brassicoles qui produisent de la bière, de ne pas
pouvoir également dissocier leurs céréales pour faire, par exemple, des
whiskys.
Maintenant, j'aimerais prendre deux
minutes pour vous communiquer ceci. Si le projet de loi n° 85 marque une
avancée, les mesures qu'il propose restent modestes et ne suffisent pas à
moderniser le secteur. Nos producteurs de boissons alcooliques fermentées et
particulièrement nos producteurs de boissons alcooliques distillées, donc tous
les spiritueux et les alcools forts, réclament depuis trop longtemps une
réforme en profondeur...
M. Lambert (Vincent) : ...qui
leur permettrait d'exploiter pleinement leur potentiel de croissance. La
législation qui encadre l'alcool au Québec demeure rigide, complexe et parfois
déconnectée des réalités actuelles du marché, un marché qui a énormément évolué
dans les dernières années. Les différentes associations du secteur ont consacré
temps et efforts à formuler des propositions pragmatiques et peu coûteuses,
voire profitables pour l'État. Trop souvent, nos demandes, pourtant légitimes,
sont restées sans justification convaincante. Cette inertie est d'autant plus
préoccupante que la nécessité d'une refonte réglementaire est reconnue par un
large éventail d'acteurs économiques et de titulaires de charges publiques, et
surtout dans le contexte économique actuel.
Nos associations demandent aux
gouvernements d'engager une réforme en profondeur du cadre législatif régissant
la production et la commercialisation des boissons alcooliques non pas par des
allègements réglementaires ponctuels, mais par un projet de loi dédié à notre
secteur. Nous sommes conscients que le secteur des alcools est unique, un
écosystème extrêmement complexe, impliquant de multiples enjeux. Toutefois, sa
complexité ne doit pas être un frein à l'évolution nécessaire de l'industrie.
Au contraire, elle doit être abordée avec une vision structurante et ambitieuse
qui permettra d'adapter la réglementation aux réalités actuelles du marché et
aux besoins des entreprises. Cette refonte doit être menée en concertation avec
les associations d'entreprises du secteur et l'ensemble des ministères
concernés afin de garantir un cadre réglementaire moderne, cohérent et propice
à la croissance de notre industrie. Je vous remercie pour votre écoute. Je
laisse mon collègue bonifier sur le projet de loi n° 85.
M. Bonnet (Géraud) : Bonjour
à tous. Bien, c'est sûr, je vais plus aborder le côté un peu plus producteur et
la façon dont les modifications nous affectent ou pas. Tu sais, c'est sûr que
dans les... je reviens juste sur les trois principales qui sont le timbre, tout
ce qui est livraison par un tiers, et on a un point qui n'est pas abordé par le
projet de loi, qui est aussi l'accès aux marchés publics pour nos produits
agricoles distillés sur permis artisanal.
Donc, d'abord pour le timbre, en fait,
c'est quand même quelque chose qu'on pratique au quotidien. Ça fait 17 ans
qu'on a repris la ferme apicole avec ma conjointe, mes beaux-parents avaient la
ferme depuis presque 40 ans, donc ça fait 40 ans qu'on timbre. Ce
qu'il faut vraiment avoir prendre conscience c'est que ce n'est pas juste
mettre un petit timbre qui... Ceci dit, en passant, en plus, jusqu'à il y a
deux ou trois ans était un gros timbre qu'on devait décoller un par un qui nous
prenait énormément de temps, c'est aussi remplir un registre, et ce registre
prend à peu près cinq fois plus de temps que le temps de mettre le timbre sur
la bouteille. Donc, pour nous, j'ai résumé un petit peu le timbre il est
d'abord illégitime, il est inutile, inefficace, insidieux, improductif et
injuste.
• (16 heures) •
Il est illégitime parce qu'il y a une loi
qui a été votée le 2 juin 2020 qui abolit le timbre par l'Assemblée
nationale. On sait que depuis ce temps-là, la Régie des alcools a demandé
une... une... en tout cas, un temps de réflexion pour son application. On ne
sait pas où est-ce que.... Bien, pour moi, personnellement, je ne sais pas où
est-ce qu'en est cette réflexion. On n'a pas eu de bilan de savoir si un
système alternatif avait pu être trouvé. Il est inutile parce qu'en fait les
droits spécifiques ont été... ont disparu. Il n'y a aussi pas vraiment de
logique. Enfin, le timbre ne protège pas, voyons, un achat dans hors réseau de
nos produits alcoolisés agricoles. Admettons que, mettons un un bar irait
s'approvisionner au Vermont, dans l'État de New York, d'un hydromel du Québec.
Ça, ce n'est pas vraiment... ça ne se peut pas vraiment. Il est inefficace
parce que finalement le timbre est falsifiable. Ce n'est pas un billet de
banque. Il n'est pas infaillible non plus, il peut se décoller. Et aussi il ne
permet pas le contrôle de la réutilisation de bouteilles. Par exemple, on a
des... mettons, si on parle de trafic interlope, on irait reremplir des
bouteilles et qu'on pourrait représenter au bar, que la bouteille soit timbrée
ou pas, les bouteilles pourraient être reremplies, ça n'a pas de lien. Il est
insidieux parce qu'au final on en a... Je pense que la microbrasserie en ont un
peu parlé ce matin, mais ce qu'on vient pénaliser, c'est les erreurs de
timbrage ou les erreurs de livraison comme dans les livreurs vont aller livrer
soit des produits pour les épiceries, soit des restaurants, ça se peut qu'il y
ait des fois des erreurs qui... qui se passe. Ça se peut aussi qu'on oublie de
mettre un timbre sur une bouteille dans une caisse de six. Je pourrais vous en
parler, on a des exemples très concrets. Puis on voit aussi que parfois ça peut
être de l'acharnement administratif, comme dans le cas des microbrasseries
avant la période de Noël. Il est improductif parce que c'est une charge
importante en temps et aussi exigeante parce qu'il faut vraiment remplir... Par
exemple, on doit aller indiquer sur nos registres le numéro de permis de
l'établissement destinataire, donc il faut le connaître. Si on ne le connaît
pas, il faut aller le chercher. Il est aussi injuste parce qu'à notre
connaissance il n'y a aucune autre province ou aucun autre État qui a ce
système de timbrage. Ce qui... ce qui induit en fait une concurrence déloyale
pour nos produits puisque les produits importés sont timbrés par la SAQ et non
par les producteurs. Et puis il y a bien sûr des exemptions au marquage pour
certains produits et il y a aussi des exemptions au registre. Les
microbrasseries...
16 h (version non révisée)
M. Bonnet (Géraud) : ...marquage
pour certains produits et il y a aussi des exemptions au registre. Les
microbrasseries, par exemple, n'avaient pas de registre à tenir, contrairement
aux producteurs agricoles. Donc, on salue vraiment le travail du gouvernement,
qui semble avoir fait la même analyse que nous puisqu'il le supprime pour les
microbrasseries.
On regrette que ce travail ne soit pas
achevé et qu'il ne s'adapte pas aux produits agricoles. Et, quelque part, on se
demande aussi pourquoi puisque finalement la traçabilité du champ au restaurant
est beaucoup plus facile à prouver. On a aussi des volumes qui sont beaucoup
moindres, donc ce n'est pas... Tu sais, avec des plus petites quantités à
contrôler, on peut très bien fournir par exemple l'ensemble des factures. On
est... Tu sais, on est au XXIe siècle, donc toutes nos factures sont
informatisées, les restaurants aussi, leurs... les MEV pour pouvoir contrôler
la traçabilité. Donc, il y a... pour nous, il y a d'autres moyens de vérifier
la traçabilité. Donc, on demande bien sûr que l'exemption du timbre... que ce
soient le registre et l'application du timbre pour tous les produits agricoles
artisanaux.
La livraison par un tiers. Là aussi, on
salue l'ouverture du sujet par le gouvernement. Obliger les producteurs
agricoles à livrer eux-mêmes est une forme de barrière interne qui empêche d'être
efficaces sur le plan à la fois économique mais aussi environnemental. Quand c'est
tous les petits producteurs qui partent avec leur véhicule pour aller livrer,
il n'y a pas vraiment d'optimisation. Alors que, par exemple, les entreprises
logistiques passent tous les jours devant chez nous et pourraient très bien
prendre quelques caisses de plus pour les... pour les enlever... les amener à
destination. C'est aussi une forme d'exclusion du développement économique
moderne qui est basée sur la facilité de logistique de transport et de délais
de livraison plus courts. Donc, on se retrouve, nous, les producteurs
agricoles, exclus par le fait qu'on ne peut pas utiliser ces services-là.
C'est aussi une injustice parce que, comme
l'a dit mon collègue, d'autres provinces ont permis à leurs producteurs d'utiliser
des entreprises spécialisées. Et d'ailleurs, une partie d'entre elles livrent
jusqu'au Québec en toute impunité, donc il y a un déséquilibre qui se fait.
Donc, pour nous, bien, c'est un pas, je
dirais, de bébé tortue quand nos voisins avancent à pas d'éléphant. Je suis
vraiment désolé, mais c'est la façon dont on... dont on le voit. Concrètement,
il n'y a pas vraiment... c'est un gain qui reste théorique dans la pratique.
Surtout dans les régions éloignées, c'est vraiment... bien, c'est... il n'y
aura pas... ce ne sera pas vraiment applicable. On pourra... Je pourrai vous
en... détailler un petit peu plus pourquoi dans les questions.
Finalement, pour la vente de spiritueux
agricoles sur les marchés publics, bien, en fait, chez nous, à l'Association
des hydromels du Québec, on est plus de 40 % de nos membres qui distillent
leurs propres hydromels, donc qui font des alcools forts à base de leurs
matières premières. C'est une diversification qui est très importante pour
nous.
On reste un produit qui reste... qui est
marginal. Donc, beaucoup de nos membres, leur stratégie est axée sur l'agrotourisme.
Et donc les marchés publics font partie de cet axe-là. Et donc, en fait, ce qui
se passe à l'heure actuelle, c'est qu'il y a une interprétation que, je dirais,
subjective par le personnel de la... de la directive des marchés publics. Donc,
l'interprétation subjective de la... est que les producteurs agricoles ne
peuvent pas amener leurs alcools distillés par leurs propres matières
premières, alors que ce n'est pas écrit dans le texte. Donc, on demanderait à
ce que cette interprétation subjective soit changée par quelconque moyen, mais
qu'on puisse avoir en fait que les producteurs... les producteurs agricoles
puissent aller sur les marchés publics avec leurs hydromels, leurs eaux-de-vie
de miel distillées par leurs propres matières premières.
À ce titre-là, les marchés publics, pour
nous, c'est quand même très important que ce soit accessible pour les
producteurs agricoles. C'est... C'est... C'est... Quand on voit toutes les
autres contraintes qu'on a sur la distribution, on n'a pas droit à avoir des
distributeurs, contrairement à d'autres produits... boissons alcoolisées. Les
marchés publics, c'est une de nos extensions de... c'est vraiment compris comme
une extension de lieu de vente à la ferme. C'est vraiment ça, de cette
façon-là, dont c'est conçu. Donc, on y tient. Voilà. Puis je serais bien sûr
disponible pour les questions.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci. On a impacté le temps de la partie gouvernementale. M. le ministre,
vous avez à peu près 13 minutes.
M. Skeete : C'est beau. Merci
beaucoup. Merci pour l'exposé.
Parlez-moi du registre. Là, on parle du
registre pour les permis artisanaux. Go!
M. Bonnet (Géraud) : Bien, c'est
dommage, j'avais prévu de vous amener un registre pour que vous le voyez bien.
En gros, on doit remplir une ligne par bouteille timbrée. Cette ligne, on doit
remplir les informations : un, le numéro de timbre qu'il y a sur notre...
M. Bonnet (Géraud) : ...2°
la date à laquelle on expédie le produit; 3° le nom du produit; 4° le format,
est-ce que c'est 750 ml, 500 ml; ensuite le numéro de lot. Ensuite,
on indique le destinataire, donc, mettons un restaurant X, et ensuite on doit
marquer son numéro de permis. Donc là, soit il faut le demander au client, soit
il faut qu'on aille chercher sur le site de la RACJ pour trouver son numéro de
permis, la première fois où, bien sûr, on fait affaire avec lui. Et ensuite on
indique le numéro de facture. Donc, en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est
qu'il y a donc une ligne par bouteille. Chez nous, on est une... on est... on
reste une petite... un petit producteur de boissons alcoolisées. On fait autour
de 20 000 bouteilles et on en vend entre 25 % et 50 % de
nos bouteilles en restaurant. Donc on peut estimer que c'est à peu près
10 000 lignes qu'on remplit à la main. À ma connaissance, le seul
contrôle qui est réalisé par la RACJ, c'est de vérifier que le dernier terme
qui est inscrit dans le registre est le précédent de celui qu'il y a sur notre
rouleau. Voilà. En 40 ans, on n'a jamais... En fait, on ne nous a jamais
demandé notre registre pour l'analyser. Quand la RACJ vient chez nous, elle
nous demande s'il est présent. Oui, il est là. O.K. C'est bon. On passe au
suivant.
Donc, en fait, c'est des heures et des
heures qu'on a accumulé sur 40 ans pour finalement, bien, ne pas vraiment
être utile. Les seules fois où j'aurais pu penser qu'il était utile, par
exemple, j'ai un cas très concret où on avait timbré nos bouteilles de 12 pour
un bar et, en fait, comme les timbres, je disais, ne sont pas infaillibles, en
remettant la bouteille dans la caisse, le timbre s'est collé sur le carton sans
qu'on puisse s'en apercevoir. Le restaurant, quelques semaines plus tard, s'est
fait contrôler par la police. Bien sûr, on voyait le timbre dans la caisse,
mais la bouteille n'était pas timbrée. On a eu beau fournir... Justement, on
s'est dit, là, le registre va pouvoir être utile. On va pouvoir lui montrer que
les autres bouteilles qui sont dans la caisse sont dans la même série, que le
timbre qui est collé serait celui qui s'est décollé. Le restaurant a quand même
été pénalisé et, bien sûr, a dû fermer, je pense, pendant trois jours. Donc
c'est quand même des conséquences aussi... C'est déjà arrivé aussi que, bon, on
se trompe dans les livraisons. Un restaurant n'a pas vérifié qu'il n'y avait
pas de timbres. Bon, des histoires d'horreur, il y en a vraiment un paquet.
Donc, après ça, on essaie toujours de trouver un équilibre avec le restaurateur
pour le compenser pour le... Mais c'est sûr que c'est une erreur de timbrage.
Donc, c'est pour ça que je trouve que le timbre est utile pour identifier les
erreurs de timbrage.
M. Skeete : Qu'est-ce qui
est plus gossant? Le timbre ou le registre?
M. Bonnet (Géraud) : Le
registre.
M. Skeete : Le registre.
M. Bonnet (Géraud) : Le
thème, c'est... Comme je dis, le registre, c'est cinq fois plus de temps que
d'apposer le timbre. Ceci dit, tu sais, on ne comprend pas...
M. Skeete : Les deux...
Les deux ne sont pas bons. Ça, j'ai compris, mais...
• (16 h 10) •
M. Bonnet (Géraud) : Tu
sais, je ne veux pas qu'on rentre dans une polémique ou qu'on fasse des
exceptions, là, mais... Mais c'est vraiment le registre qui... Et aussi, comme
je l'ai expliqué, on est des... Les producteurs agricoles, on n'est pas... Il y
en a peut-être quelques-uns qui sont un peu plus gros, mais ça reste des
volumes par rapport à une microbrasserie ou à un producteur de cidre industriel
qui sont... qui n'ont rien à voir. Donc, s'il y a des exemptions, on ne
comprend pas pourquoi finalement il resterait ce reliquat imposé aux
producteurs agricoles qui sont déjà surchargés de contraintes. Tu sais, ce
n'est pas la même chose que de produire avec des produits qui viennent d'un
fournisseur ou de produire sa propre matière première. Il y a quand même une
autre contrainte qui est de gérer toutes les contraintes climatiques et les
aléas... et les aléas qui vont avec. Donc, pourquoi les producteurs agricoles
garderaient le timbre? J'espère qu'on va pouvoir... On compte sur vous en fait
pour pouvoir avoir un bel amendement là-dessus et puis qu'on puisse passer à
autre chose parce que c'est une bataille qu'on a depuis des années. Puis honnêtement,
à tous les jours, c'est très, très pénible. Et quand on est une petite équipe,
on est... Tu sais, chez nous, on est trois, là. Mais quand on doit faire une
commande, quand ça doit nous prendre la demi-journée parce qu'il faut qu'on
timbre...
M. Skeete : Moi, j'ai été
nommé ministre en 2022. Vous, ça fait 40 ans que vous timbrez. C'est quoi,
les raisons qu'on vous donne pour ce fameux registre?
M. Bonnet (Géraud) :
Bien, les raisons, on les a entendues encore cet été, hein, c'est de pouvoir permettre
à l'équipe-accès de pouvoir débarquer dans les restaurants. Donc, j'ai envie de
suggérer, si vous voulez lui laisse ce pouvoir-là, faites une loi qui leur
permet de le faire mais, tu sais, ne ne vous basez pas sur nous pour pouvoir le
maintenir en action. Après ça, je comprends aussi que, mettons, la SAQ veut
protéger qu'un restaurant puisse s'approvisionner avec, je ne sais pas, du gin
qu'il va... que le même gin qui serait disponible à la SAQ serait, aux
États-Unis, moins cher, tu sais, je comprends. Mais je comprends aussi que les
brasseurs voulaient peut-être avoir plusieurs façons de...
M. Bonnet (Géraud) : ...d'opérer
avec leurs clients, mais les autres raisons, je ne les comprends pas. Sur la
traçabilité, notamment, je ne sais pas, est-ce que la RACJ a déjà fait, ne
serait-ce que de croiser les données du nombre de thèmes utilisés vs les
déclarations qui sont faites mensuelles? Et est ce que c'est... d'écarts ou
pas?
M. Skeete : Est-ce que la SAQ
aujourd'hui sur vos produits artisanaux. - artisanaux, artisanales -
artisanales, est-ce qu'il y a une majoration qui est appliquée?
M. Bonnet (Géraud) : Si elle
vend dans son réseau, oui. Donc, si on vend à la SAQ, qu'elle le vend dans son
réseau, elle applique une majoration.
M. Skeete : Donc, la
majoration s'applique si vous vendez à la SAQ, puis ça se vend sur les
étagères, sinon, il n'y a pas de majoration. Et le registre est utilisé dans
les deux cas ou le registre...
M. Bonnet (Géraud) : Le
registre uniquement pour les ventes en restaurant. Ça aussi, ce qui est un peu
étonnant, c'est que justement pourquoi, en épicerie, on n'a pas besoin de...
rendu là?
M. Skeete : Mais, en fait,
j'y arrive, c'est que ça a du sens que, si on vend dans le réseau de
distribution de la SAQ, la majoration est perçue. Donc, un contrôle moindre est
exigé dans l'optique où est-ce que vous n'avez pas... la SAQ n'est pas
impliquée dans son monopole.
M. Bonnet (Géraud) : C'est
une majoration, mais ce n'est pas une taxe qu'elle perçoit. La même façon,
quand on voit un épicier, il va faire une majoration sur nos produits pour le
vendre plus cher en tablette. C'est une majoration de distributeur.
M. Skeete : Je veux juste
être clair sur le terme «majoration». La majoration, c'est le taux qu'on va
aller chercher, que la SAQ impose sur l'alcool versus les marges de profit, là.
Ça fait que là il y a la taxe, bien sûr, TPS, TVQ, il y a la majoration de la
SAQ. Il y a les profits qu'on va aller chercher aussi en tant que distributeur.
Mais, moi, je vous parle de la majoration de la SAQ. Donc, quand vous vendez
sur les lieux, dans votre restaurant, sur place, le registre est obligatoire,
et vous n'avez pas de majoration à facturer sur le... Dans le fond, les profits
vous reviennent au complet. Vous pouvez le vendre au même prix que la SAQ, mais
les profits... l'excédent reste chez vous, au lieu d'être envoyé à la SAQ.
M. Bonnet (Géraud) : Mais
c'est sûr que, tu sais, moi, les produits que j'envoie... en tout cas, que j'envoie
à la SAQ, bien, ils se retrouvent au même prix, au final, pour le consommateur.
M. Skeete : Oui, bien, pour
le consommateur, mais la nuance que j'essaie d'apporter, c'est que les profits
que vous générez, lorsque vous vendez sur place, sont plus élevés que lorsque
vous vendez à la SAQ. Moi, le client, je paie plus... je paie le même prix.
Mais la différence entre les deux canaux de distribution, c'est, vous, vous
empochez la différence, là, n'est-ce pas?
M. Bonnet (Géraud) : Bien, en
fait, on ne vend pas au même prix chez nous pour inciter les gens à venir chez
nous, à la ferme. Déjà, c'est un point. En fait, ce qu'il y a, c'est que le
prix de départ aussi... Mettons, quand moi je vends à une épicerie ou à la SAQ,
c'est à peu près le même, forcément, un petit peu moins cher à la SAQ, parce
que, réglementairement, la SAQ nous oblige à lui fournir le prix le plus bas
disponible au Québec. Donc, on le fait plus bas, mais c'est à peu près le même
prix.
M. Skeete : Ma question
précisément, juste pour le bénéfice de tous...
M. Bonnet (Géraud) : Donc,
chez nous, c'est sûr...
M. Skeete : ...mettons, la
bouteille, on la vend 40 $ au consommateur, la SAQ va le vendre à
40 $, vous aussi, vous allez le vendre à 40 $ sur place. Par contre...
M. Bonnet (Géraud) : Non,
mais là il faut faire une distinction, moi, je suis producteur d'hydromel, pas
d'alcool distillé, là...
M. Skeete : Je comprends.
M. Bonnet (Géraud) : ...peut-être,
il y a une confusion, là. Mais, tu sais, c'est ça, ce n'est vraiment pas la
même chose, hein?
M. Skeete : Alors, aidez-moi
à comprendre la différence de prix. Si le consommateur, pas la même chose par
les deux canaux, le profit de celui qui est vendu chez vous appartient à qui?
Est-ce que vous envoyez un chèque à la SAQ?
M. Bonnet (Géraud) : Non,
non.
M. Skeete : O.K. Ça fait que
vous empochez la différence de profitabilité dans le modèle...
M. Bonnet (Géraud) : On a des
coûts par rapport à ça. On a quand même les coûts d'une gestion d'avoir des
employés qui gèrent une boutique sur place. Donc, si on a d'autres coûts de
distribution... Dans le fond, c'est vraiment des coûts de distribution, parce
que la SAQ ne prend pas une majoration sur... elle ne prend pas une taxe. Mais
je ne sais pas ce que vous appelez comme majoration, en fait, mais elle prend
une marge de distributeur comme prend l'épicerie. Elle ne prend pas d'autre
majoration.
Donc, en fait, nous, la SAQ, elle
fonctionne comme n'importe quelle épicerie, sauf qu'on lui vend un petit peu
moins cher, parce qu'elle exige à ce que les prix soient moins chers à ce qu'on
lui propose. Voilà.
M. Skeete : Je comprends.
Dans le cas des distilleurs...
M. Bonnet (Géraud) : C'est
ça, ce n'est pas pareil.
M. Skeete : Ce n'est pas
pareil. Je comprends qu'il y a une différence. Puis, pour vous, en termes de
pourcentage, ça ressemble à quoi, la différence de prix, de profit?
M. Bonnet (Géraud) : Ah!
c'est vraiment similaire. Je te dirais que j'ai en tête que j'ai des
produits... Mettons, j'ai des canettes que je vends à la SAQ, je lui vends
autour de 3,40 $, en épicerie, je les vends 3,50 $ et, chez nous, je garde
3,55 $. Donc....
M. Skeete : C'est marginal.
M. Bonnet (Géraud) : ...on
peut en parler, mais...
M. Skeete : Je comprends, je
comprends. Je serais curieux, parce que l'essentiel de votre exposé touche
l'alcool, vous n'avez pas parlé de d'autres...
M. Skeete : ...formation
alimentaire, c'est-tu parce que tous vos membres font de l'alcool ou parce que
c'est vraiment la priorité aujourd'hui?
M. Lambert (Vincent) : Oui,
c'est vraiment la priorité aujourd'hui, il y a des notions de permis dans le
projet de loi puis de quelques éléments sur les succédanés laitiers, nous, on met
vraiment le focus sur les producteurs d'alcool, c'est une grosse base de
producteurs chez nous. Et donc, pour les questions plus précises, pour les
produits laitiers, ça aurait été, par exemple, le Conseil des industriels
laitiers du Québec qu'il y aurait eu à avoir des validations, je vous dirais.
M. Skeete : C'est tout pour
moi. Je ne sais pas si les collègues gouvernementaux ont d'autres questions.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Pas d'autres interventions? J'enchaîne avec l'opposition officielle. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin : Combien de
temps?
Le Président (M. Allaire) : Vous
avez 14... 12 min 30 s.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci, merci d'être ici. On va-tu tomber dans le... timbre,
registre, je veux dire, un n'existe pas sans l'autre, grosso modo, là.
M. Bonnet (Géraud) : ...pour
certains produits, ça a existé l'un sans l'autre. Donc, par exemple, dans les
bières, il n'y avait pas de registre.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, dans votre cas à vous, spécifique, là.
M. Bonnet (Géraud) : C'est
les deux. On a les deux, effectivement.
M. Beauchemin : D'accord. Et
puis l'objectif du projet de loi, là, c'est d'alléger ou créer un meilleur
climat d'affaires, permettre une libération un peu, là, du mode entrepreneurial
pour avoir un peu moins de paperasse, plus efficace, productivité, etc. Le
timbre, là, selon vous, là, et puis le registre dans votre cas spécifique, c'est
combien de temps dans votre quotidien?
M. Bonnet (Géraud) : C'est
sûr que mettons qu'on va préparer des commandes une fois par semaine, ça va
être... C'est sûr qu'il y a des périodes qui sont plus achalandées aussi, là,
mais ça peut représenter une demi-journée par semaine d'une personne. Tu sais,
ça peut... ça peut être ça. Et je pense que c'est pas mal le cas dans d'autres
produits artisanaux. C'est vraiment... C'est sûr que, nous, on est... à la
ferme apicole Desrochers, on travaille beaucoup avec les restaurants aussi,
donc ça... c'est quand même très important, mais, tu sais, les bouteilles,
c'est une chose aussi, mais, tu sais, on parle qu'on a fait, justement, aussi,
des canettes. Des canettes, ça fait... ça se commande par caisse de 24, donc ça
fait beaucoup de manipulation pour des canettes qui sont vendues forcément à un
prix moindre, donc ça impacte quand même vraiment nos marges de profit. Puis
c'est surtout cette exigence d'ensuite d'aller remplir le registre qui est
vraiment énergivore puis chronophage, là.
• (16 h 20) •
M. Beauchemin : Ça fait que,
dans votre cas à vous, vous parlez d'une demi-journée par semaine, ça, c'est
sans compter tout le reste de l'administration.
M. Bonnet (Géraud) : Ah oui,
ça, c'est juste pour le timbre, là, juste pour le timbre, là.
M. Beauchemin : Mais si on ne
focusse que sur le timbre puis le registre, c'est une demi-journée de semaine.
Le reste de toute la réglementation que vous devez subir, là, de façon
régulière.
M. Bonnet (Géraud) : C'est
très, très lourd. Tu sais, on a, bien sûr... Donc, il y a eu un gain, le
dernier projet de loi d'allègement, c'était de mettre les déclarations RACJ aux
trois semaines, mais, quelque part, c'était aussi un faux gain parce que toutes
les autres déclarations qu'on doit faire sont toujours mensuelles. Et, en fait,
nous, par exemple, chez nous, à la Ferme apicole Desrochers, je me basais sur
le rapport que je faisais pour la RACJ mensuel pour faire mes autres
déclarations aux droits d'accises, par exemple. Donc là, finalement, je
continue à faire mon rapport mensuel RACJ pour avoir mes données pour les
autres puis c'est juste qu'aux trois mois je compile les données des trois
derniers rapports pour l'envoyer à la RACJ. Donc, finalement, ça n'a pas été
une simplification, ça a été un ajout. À moins que, tu sais, il faudrait que
toutes les autres déclarations qu'on a à fournir soit toujours... soit aussi
mises sur un mode trimestriel. Donc, on a les déclarations d'accises en tant
que titulaire, donc producteur, on a aussi les déclarations d'accises, dans
notre cas, on fait un vermouth, donc c'est un vin fortifié, donc on utilise
l'alcool fort, donc c'est... on a aussi des déclarations là-dessus à tenir. On
a aussi, pour tous les producteurs, les... une déclaration des taxes
spécifiques pour le Québec. Ça, c'est le dernier... la dernière déclaration
qu'on a encore envoyée en papier. Je ne comprends pas ça encore. On est encore
en mode papier. Ils nous fournissent un gabarit et en plus l'adresse qui est
dessus n'est pas la bonne, donc souvent le courrier se perd. Ils nous disent
que les déclarations n'ont pas été faites, donc il faut les renvoyer. C'est un
petit peu... Celle-là, là, la déclaration spécifique, je comprends qu'elle est
peut-être utile pour... En plus, on en est exempté de taxes, donc on la remplit
finalement pour que ce soit cumulé quelque part, on ne sait pas où.
M. Beauchemin : Les
12 travaux d'Astérix, là. Moi, je suis fatiguant, là, je vais vous poser
des questions sur le nombre d'heures que ça représente pour vous, là, cet
aspect-là, on ne parle plus du timbre, on ne parle plus du registre, là, mais
le reste.
M. Bonnet (Géraud) : Mensuel,
à la fin... une fin de mois, c'est pour... c'est quasiment deux jours. Deux
jours pour être sûr de...
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
...c'est une autre demi-journée par semaine, là, ça?
M. Bonnet (Géraud) : Oui.
Exactement.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Puis là on ne parle pas, là, de tout l'aspect fiscalité...
M. Bonnet (Géraud) : Ah! On
n'a pas produit, on a... Ah! non, non, on ne fait même pas la fin d'année, même
pas les factures, là, c'est juste de faire les fins de mois, les déclarations
puis de s'assurer que tout fonctionne ensemble, qu'on a... tu sais, qu'on n'a
pas une erreur d'une déclaration à une autre, là. Donc, c'est un très gros
fardeau.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Ça fait que, dans votre cas à vous, c'est quasiment 20 % de votre
temps.
M. Bonnet (Géraud) : D'une
personne, tu sais, voilà.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Qui est mis à faire ça, là, par...
M. Bonnet (Géraud) : C'est
quasiment une barrière interne qu'on se met en plus, là. Tu sais, j'ai... bien,
je suis content que vous me parliez de... des... mais c'est vrai que l'autre
gros point pour nous, c'est vraiment la livraison par un tiers, là, qui est
vraiment pénalisante, là.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Bien, ça, c'était mon autre point, vous vouliez faire la sous-traitance de
la livraison, la livraison par un tiers. Pour vous, là, ça représente quoi,
spécifiquement, là, dans votre cas à vous, là?
M. Bonnet (Géraud) : Bien,
faire affaire avec un autre... un autre producteur artisanal comme ce qui est
permis dans le projet de loi, moi, demain matin, ça ne changera rien à ma façon
de faire. Je ne pourrai pas... ça ne pourra pas se produire, parce que le plus
proche producteur est à 150 kilomètres. Notre marché principal nous, étant
sur Montréal, il est... rendu chez lui, je ne suis plus qu'à un trois quarts
d'heure de la ville. Et puis, comme on l'a un petit peu évoqué, pour nous, il y
a plusieurs contraintes, c'est qu'un il va falloir vraiment ficeler des
conditions de travail communes. Tu sais, on l'a vu sur les... oui, sur les
assurances, mais le timbre, tu sais, on l'a, il y a... qui a été là pendant des
années pour essayer d'avoir une traçabilité. Là, bien, je ne sais pas
comment... Tu sais, on l'a, d'un seul coup, il n'y a plus de problème sur la traçabilité.
Et puis, bien, surtout, il y a une question de confidentialité. Est-ce que je
vais fournir la liste de mes clients presque à un concurrent? J'ai... Il y a
quelque chose qui... Oui, peut-être, j'ai... avec certains producteurs, je
m'entendrai, mais ce n'est pas ceux qui sont le plus proche de chez moi. Donc,
il y a cette notion-là qui n'est pas vraiment... finalement qui fait que le
projet de loi n'est pas applicable. Et, quand je disais que c'était un petit...
un pas de tortue, c'est un petit peu ça, c'est un pas, mais peut-être
quelques...
Évidemment, moi, je suis vraiment... On
est vraiment en région éloignée, puis tous les producteurs d'hydromel sont
vraiment éparpillés, ils sont en Abitibi, en Gaspésie, Bas du fleuve,
Lac-Saint-Jean. On est vraiment éparpillé partout. Les acers, c'est aussi un
petit peu le cas. Et, dans notre situation, c'est quelque chose qui va vraiment
être quasiment inapplicable.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
C'est intéressant que vous dites ça, parce qu'en fait c'était... c'était la
question que j'avais pour le groupe qui vous a précédé, il y a un enjeu de...
concurrentiel, en fait, qui est en train d'être joué, là. Ça fait que ça va à
l'encontre même du modèle d'affaires. Je ne sais pas, là.
M. Bonnet (Géraud) : Tu sais,
c'est ça, c'est difficile parce qu'admettons que je confie à un... à un autre
producteur d'aller livrer à tel client qui n'était pas son client, bien, c'est
lui qui va aller livrer mes produits, mais c'est aussi parce que ça... c'est
lui qui va aller livrer, mais qui va peut-être prendre contact, il va peut-être
prendre... qui, à la longue, si c'est toujours lui qui va le livrer, il va se
créer une relation, qui finalement, moi, je vais perdre aussi quelque chose.
Donc, il y a cette notion-là.
Il y a la notion aussi de... On parlait de
délais. C'est vrai que de faire affaire avec une entreprise tierce spécialisée,
c'est qu'on est capable de répondre aussi rapidement à une commande. Là, des
fois, il faut qu'on explique : Écoute, non, ça va être dans 15 jours
qu'on va venir livrer. Donc, tu sais, c'est... on perd quand même des ventes
avec ça, alors que, si on travaille avec des entreprises spécialisées, on
entrerait dans la modernité. C'est vraiment ce que je voulais dire, c'est qu'on
se sent un petit peu vraiment exclus de... d'une façon... bien, de la façon de
fonctionner des entreprises de transformation ou de fabrication dans n'importe
quel domaine. On est comme exclus.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Non, je comprends.
M. Bonnet (Géraud) : C'est
aussi simple que ça. Puis, quand on... en fait, j'ai l'impression que, pour
moi, ce projet... cette façon de faire, elle a été peut-être réfléchie par le
législateur à la fin des années 80, où on pensait que le producteur artisanal
n'allait faire que 1 000 bouteilles,
qu'il allait le vendre aux trois épiceries du village et aux deux restaurants,
mais on... on n'en est plus là. Et donc... et aussi, peut-être qu'à l'époque,
on imaginait que c'était une simple petite diversification d'un producteur
agricole, mais on est rendus où il y a des... on est capable de se spécialiser.
C'est vrai que, dans le cas du miel, on a encore des entreprises qui font miel
et hydromel, mais, quand on fait du vin, je n'en connais pas beaucoup qui font
du raisin et du vin. Ils font du vin. Donc, il y a... Je pense, on est pris
avec cette façon d'aborder la loi qui date d'une autre époque. Et je... voilà,
c'est un peu...
M. Bonnet (Géraud) : ...l'autre
chose aussi, c'est que, par rapport aux autres provinces, comme je le disais,
il y a une certaine concurrence déloyale puisqu'il y a d'autres provinces qui
permettent à leurs à leurs producteurs d'utiliser les transporteurs et qui
expédient même au Québec.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Mais c'est de la musique à mes oreilles, malheureuse, là, mais la musique
quand même, dans le sens que je cherche toujours à avoir un comparable par
rapport à l'Ontario, par rapport à d'autres provinces, pour qu'on voie comment
est-ce qu'on a les meilleures pratiques ici versus d'autres, là. Puis
évidemment, le timbre, c'est... c'est... c'est...
M. Bonnet (Géraud) : Il n'y a
pas de timbre en Ontario.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
...c'est spécifique, là, au Québec. La livraison du tiers, c'est un autre
enjeu, ça aussi, évidemment.
Tantôt vous donniez l'exemple, puis je
m'excuse, je n'ai pas compris si c'était un producteur de vin qu'il y avait une
bouteille dans la caisse de 12 que le timbre, il a collé. C'est-tu un
producteur de vin?
M. Bonnet (Géraud) : Oui, ça,
ça m'est arrivé à moi.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
C'était vous, d'accord. Qui qui... Qu'est-ce qui vous est arrivé? Comment
c'est arrivé? Est-ce que c'est...
M. Bonnet (Géraud) : Mais...
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Qui vous a donné une amende?
M. Bonnet (Géraud) : Ah! moi,
moi, je n'ai pas eu d'amende. C'est le restaurateur qui a eu l'amende parce
qu'il avait... il avait une bouteille qui n'était pas timbrée dans son... dans
son établissement.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K. Puis qui a donné l'amende au restaurateur?
M. Bonnet (Géraud) : J'imagine
la SQ, là, mais je ne comment ça...
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
La SQ.
M. Bonnet (Géraud) : J'avouer
que je ne sais pas.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Donc, la sécurité publique qui est impliquée dans le processus qui...
M. Bonnet (Géraud) : Bien,
parce que c'était dans la région. Ça aurait été peut-être à Montréal, ça aurait
été peut-être la moralité, mais ou le SPVM. Mais là, c'était en région donc.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
C'est quand même plate que... parce que le timbre était collé dans la
boîte, on le voyait bien, puis...
M. Bonnet (Géraud) : Exactement.
J'ai d'autres exemples aussi où il...
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Il n'y avait aucune ouverture lorsque vous aviez essayé de plaider la
cause, aucune?
M. Bonnet (Géraud) : Pour
moi, en fait, c'est que le restaurateur est allé au tribunal pour défendre sa
cause. Moi, j'ai fourni en fait une lettre qui expliquait la façon dont on
avait préparé la commande puis j'ai fourni un extrait du registre pour qu'il
puisse prouver que c'était dans la suite.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Enfin, l'utilité du registre.
M. Bonnet (Géraud) : Oui,
bien, c'est ça que je me disais, enfin il va pouvoir servir à quelque chose.
Puis non, ça n'a pas suffi, il a quand même été... il a quand même eu son
amende parce que la loi, c'est il faut que ça soit timbré, c'est tout.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Peut-être qu'on pourrait faire un amendement, que le registre pourrait donc
avoir une utilité comme ça devrait l'être effectivement. Donc, écoutez,
c'est.... Merci de partager avec nous. Peut-être une dernière question.
L'importance que vous voyez... Le potentiel de permettre de vendre de la
boisson alcoolisée dans les marchés, pour vous, ça représente quoi?
M. Bonnet (Géraud) : Dans
les... En fait, on a déjà le droit de vendre nos hydromels donc qui sont... qui
ne sont pas distillés dans nos marchés.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K.
M. Bonnet (Géraud) : Il y a
vraiment une petite... une chose qui est intéressante aussi, c'est vrai que
j'ai oublié de le dire, ça. C'est qu'on a le droit d'apporter nos... nos
hydromels qui sont fortifiés, qui sont des mistelles où on peut avoir
jusqu'à... ils peuvent présenter jusqu'à 60 % d'alcool. Donc ça, on peut
les amener à la condition que l'alcool qu'on a utilisé pour ajouter ait été
acheté à la SAQ. Si on produit cet alcool-là, nous autres mêmes avec notre
permis artisanal, donc légalement, et qu'on l'ajoute dans un de nos produits, à
ce moment-là, le produit qu'on a fait avec notre alcool, lui, on ne peut pas
l'amener. Par contre, celui qu'on a...
• (16 h 30) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Désolé de vous couper malheureusement. On enchaîne avec le deuxième groupe de
l'opposition, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. Merci au Conseil de la transformation
alimentaire vraiment pour... pour votre présentation. Il y a une partie à votre
mémoire qui on a peu parlé, c'est concernant l'accès aux marchés publics. Même
si ce n'est pas un changement législatif, vous nous dites que c'est une
interprétation d'une directive et que ça empêche à des microdistilleurs, à
micro... je veux juste utiliser les bons mots, là, des spiritueux artisanaux
avoir accès à des marchés un peu partout en région, même s'ils sont déjà bien
installés, puis le vous le disiez tantôt, qu'ils ont déjà la capacité d'offrir
ces produits-là. J'aimerais ça vous entendre un peu plus, surtout maintenant
qu'on parle tellement d'achat local puis qu'on veut encourager nos producteurs.
M. Bonnet (Géraud) : Oui.
Mais c'est vrai que, bon, les... et dans le cas des hydromels, on a beaucoup de
nos membres qui... bien, déjà on accueille beaucoup de nouveaux aussi, qui sont
producteurs depuis quelques années. Donc, quand on est nouveau sur les marchés
publics sont vraiment pour les producteurs agricoles un bon moyen de se faire
connaître. C'est comme on est éparpillés aussi beaucoup en région, d'avoir
accès à des marchés plus importants et plus restreints, surtout qu'on n'a pas
le droit de livrer. Donc, les marchés publics restent une option pour pas mal
de nos producteurs agricoles, et ils amènent... ils ont... Dans cette idée-là,
quand on va sur un marché, souvent l'idéal c'est d'avoir, bien, la diversité. Donc,
on peut amener nos miels, nos hydromels, et en fait on aimerait ça amener aussi
nos alcools faits à base de nos hydromels. Comme je le disais à l'instant, on
peut amener nos alcools faits à base de nos hydromels si on les a additionnés
d'alcool acheté à la SAQ. Mais si on les a additionnés de l'alcool qu'on a
produit nous autres mêmes, on ne peut plus les amener. Donc, il y a quelque
chose qui est vraiment illogique un peu...
16 h 30 (version non révisée)
M. Bonnet (Géraud) : ...donc,
il y a quelque chose qui est vraiment illogique, un peu.
Mme Zaga Mendez : ...
M. Lambert (Vincent) : J'ajouterais
rapidement, pour les spiritueux artisanaux qui sont vendus sur le lieu de
fabrication, quand on parle de spiritueux artisanaux, ce qu'on a récolté, la
matière première pour le transformer de A à Z, il n'y a aucune majoration qui
est payée à la SAQ pour les ventes sur le lieu de fabrication. Puis un marché
public est une extension du lieu de fabrication. Donc, à cet effet-là, ça ne
vient pas contredire ou s'opposer au monopole de la SAQ. Donc, c'est
vraiment... on... Cette mise en marché là n'a pas d'impact finalement sur la
mise en marché de la société d'État. Et, au final, c'est qu'on perd de l'argent
en tant que société. On ne paie pas d'argent à nos entreprises puis dans les
finances publiques du Québec parce que les autres taxes, taxe d'accise, taxes
spécifiques sur l'alcool vont continuer à être payées sur ces bouteilles-là.
Donc, c'est également un argument financier, là, pour le dossier.
Mme Zaga Mendez : O.K. Je
comprends. Vous dites que ça se fait déjà dans d'autres lieux. Est-ce que c'est
juste au Québec qu'on ne permet pas l'accès? Est-ce qu'il y a d'autres lieux au
Canada dans lesquels on a cet accès-là aux spiritueux artisanaux? Puis
pourquoi? Est-ce que vous... Parce que moi, ça m'a... j'ai toujours trouvé très
illogique, là, que... comme vous dites, c'est une extension de... déjà, la
vente au comptoir, à la ferme, ou à la production.
M. Lambert (Vincent) : Oui.
Bien, tu sais, pour les spiritueux, on est... au Québec, on est vraiment dans
un... des vestiges de la prohibition encore dans nos lois. C'est encore comme
ça dans plusieurs juridictions, là, on ne va pas se le cacher. Ce n'est pas
seulement au Québec. Mais, au Canada en tant que tel, l'Ontario a déjà commencé
à libéraliser la commercialisation des boissons alcooliques. Au Québec, on est
vraiment officiellement le cancre, là, à ce sujet-là, partout au Canada. Donc,
dans les... pour les marchés publics, il y a quelques provinces qui l'autorisent,
il y en a d'autres qui ne l'autorisent pas encore. Mais, dans l'ensemble, il y
a souvent des mécanismes qui font en sorte qu'il peut y avoir une
diversification qui est faite. Comme en Ontario, c'est... ce n'est pas encore
possible, mais par exemple les cocktails prêts à boire à base de spiritueux
peuvent être vendus en épicerie maintenant en Ontario, ce qui n'est pas le cas
au Québec. On a deux canaux de mise en marché différents. On a des prêts à boire
maltés qui peuvent être vendus en épicerie, en dépanneur, on a les prêts à boire
à base de spiritueux qui peuvent être seulement vendus à la SAQ. C'est comme
aller chercher son jus de pomme au IGA puis son jus d'orange au Métro parce qu'il
y a deux segments parallèles qui sont créés, alors qu'il n'y a aucune
différence réellement entre les deux produits.
Donc, petite parenthèse. Mais tout ça pour
dire que, dépendamment de la province, il y a souvent des mécanismes qui sont
mis en place. Mais au Québec, dans les spiritueux, on est vraiment seulement à
la SAQ que c'est... que c'est possible de vendre.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à la période d'échange. Merci à vous deux pour votre contribution à
cette commission.
On va suspendre les travaux quelques
instants pour permettre à l'autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 35)
(Reprise à 16 h 40)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes maintenant avec la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante. Bienvenue! Vous avez un exposé de
10 minutes. Je vous laisse le soin de vous présenter. Après, une période
d'échange va s'ensuivre. La parole est à vous.
M. Vincent (François) :
Parfait! M. le Président, bonjour. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je
me nomme François Vincent. Je suis vice-président pour le Québec de la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante. J'ai la chance aujourd'hui
d'être accompagné de Vincent Pâquet qui est à ma gauche, analyste principal des
politiques, et Amélie Dubé, analyste des politiques, qui sont à leur première
expérience en commission parlementaire. La FCEI, c'est le plus gros
regroupement de PME au pays. On compte 100 000 entreprises membres,
22 000 au Québec, dans tous les secteurs d'activité économique, dans
toutes les villes et les quatre coins du Québec. Nous vous remercions de nous
recevoir aujourd'hui dans le cadre des consultations du projet de loi
n° 85.
C'est avec grand intérêt que notre
organisation a analysé le projet de loi et l'accueille. Ça va faire, selon
nous, une grande différence pour les petites et moyennes entreprises du Québec.
Vous savez, M. le Président, ça fait plus de 15 ans que nous avons
priorisé à la FCEI l'allègement réglementaire. Le poids de la paperasserie
figurait toujours parmi les priorités de nos membres sondage après sondage. On
a donc décidé à l'époque de documenter, analyser puis comparer les différentes
provinces. Depuis, toutes les provinces ont pris des actions, comme au Québec
et... comme au Québec. Et le ministre Skeete démontre encore une fois son
leadership sur la question en déposant le projet de loi n° 85. Je dois
vous confier, M. le ministre, qu'avec... M. le Président, qu'avec le ministre
Skeete ça avance. Ça fait une différence pour les PME. On est au deuxième
projet de loi en deux ans. Sérieusement, on est entre bonnes mains. J'ai la
chance de le mentionner souvent lorsqu'on est en rencontre bilatérale ou lors
des rencontres du comité-conseil sur l'allègement réglementaire. Mais il est
important de le faire ici, devant les parlementaires, lors de l'étude de ce
projet de loi qu'il pilote.
Maintenant, avant d'aller dans les détails
des dispositions, je tiens à décrire pourquoi...
M. Vincent (François) : ...diminuer
le fardeau administratif et réglementaire fait une différence pour les PME.
D'abord, il faut savoir que le fardeau administratif et réglementaire est
inversement proportionnel à la taille de l'entreprise : plus l'entreprise
est petite, plus ça coûte cher et c'est lourd. Donc, quand le gouvernement agit
pour réduire l'allègement... la paperasse, il aide toutes les entreprises, mais
il démontre une sensibilité particulière pour la petite entreprise. Puis,
rappelons-le, l'économie du Québec, c'est 70 % composé d'entreprises de
moins de 10 employés, 53 % d'entreprises de moins de cinq employés.
Quand je disais que le fardeau
administratif est inversement proportionnel à la grandeur, voici des données
qui le démontrent d'une étude qu'on a sortie en janvier. Pour les entreprises
de moins de cinq employés, elles ont consacré annuellement en moyenne 198
heures par employé pour se conformer à la réglementation, tandis que celles
d'au moins 100 employés ont consacré huit heures en moyenne. Pour imager cette
donnée, je peux dire que les propriétaires de PME perdent un peu plus d'un mois
en raison de la paperasserie. Vous avez bien entendu, un mois. C'est du temps
précieux qui aurait été mieux investi dans la planification de projets
d'expansion, dans le service à la clientèle, dans la formation du personnel ou
même en ayant plus de temps pour sa vie familiale.
La réduction du fardeau réglementaire et
administratif libère du temps et des ressources pour des activités axées sur la
croissance, ce qui améliorerait la productivité et la compétitivité des PME. En
effet, ce sont quatre PME sur cinq qui affirment que l'excès de règlements
réduit considérablement leur productivité. De plus, notre sondage prébudgétaire
d'octobre dernier - on en a entendu parler un peu dans les médias hier - fait
ressortir que 81 % des dirigeants de PME croient que la réduction de la
paperasserie doit être un enjeu prioritaire pour le gouvernement du Québec.
L'allègement réglementaire joue également
un rôle dans la présente crise avec les États-Unis. Le sondage de la FCEI de
décembre sur les tarifs douaniers montre que la hausse des tarifs douaniers
aura un impact sur 82 % des PME. Puis, comme je l'écrivais dans une lettre
ouverte que j'ai cosignée avec des collègues à la FCEI, nos gouvernements
doivent agir sur ce qu'ils contrôlent pour améliorer la productivité de nos
entreprises d'ici, puis alléger la réglementation, bien, c'est sous le contrôle
du gouvernement, ça ne lui coûte rien puis ça a un impact direct sur les PME
puis sur l'économie. Donc, le projet de loi n° 85 tombe à point. Il améliorera
la vie des propriétaires d'entreprise, favorisera la compétitivité, la
croissance, l'innovation des PME puis générera des retombées économiques
attendues pour les PME. On parle de 33 mesures, avec des économies nettes de
près de 20 millions de dollars annuellement.
Passons maintenant à certaines
dispositions du projet de loi. D'abord, la FCEI salue la mesure relative à la
suppression de l'exigence pour les détenteurs de permis de brasseur de marquer
les contenants de boissons alcoolisées vendues et livrées aux établissements
québécois. Je me souviens avoir écrit sur la question lorsque j'étais analyste
des politiques, il y a de cela... jadis. Le marquage des contenants de bière,
en particulier les microbrasseries, représente une tâche fastidieuse, inutile,
coûteuse nécessitant une mobilisation d'employés dédiés uniquement à cette
tâche.
Sur le même ordre d'idées, la FCEI invite
les parlementaires à aller plus loin et supprimer l'obligation du marquage pour
les bières vendues livrées aux établissements québécois, et ce, peu importe le
volume. En 2018, le législateur avait aboli le timbrage, avant de refaire
marche arrière. En 2025, je suis persuadé qu'on peut y arriver.
Je vais céder maintenant la parole à
Vincent Pâquet, qui est le rédacteur principal du mémoire.
M. Pâquet (Vincent) : Concernant
les producteurs d'alcool, nous désirons souligner la modification qui vise à
ajouter une nouvelle disposition facilitant la livraison pour les titulaires de
permis de production artisanale. Cela va favoriser ces entreprises à rejoindre
leurs clients, et, disons-le entre nous, l'encadrement excessif de la livraison
de ces produits n'a pas sa place. Ces mesures permettraient aux entreprises
de... secteur, généralement des PME, d'économiser 16 millions de dollars
par année. C'est majeur.
Nous accueillons favorablement aussi la
mise en place de projets pilotes visant à évaluer l'impact de la modification
des heures d'ouverture et des jours d'admission dans les établissements
commerciaux. Le Québec est la seule province qui impose des restrictions sur
les heures et les jours d'admission. Le statut de zone touristique que doivent
obtenir les municipalités pour bénéficier d'horaires plus flexibles ne
contribue qu'à complexifier inutilement la gestion des heures d'ouverture. La
mise en place de projets pilotes est un pas dans la bonne direction. Si les
résultats des projets pilotes sont prometteurs, pourquoi alors ne pas aller
plus loin et permettre aux établissements commerciaux de...
M. Pâquet (Vincent) : ...alors
ne pas aller plus loin et permettre aux établissements commerciaux de choisir
eux-mêmes les heures et leurs jours d'admission. La FCEI est d'avis qu'il
s'agit d'une mesure qui favorisera l'achat local au détriment des géants du Web.
Nos achats locaux font rouler notre économie. Chaque dollar dépensé dans une
petite entreprise permet de garder 0,66 $ dans l'économie locale,
comparativement à 0,11 $ chez une multinationale, et seulement 0,08 $
quand on achète chez le géant en ligne. En somme, nous encourageons fortement
les parlementaires à adopter le projet de loi. Plusieurs autres mesures sont
présentes dans ce projet, comme le permis chaud-froid pour le commerce de
détail et bien d'autres mesures. Nous n'irons pas dans les détails, nous
pourrons lors des échanges.
M. Vincent (François) : Maintenant,
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les parlementaires, vous pouvez
aller plus loin aussi avec ce projet de loi. Puis l'étude détaillée pourrait
vous permettre d'ajouter des articles au projet de loi. Là-dessus, on a soumis
quelques pistes de réflexion à la fin de notre mémoire.
Nous vous invitons à prendre en
considération notre recommandation de faire de la politique sur l'allègement
réglementaire et administratif du Québec une loi. Plusieurs provinces
canadiennes ont déjà adopté une législation semblable. Nous, on a décidé
d'avoir un règlement, ce qui est bien, mais visons plus haut, allons chercher
une loi, puis dites, en tant que parlementaires, que l'allègement réglementaire
fait partie de vos priorités.
Enfin, je réitère ce que j'ai demandé lors
du projet de loi précédent et je vous invite à profiter de l'occasion du
projet... de ce projet de loi pour abolir la Loi des décrets de conventions
collectives, la LDCC, c'est une loi unique en Amérique du Nord. Je répète,
c'est une loi unique en Amérique du Nord qui ajoute une lourde paperasserie
mensuelle, une taxe sur la masse salariale supplémentaire pour certains
secteurs dédiés dans certaines régions, ce sont 10 000 entreprises
qui sont assujetties sur un total de 279 124 PME au Québec, c'est
moins de 4 % des entreprises qui sont assujetties. À brocher... abroger la
LDCC représenterait des économies de 12,3 millions de dollars pour
les entreprises visées. Ça, c'est juste la taxe sur la masse salariale qu'on
enlèverait. Il y aurait plusieurs millions de dollars supplémentaires si on
enlevait les contraintes quant aux rapports mensuels ou toute autre formalité,
obligation que l'entreprise a. En pleine guerre tarifaire avec notre principal
partenaire commercial, est-ce qu'on peut vraiment maintenir un régime qui
ajoute de la paperasserie, une taxe sur certaines entreprises dans certaines
régions données, étant donné les gains substantiels que pourrait générer
l'allègement réglementaire administratif pour les PME de cette disposition-là?
On vous incite fortement à aller de l'avant.
• (16 h 50) •
M. le Président, Mmes et MM. les
parlementaires, c'est avec plaisir qu'on va échanger avec vous puis aller plus
en détail dans plusieurs autres dispositions du projet de loi ou dans notre
mémoire qu'on n'a pas eu le temps de mentionner dans notre allocution. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. Vincent. Effectivement, on est rendus à la période d'échange. M.
le ministre, Un peu moins que 16 min 30 s. 13 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup à la FCEI d'être présent et bravo aux nouveaux.
Je me souviens de la première fois que j'étais de votre bord, puis je m'en
souviens encore, donc profitez s'en, c'est le fun puis ça inspire aussi à
d'autres vocations.
Je serais curieux de vous entendre, tu
sais, un décret de convention collective, ça a l'air bien compliqué, ça sert à
quoi, c'est quoi, cette affaire-là, puis pourquoi vous voulez l'abolir?
M. Vincent (François) : Mais
on veut l'abolir parce que nos membres nous le demandent. On a fait une étude
de cas l'année passée, on a fait aussi une étude spécifique sur la question,
puis c'est au-dessus de, je pense, c'est 80 % des assujettis qui disaient
que ça ne servait à rien, qu'ils seraient capables d'offrir des meilleures
conditions de travail, qu'il y aurait une meilleure flexibilité. Je vais juste
donner l'exemple des décrets en automobile, là, ce n'est même pas toutes les
régions du Québec qui ont des décrets de conventions collectives dans le
secteur de l'automobile. On a fait, dans notre étude de cas, un tableau, puis,
tu sais, il y a certaines régions d'un... c'est de l'autre bord de la rue, dans
l'autre MRC, tu ne vas pas être assujetti à ce décret-là. Puis dans les
secteurs non assujettis, les voitures, elles n'ont pas plus de problématiques.
Les employés dans le secteur gagnent des bons salaires, ça enlève une formalité
supplémentaire aux entreprises. Dans notre étude de cas, on voit aussi, ils ont
des obligations quant à la formation pour avoir un ratio de
compagnons/apprentis. Puis les comités paritaires ne sont même pas capables de
donner les formations aux entreprises qu'ils obligent de faire. Ils sont juge
et partie en même temps, c'est-à-dire que c'est des propriétaires d'entreprises
qui sont sur le...
M. Vincent (François) : ...comités
paritaires qui vont auditer de leurs compétiteurs puis demander des papiers.
Puis quand on veut savoir qu'est-ce qui se passe, bien, on ne peut pas, ils ne
sont pas assujettis à la loi de l'accès à l'information, le Protecteur du
citoyen. Si c'était un... une loi qui avait quelconque intérêt, pourquoi elle
n'a pas été reproduite dans les autres provinces canadiennes? Alors, passons
au... en 2025 puis allons de l'avant avec l'abolition. Puis, s'il y a certains
secteurs qui désirent avoir des protections supplémentaires, ça peut passer par
la loi des normes du travail. Il peut y avoir une définition d'un salaire
différent, admettons, pour l'éboueur, pour ceux qui sont dans l'entretien
ménager, sans obliger d'avoir une taxe sur la masse salariale supplémentaire,
une paperasserie supplémentaire ou des compétiteurs qui te demandent tous tes
papiers ou qui te... qui t'envoient des inspections. Je pourrais poursuivre
encore bien, bien longtemps, mais je vais arrêter ici.
M. Skeete : Puis ça a été
inventé quand, ça?
M. Vincent (François) : 1934.
M. Skeete : Oui, c'est ça. De
la manière que vous le décrivez, ça ressemble à ça. Puis, quand vous
dites : 80 % des assujettis, c'est sûr que les employeurs sont
d'accord puis les employés sont contre, là, il n'y a pas personne qui aime ça
du côté des employés?
M. Vincent (François) : Bien,
nous, on a envoyé plusieurs lettres à votre collègue, M. Boulet, puis je
suis... à chaque fois que je les rencontre, je lui en parle. Probablement, je
lui en ai parlé plus que 50 fois, si ce n'est pas 100 fois, et une
des premières lettres que j'ai écrite quand je suis revenu vice-président de la
FCEI, c'est qu'on leur a proposé d'abolir ou de faire un référendum. Demandez à
vos assujettis s'ils veulent être assujettis, tant les employés que les
employeurs, puis après ça, s'ils en veulent bien, bien, qu'ils le gardent, mais
au moins qu'on leur demande, mais... donc, il n'y a pas eu d'action sur ce
front-là. Puis maintenant, si nos entreprises disent que, s'il y a une
réduction du fardeau fiscal, ils vont augmenter les salaires, puis aussi les
employés paient des cotisations de leur côté. Ça fait qu'ils verraient
probablement même leur chèque de paie augmenté. Une chose est sûre, c'est que
c'est une distinction particulière qui... qui est un anachronisme législatif
parce que dans le fond, c'est arrivé avant qu'on définisse ou qu'on transfère
au lieu de travail le fait de pouvoir se syndiquer, et on avait essayé, dans
les années 30, de répliquer le modèle européen, de décider d'avoir des
conventions collectives par secteur. Après, ça s'est monté significativement
dans les années 60 pour ensuite descendre, descendre, descendre. La R-20,
là, c'est dans le fond, une... ils ont pris l'ensemble des décrets dans la
construction puis ils en ont fait une loi spécifique. Maintenant, on... à la
FCEI... et nos membres pensent que c'est le temps de... de redonner un petit
peu plus de lousse à ces entreprises-là. Si on regarde les mêmes secteurs, les
conditions de travail ne sont pas moins défavorables dans les autres provinces,
il n'y a personne qui se bat dans les autobus, dans les autres provinces, pour
avoir la mise en place de décrets de conventions collectives. C'est juste au
Québec qu'on décide de ne pas toucher à ça, pour ne pas mettre... pour ne pas
aller contre du statu quo qui satisfait certaines personnes dans des régions
données.
M. Skeete : J'aimerais vous
entendre sur les heures d'ouverture. Ils disent quoi, les membres de la FCEI,
par rapport aux heures d'ouverture?
M. Vincent (François) : Veux-tu
répondre?
M. Pâquet (Vincent) : ...
M. Vincent (François) : Ce
qu'ils nous disent, ça on l'a à la page 11 de notre mémoire. Nos membres,
spécifiquement dans le secteur des détails, sont défavorables, c'est 40 %
qui sont pour, 48 % qui sont contre, 12 % qui ne sont pas... ne le
savent pas ou ne sont pas sûrs. Quand on prend l'ensemble des PME, elles sont
favorables à majorité, 51 % pour la levée de la restriction, 27 %
contre, 22 % ne sont pas sûrs.
Maintenant, si on regarde un comparatif,
par exemple, du Québec avec l'Ontario, on prend le nombre de... Donc, si vous
me demandez mes membres dans le détail dans mon sondage, ils sont plus
favorables aux projets-pilotes. L'ensemble des PME sont d'accord avec le fait
d'enlever cette réglementation-là. Mais si on regarde l'Ontario par rapport au
Québec, les entreprises avec 1 employé à 19 employés, c'est la
proportion similaire, 80 % des entreprises dans le commerce de détail ont
entre 1 et 10 employés, puis il n'y a pas de distinction similaire en Ontario,
puis les entreprises en Ontario ne s'en portent pas plus mal ou ils ne vont pas
fermer davantage, ou ne vont pas se faire compétitionner par les grands. Plus
nécessairement, ils ont une marge de manœuvre de décider quand est-ce qu'ils
veulent bien ouvrir par rapport aux heures qui vont bien répondre à leur
segment de marché.
Je ferais une autre référence sur un
projet de loi, je pense que c'était l'année passée, le projet de loi qui
modernisait les heures... l'industrie de la construction. Il y a eu un gros
débat qui portait sur les territoires où on peut embaucher des gens qui sont
définis par la...
M. Vincent (François) : ...il
y a eu un gros débat qui portait sur les territoires où on peut embaucher des
gens qui sont définis par la CCQ. Puis tu ne peux pas embaucher quelqu'un qui
est à l'extérieur de ton territoire par rapport à certaines mesures. Puis nous,
on avait fait l'évaluation du nombre d'entreprises, de petites entreprises,
dans les petites villes puis c'était comparable entre le Québec puis le Canada
dans des petites municipalités, que ça soit à Medicine Hat ou Trois-Rivières,
par exemple. Puis l'argument qui était de ne pas aller... ou de maintenir un
régime complexe, c'était que ça allait tuer les villes, mais force est de
constater que ça n'avait pas tué les villes en Ontario.
Donc, c'est pour ça que, dans notre
mémoire, on dit : Allez-y avec le projet pilote, donc, minimalement,
allons-y avec le projet pilote, puis ensuite de ça, quand ça va changer, on va
peut être voir si la Terre arrête de tourner. Puis à ce moment-là, si la Terre
n'arrête pas de tourner, bien, on pourra continuer à aller de l'avant avec
d'autres distinctions. Mais je peux vous ajouter, en conclusion, que les
membres de la FCEI des autres provinces n'ont pas à appeler pour demander qu'il
y ait une loi similaire au Québec qui soit mis en place dans le reste du
Canada.
M. Skeete : Parce que... Je
pose la question. Parce que certaines personnes à qui j'ai parlé... ils
disent : Bien, tu sais, si vous ouvrez les heures d'ouverture, je suis
obligé d'être ouvert, puis, quand je leur dis : Bien, parfait, en ce
moment, je vous oblige à avoir quatre employés puis dans... je vous dis quoi
faire. Moi, ce que je suggère, c'est de ne plus vous dire quoi faire, puis
faites ce que vous voulez. Comment ce n'est pas de l'allègement réglementaire
de faire ça? Donc... Puis là vous, vous, vous êtes la voix des PME. C'est
intrigant de vous entendre dire ça. Il n'y a pas eu d'effet négatif dans le
reste du Canada, on ne vous demande pas de militer pour ça ailleurs?
M. Vincent (François) : Non.
Mais comment on fonctionne à la FCEI, nous, il faut... c'est nos membres qui
donnent notre voix. Puis il faut respecter ce qu'ils nous disent dans... par
rapport à notre sondage. Là, on voit que c'est un... tu sais, ils sont
défavorables à huit points de pourcentage de plus, avec 12 % qui ne le
savent pas. Donc, ça indique que c'est un enjeu sur le terrain auprès des
entrepreneurs de petits détails, sur la crainte que ça peut avoir sur la
compétitivité. Donc, ça, ça renforce votre proposition de projet pilote, pour
faire en sorte que, sur le milieu, ils soient capables de voir la différence
puis que ça puisse... qu'ils puissent s'adapter, puis ensuite de ça, être
ouverts à avoir un changement. Si on regarde l'ensemble des entreprises, ils
sont favorables, puis, si on regarde l'expérience dans le Canada, bien, il n'y
a pas eu de drames qui se sont produits suite au fait qu'il n'y a pas de
disposition.
• (17 heures) •
Une autre chose qui est superintéressante
de votre projet de loi, c'est aussi les quatre employés. Ça, je pense que c'est
important, donner une marge de manœuvre aux personnes de pouvoir avoir plus de
personnes sur le plancher selon les besoins de l'entreprise. Là, après ça, si
l'entreprise voit qu'elle a plus de clients à partir de sept à 8 heures le
soir ou de sept à 10 heures le soir, mais moins à partir de 10 heures
jusqu'à midi, bien, elle peut décider de moduler ses heures par rapport à son
marché ou par rapport à sa clientèle dans sa région donnée. Donc, ça a été très
sage, de votre part, de mettre en place un projet pilote. Si on regarde par
rapport au reste du Canada, ça ne fait pas grand-chose, qu'il y ait une loi
spécifique sur les heures d'ouverture, puis, si on regarde dans les détails,
bien, c'est encore quelque chose qui va chercher une fibre auprès des
entrepreneurs du secteur de détail.
M. Skeete : Puis, juste pour
être clair, pour le 4 heures, ça, vous êtes favorables.
M. Vincent (François) : Le
quatre employés? Oui.
M. Skeete : Le... excuse.
Oui, oui, le quatre employés, vous êtes favorable à ce qu'on l'enlève?
M. Vincent (François) : Yes.
M. Skeete :
O.K. Excellent. J'aimerais vous
entendre sur... davantage sur l'ouverture qu'on fait pour la livraison. Il y a
eu beaucoup de choses qui ont été dites sur la livraison depuis la matinée.
Vous, vous recevez ouvertement la proposition qu'on fait de permettre à deux
producteurs de partager les lots puis de faire la livraison ainsi. Avez-vous
d'autres réflexions à partager à ce niveau-là?
M. Vincent (François) : Bien,
moi, je vous dirais, là, que, tu sais, si on parlait d'explosif, là, j'aurais
peut-être une réflexion de dire : Ah! peut-être qu'il faut limiter puis
encadrer le transport des explosifs, mais là on parle d'alcool, là, qui limite
des petits producteurs. Donc, vous faites des pas de l'avant, mais moi, je ne
vois aucune raison pourquoi on ne permettrait pas aux entreprises qui font de
la production d'alcool, quel que soit le type d'alcool, de pouvoir livrer
partout au Québec.
M. Skeete : Quand vous dites
ça, est-ce que vous dites... vous voulez dire de l'entreprise à l'épicerie, là,
vous n'êtes pas à dire partout, là?
M. Vincent (François) : Moi,
je permettrais de livrer partout.
M. Skeete : O.k...
17 h (version non révisée)
M. Vincent (François) : ...il
y a eu plein de... puis les intervenants avec nous en ont parlé aussi, les lois
de l'alcool ont été écrites dans le temps de la prohibition, puis il y a encore
une crainte par rapport à ça. Puis il y a deux... il y a une disposition que
vous avez changée récemment lors de... je pense que c'était il y a deux ans,
sur le fait qu'on puisse acheter de l'alcool dans une autre province puis le
transporter d'une province à l'autre. Ça, ce n'était pas permis avant. Puis
nous, on avait fait le prix citron de la paperasse puis on l'avait donné... je
pense que c'était dans les provinces de l'Atlantique parce qu'il y avait quelqu'un
qui s'était ramassé en cour parce qu'il avait acheté quelques caisses de bière,
puis il s'était ramassé devant la cour.
Puis, après ça, bien, ça a fait en sorte
que les provinces ont enlevé cette limitation-là. Mais c'est dans la... c'est
la même chose, là, laissons la possibilité à nos producteurs de pouvoir accéder
à des marchés, qu'ils soient régionaux, individuels, auprès des clients ou même
à travers le Canada, en ayant la possibilité de faire affaire avec des
entreprises spécialisées en transport. Puis ils vont mettre les caisses de
bière ou les caisses de vin dans un camion puis ils vont les transporter au
client qui l'a demandé. Puis tout le monde va survivre.
M. Skeete : Parfait. Bien,
moi, M. le Président, ça va pour moi. Je ne sais pas si mes collègues de la
partie gouvernementale ont d'autres questions.
Le Président (M. Allaire) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Pas d'autre intervention. On enchaîne avec l'opposition
officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Merci beaucoup, M. le Président. Je veux... Merci beaucoup d'être ici. Je
veux continuer sur la livraison par un tiers parce que je n'étais pas certain d'avoir
bien compris. Dans la présentation initiale, vous étiez pour l'approche d'avoir...
qui est proposée de faire un genre de COOP, là, de livraison par un tiers. Vous
voyez ça d'un bon oeil. Mais les plus petits, pour eux, c'est... il y a un
risque de compétitivité, là, dans le sens que, bon, là, soudainement, la liste
de clients que j'ai, elle va être connue de l'autre qui partage les services de
livraison avec moi versus chacun pour soi, là, chacun fait son... sa livraison
par un tiers. Vous ne voyez pas qu'il y a un enjeu, peut-être pour ça, de votre
point de vue?
M. Vincent (François) : Non,
je ne vois pas d'enjeu. Nous, on est pour la stratégie des petits pas, donc je
préfère qu'on adopte ce qu'il y a là, puis qu'on ouvre le marché, puis qu'on
donne la possibilité aux entrepreneurs d'améliorer leurs conditions d'affaires
par rapport à la livraison. Mais je ne pense pas que ça créerait quelconque
problématique que ce soit d'élargir la possibilité de livraison des producteurs
locaux.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
C'est sûr qu'en région c'est problématique parce qu'ils ne pourront
peut-être pas s'associer à quelqu'un qui est sur la Côte-Nord ou quelqu'un qui
est au Saguenay, par exemple. Puis j'exagère peut-être en disant ça, là, mais
ils ne pourraient peut-être pas s'associer avec des amis alentour pour pouvoir
avoir ça versus dans la Montérégie, dans les Cantons de l'Est, Montréal, etc.
Donc, ça devient un peu difficile pour compétitionner sur le même niveau. Je
pense que... je pense que vous voyez ce que je veux dire, dans le sens que,
pour quelqu'un qui est une plus petite entreprise en région, ça vient, en fait
de créer un désavantage compétitif, c'est ça, là. Vous ne le voyez pas de même?
M. Vincent (François) : Bien,
si vous voulez proposer que ce soit encore plus simple de livrer, vous pouvez
le faire à l'étude détaillée.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Bien, c'est clair, c'est clair. Mais j'essayais de comprendre pourquoi
que... Vous, vous représentez aussi 100 000 personnes à travers le
Canada, il y a en sûrement en régions éloignées aussi dans ça. J'essaie de
comprendre quelle est la raison pour laquelle c'est à leur désavantage, mais
vous le supporter, c'est tout.
M. Vincent (François) : Parce
que c'est déjà un avantage aux systèmes qui existent actuellement. Puis on veut
absolument qu'il y ait des avancées. Donc, si les avancées gouvernementales
sont là, allons les chercher, puis, ensuite de ça, améliorons ensuite la
situation des entrepreneurs. Si vous pouvez améliorer en étude détaillée puis
avoir une réflexion, dire : Bon, bien, finalement, non, on va lever les
restrictions quant à la livraison, bien, soit, là, ce sera une amélioration au
projet de loi qui sera proposée et débattue et adoptée.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Puis vous parliez tout à l'heure, en termes d'heures, vous êtes favorables
à ça. Quand on regarde justement votre base, là, ce n'est pas tous des
commerçants au détail. Quand vous parliez de juste les commerçants au détail,
dans ce plus petit cercle de vos membres, la majorité était contre l'idée.
M. Vincent (François) : Oui.
M. Beauchemin : Puis là,
quand vous élargissez à l'ensemble des membres de la FCEI, ce n'est pas tous
des gens qui sont dans le commerce au détail, c'est ça?
M. Vincent (François) : PME
au Québec. On n'a pas posé la question à travers le Canada. Parce que si je
posais la question à travers le Canada, probablement que j'irais chercher un 75 %,
80 % parce que, dans les autres provinces, ils n'en ont pas, des heures d'ouverture.
Donc, ils seraient... ils voteraient défavorablement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Je comprends. Bien, j'essaie juste de voir pour les entreprises que ça n'affecte
pas leur modèle d'affaires, parce qu'eux, ils ne le changeront pas, de donner
leur opinion sur le commerce au détail qui, là, eux, maintenant, vont avoir des
heures allongées...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : ...des heures allongées.
M. Vincent (François) : Des
heures allongées s'ils décident d'avoir des heures allongées, puis ici, nous,
on a mis les deux, là, parce qu'il y a aussi des services personnels, il y a
aussi du... de la restauration, hébergement, tu sais, qui peuvent avoir un
impact avec la clientèle directe, puis on a mis les deux. Puis nous, là, c'est
important, là, de donner toute l'information qu'on a puis de laisser aux
parlementaires faire la décision. C'est pour ça qu'on dit que l'approche du
projet-pilote est bien, parce qu'encore au niveau de certains entrepreneurs du
commerce de détail ils sentent que ça peut les défavoriser dans les situations
de pénurie de main-d'oeuvre. Maintenant, si je prends l'analyse puis je regarde
ce qui se passe dans les autres provinces canadiennes, bien, ces... ces
craintes-là ne s'avèrent pas. Donc, je vous le dis très franchement à visière
levée : Maintenant, c'est pour ça qu'on supporte la proposition qui est mise
sur la table par la ministre, mais on pense qu'il est important aussi de tester
pour voir c'est quoi le réel impact pour justement ensuite de ça laisser les
entrepreneurs décider ce qui est bon pour eux, puis que ça ne soit pas le
gouvernement du Québec qui décide à leur place.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : J'essaie juste de comprendre un aspect, là.
Tu sais, si on réduit le champ puis on ne regarde que le secteur, par exemple,
de l'alimentation, puis on permettrait à Walmart, pour qui il n'y a pas d'enjeu
vraiment de liquidités, à ouvrir 24 heures sur 24, donc d'ouvrir
24 heures sur 24, versus un dépanneur local qui pour eux, bien, ils ne
sont pas... ce n'est pas... ce n'est pas... ce n'est pas Couche-Tard, c'est un
petit dépanneur du coin, puis là, lui ou elle, là, c'est extrêmement difficile
de pouvoir avoir quelqu'un, là, 24 heures sur 24. Donc, il va fermer.
Donc, on permet à ceux qui ont plus de capital de pouvoir avoir cette
liberté-là. On... on ouvre le choix aux clients, mais en faisant ça, on réduit
un peu aussi donc la possibilité aux entrepreneurs de dépanneurs, par exemple
en général, de pouvoir avoir leur modèle d'affaires qui là, soudainement, se
fait compétitionner, là.
• (17 h 10) •
M. Vincent (François) : Le
consommateur veut acheter à 3 h 30 du matin, il peut aller sur
Amazon, puis il va le faire en un clic, puis il va l'avoir le lendemain devant
chez lui.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Oui.
M. Vincent (François) : Mais
si Walmart décide d'ouvrir 24 heures, bien, la personne qui décide d'aller
faire son épicerie à 2 heures du matin, elle ne serait pas nécessairement
allée faire son épicerie à 10 heures le matin dans l'épicerie du coin.
Après ça, il y a une notion de proximité. Il y a une notion de proximité, de je
vais aller au dépanneur à pied si j'habite à Montréal ou à Québec, ou je vais
aller au dépanneur en auto, puis je ne vais pas aller faire 2,5 kilomètres
pour aller au grand... au grand distributeur. Donc, le projet pilote va pouvoir
voir si justement il y a des problématiques associées. Mais si... Les
consommateurs peuvent librement acheter quand ils le veulent sur les
plateformes en ligne et avoir ça chez eux aussi. Donc c'est important aussi de
donner une certaine flexibilité aux entrepreneurs, de bien répondre à la
clientèle selon les besoins de marché. Peut-être qu'ils n'auront pas besoin
d'ouvrir à 10 heures. Ce n'est pas parce qu'il y en a un autre qui va le
faire. C'est toi qui vas faire ta rentabilité par rapport aux plages horaires que
tu as. Et, oui, la réalité des entrepreneurs québécois est différente. Oui, ils
ont une pénurie de main-d'œuvre plus grande. Maintenant, c'est pour ça que
l'approche gouvernementale est sage.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Je comprends. Votre exemple d'aller acheter
en ligne, avec tout respect, je le trouve un peu boiteux parce que tu n'as pas
la... Tu n'as pas le produit automatiquement, là. Ça fait que ce n'est pas
comparer des pommes avec des pommes, dans le sens que quand on va acheter au
dépanneur, on achète, on prend, on marche, puis on... C'est dans ce
contexte-là, ce genre de modèle d'affaires là. Actuellement, déjà, aujourd'hui,
il se fait compétitionner à 3 heures du matin par un Amazon qu'on aime
tous, puis qui va aller livrer deux jours plus tard ou le lendemain matin, là.
Mais l'expérience client n'est pas du tout la même, là. Tandis que là, ce qu'on
parle ici, c'est : On demande donc à des propriétaires d'épicerie :
Bien, tu sais, vous allez vous faire compétitionner par quelqu'un qui a plus de
leviers financiers que vous, finalement, à être ouvert 24 heures sur 24. Ça
fait que là, vous autres, là, bien, tu sais, vous allez être le modèle qui
n'est pas capable d'être ouvert 24 heures sur 24 versus le modèle qui est
ouvert 24 heures sur 24. Ça fait que ça va vous coûter... Bien là, il va
concilier la vie des étudiants par rapport à ceux qui travaillent de soir par
exemple. Ça va être de plus en plus difficile. C'est juste cet aspect-là de la
chose. Ce que vous me dites finalement, c'est qu'en Ontario, là, il n'y a pas
d'enjeu. Il n'y a pas eu de...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : ...correction. Il n'y a pas eu de part de
marché de dépanneurs qui a été réduite. Il n'y a pas eu des petits commerces,
des produits locaux, il n'y a pas eu des plus petits joueurs, là, qui n'ont pas
souffert de ça, là, en Ontario.
M. Vincent (François) :
Bien, ils n'ont jamais demandé la mise en place d'une loi spécifique. Puis
après ça, je pense que ça dépend aussi du produit qu'on va acheter.
Probablement que l'impact va plus se faire sentir la fin de semaine. Les
familles vont plus aller acheter la fin de semaine avec des contraintes
familiales. Je peux donner mon exemple, là. Ça, ça ne se compare pas à tout ce
que vivent les Québécoises et Québécois, mais j'ai quatre enfants, là. Ça fait
que moi, là, le dimanche, j'ai des trâlées de sports, puis je fais juste de la
voiture pour aller à tous les sports, puis après ça, une fois que les enfants
sont couchés, je peux peut-être faire mon épicerie ou je vais la compresser
dans mon horaire du samedi puis le dimanche, mais si c'était ouvert entre
8 heures puis 9 heures puis il y avait déjà plus de personnes sur le
plancher, peut-être que ça pourrait m'aider. Maintenant, ça, c'est ma situation
particulière. Maintenant, comment ça va s'appliquer au niveau du Québec? La
meilleure façon, c'est : Allons-y avec un projet pilote. Voyons comment ça
va se passer. Puis j'entends les craintes des entrepreneurs. J'en fais part
dans le mémoire. On propose... On met aussi ce qu'eux nous disent. Maintenant,
il faut aussi regarder les règles dans le reste du pays puis comment... comment
ça, ça évolue.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : C'est certain que j'aime ça, être capable de
comparer Québec contre l'Ontario. On le fait de façon régulière, n'est-ce pas?
Je pense que... Tu sais, je ne veux juste pas faire une passe sur la palette à
Walmart ou à n'importe quelle grosse plateforme américaine qui viendrait
s'installer au Québec puis que là, soudainement, bien, tu sais, ils vont
prendre de nos artisans, si je peux les appeler ainsi, de jeunes entrepreneurs
locaux. Pour moi, pour moi, ça, c'est... Si on est capables de juste se donner
une chance pour faire en sorte qu'on ne saigne pas les plus petits joueurs, je
pense que c'est dans ce sens-là. Mais je comprends, il faudrait quand même
avoir des balises, là, pour le projet pilote. Je pense que ça va être essentiel
que le projet pilote soit bien balisé. Parce que, tu sais, l'objectif ultime
ici, c'est de réduire la paperasse. L'objectif ici, là, c'est de s'assurer
qu'on devienne de plus en plus productifs et qu'on trouve une façon de faire,
oui, des petites mesures ici et là, O.K., mais qu'on y aille, là, vraiment «all
the way» pour un paquet de trucs qui pourraient être plus importants. Moi, si
je regarde juste une statistique que j'ai trouvé intéressante, c'est qu'au
Québec ça coûtait 10 295 000 000 $, si j'ai bien compris,
en 2014 pour la réglementation. Puis on est rendus à quasiment
11 milliards maintenant en 2024. Donc c'est quand même une augmentation du
coût de la réglementation. Vous, dans ce que vous voyez dans le projet de loi,
est ce que j'ai bien compris tantôt que vous disiez que vous voyiez comme une
économie? Puis je... Ce n'est peut-être pas... Je n'ai peut-être pas compris
spécifiquement, mais une économie de 20 millions de dollars au niveau...
M. Vincent (François) :
Oui, c'est une économie de 20 millions de dollars selon la...
19,8 millions de dollars, selon l'analyse d'impact réglementaire. Mais si
vous adoptez notre recommandation d'abolir la Loi des décrets de conventions
collectives, vous pourriez rajouter 12,3 millions aussi là-dessus.
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : Un autre 12 millions de plus.
M. Vincent (François) : Si
vous voulez aussi faire stopper l'injustice fiscale unique au Québec, de
surimposer les plus petites entreprises, vous allez encore augmenter l'impact économique.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Je suis désolé. Je suis désolé, on doit enchaîner avec le deuxième
groupe de l'opposition. Mme la députée de Verdun, la parole est à vous pour
4 min 2 s.
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre exposé. Peut-être deux sujets. Tout
à l'heure, on parlait des projets pilotes des heures d'ouverture pour être
capables d'être ouverts. Que ce soit un commerce de détail, une PME, il faut,
il faut du monde, il faut des gens qui soient disponibles, il faut des gens
que... Bien, moi, j'ai travaillé longtemps dans une épicerie, là. Je sais c'est
quoi me faire demander de fermer, même les... Quand on a... Je me souviens
quand on a allongé les heures. Comment vous voyez, là, être capable de trouver
des personnes puis des... qui soient dans des conditions de travail qui soient
attrayantes et respectueuses, surtout dans un contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, où est ce que c'est très difficile de retenir les employés dans
des secteurs comme les services?
M. Vincent (François) :
Bien, oui, c'est difficile. C'est difficile pour toutes les entreprises. La
pénurie de main-d'oeuvre, c'est encore un enjeu. C'est l'enjeu qui a freiné la
moitié des entreprises l'année passée, les PME, selon notre indicateur du
baromètre rétrospective annuelle, pour la productivité puis les ventes dans...
M. Vincent (François) : ...maintenant,
quand on regarde l'impact que la pénurie de main-d'œuvre a eu, c'est que ça a
augmenté significativement les salaires, puis oui, ça a fait plus pression sur
les petites entreprises. Maintenant, dans les projets-pilotes, on va pouvoir
voir, puis peut-être que certaines entreprises vont pouvoir affecter les
employés selon les heures les plus rentables de leurs entreprises, mais avoir
la marge de manœuvre de le faire puis de peut-être attraper certains segments
où la clientèle est plus que possible d'être disponible. Maintenant, je ne vois
pas quel mal il y a de se doter de la possibilité de faire un projet-pilote
pour évaluer les impacts. Je pense que c'est une façon sage et raisonnable
de... de permettre au gouvernement d'agir de la meilleure façon pour les
entrepreneurs puis, ensuite de ça, de... de modifier les lois selon les besoins
des entreprises, puis de se désengager de certaines places pour que... permettre
aux entreprises de prendre les choix qui sont bons pour elles.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Combien de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) : Deux
minutes.
Mme Zaga Mendez : Deux
minutes. Je vous en parlais tout à l'heure, vos commentaires sur la Loi sur les
décrets des conventions collectives, pour être très franche avec vous, je ne
partage pas la même opinion puis je ne pense pas qu'en deux minutes on va
arriver à être d'accord. Mais il existe quand même des avantages pour les
employeurs, j'imagine, lorsqu'il y a des décrets des conventions collectives,
ça peut favoriser. On parlait tout à l'heure de l'attraction, de la rétention
de main-d'oeuvre, la stabilité et la prévisibilité dans les relations de
travail. Aussi, c'est la productivité, bien, c'est l'absentéisme parce que
justement ça permet d'avoir des conditions de travail qui sont un peu plus
hautes que des normes, mais aussi dans des secteurs qui ne souhaitent pas
peut-être se syndiquer, où est-ce que ce n'est pas possible, où pour x raisons,
parce que dans des PME qui sont des micro-PME qui sont plus petites. Donc, moi
je... je ne sais pas ce que vous en pensez, là, parce qu'on parlait de
productivité et de rétention à la main-d'oeuvre, ça peut permettre, dans certains
secteurs de le faire, n'est-ce pas?
• (17 h 20) •
M. Vincent (François) : Bien,
non. Il y a même des entreprises là... Il y a un entrepreneur. Il a repris
l'entreprise de son père qui venait de décéder. Il a appelé le comité paritaire
parce qu'il voulait savoir comment se... pour comment être fonctionnel. Puis il
dit : Ah! Bien tu n'as pas assez de compagnons par rapport d'apprentis,
puis il lui a donné une amende. Il reprend son entreprise, il appelle pour être
conforme, puis il reçoit une amende. Il y a... Le décret de convention
collective, c'est 160 kilomètres de Montréal. J'ai demandé : Pourquoi
160 kilomètres de Montréal? Ils n'ont jamais été capables de me répondre
au ministère du Travail. C'est parce que c'est comme ça. Ça fait que si tu es à
161 kilomètres, tu n'es pas assujetti, si tu es à 160 kilomètres, tu
l'es. On a recueilli 1500 pétitionnaires sur 10 000 assujettis, ça
fait 15 %. Si je mets ça sur le nombre de PME qu'il y a au Québec, là,
j'aurais recueilli 41 868 pétitions, si je compare, là, le pourcentage que
j'ai recueilli sur les assujettis, sur le total des entreprises. Je veux dire,
ça démontre que le système, il ne marche plus puis il faut arrêter de se fermer
les yeux sur un système pas fonctionnel, puis abolir ça dès que possible avec
le projet de loi 85.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme Dibé, M. Vincent, M. Pâquet. Merci pour votre contribution à cette
commission. Nous allons suspendre les travaux pour permettre à l'autre groupe
de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 21
)
(Reprise à 17 h 31)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes maintenant avec le Conseil
canadien du commerce de détail. Bienvenue. Vous avez un exposé de 10 minutes,
va s'ensuivre une période d'échange. Je vous laisse vous présenter. La parole
est à vous.
M. Rochette (Michel) : Merci.
Bien, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, merci de nous
recevoir. On ne répétera jamais assez l'importance de tenir des commissions
parlementaires pour une organisation comme la nôtre et l'industrie qu'on représente,
un dialogue qui est toujours essentiel pour mieux comprendre la réalité du
terrain, des consommateurs, des commerçants et des travailleurs. Puis, à titre
personnel, permettez-moi de vous réitérer à quel point je vous lève mon
chapeau, parce que des députés en commission parlementaire, on vous demande une
capacité d'adaptation exceptionnelle, d'être au courant de tout, de devenir des
spécialistes dans des dossiers extrêmement complexes et variés en très peu de
temps. Ce n'est pas une tâche facile. Alors, merci de nous permettre de
contribuer à notre manière à votre compréhension de nos enjeux.
Ici, évidemment, aujourd'hui, on est là
pour travailler sur le projet de loi n° 85, une initiative qu'on salue
favorablement. En fait, toute mesure qui vise à simplifier notre environnement
d'affaires, évidemment, est bienvenue. Et, dans le même esprit, on tient à
souligner le travail du ministre délégué à l'Économie, qui, par sa présence sur
le terrain, démontre un réel souci de rendre notre économie plus compétitive.
Alors, merci et bravo, et merci encore une fois de nous recevoir.
Peut-être un mot sur nous. Le Conseil
canadien du commerce de détail, on est la voix des détaillants au Québec et au
Canada. Au Québec seulement, on représente 18 000 commerces de toutes sortes et
bannières, allant des grandes surfaces aux commerces de proximité en passant
par les magasins de spécialités jusqu'aux magasins de vente en ligne, aux
détaillants de vente en ligne. Donc, on est... notre industrie, vous le savez
déjà, c'est 480 000 travailleurs au Québec et environ 130 milliards de
dollars de ventes annuelles. Mais, au-delà des chiffres, ce sont des commerces
qui sont présents dans tous les quartiers et villes, les villages, et c'est le
premier employeur privé au Québec. C'est un moteur économique qui fait vivre
non seulement des emplois, mais aussi une multitude de fournisseurs, de
transporteurs et d'entreprises locales.
Un des changements importants du projet de
loi n° 85 concerne les heures d'ouverture et la suppression de la limite des
quatre employés pouvant travailler...
17 h 30 (version non révisée)
M. Rochette (Michel) : ...et
d'entreprises locales.
Un des changements importants du projet
loi no° 85 concerne les heures d'ouverture et la suppression de la limite
des quatre employés pouvant travailler en dehors des heures légales dans les
pharmacies et les épiceries. Nous croyons qu'un assouplissement comme celui-ci,
qui est encadré et justifié, et en particulier pour les pharmacies et les
épiceries qui font partie, il faut le rappeler, du quotidien des Québécois. Ce
ne sont pas seulement des commerces, ce sont des repères, des endroits où on s'approvisionne
en produits essentiels, que ce soit pour se nourrir ou pour prendre soin de sa
santé. Et ils sont là très tôt le matin, tôt ou tard le soir, pour répondre aux
besoins des familles, des aînés et de tout travailleur qui a des horaires
atypiques, et à toute personne qui, à un moment ou un autre, compte et a besoin
d'une accessibilité à un commerce de cette proximité-là.
Évidemment, on comprend que c'est une
question qui suscite des préoccupations. On est conscients que certains
commerçants, surtout de proximité, peuvent s'inquiéter sur les effets d'une
mesure comme celle-là sur leur modèle d'affaires, mais il faut aussi faire
preuve de recul. Il ne s'agit pas d'une transformation radicale d'une pratique
actuelle. Ce qu'on souhaite, c'est une flexibilité pour permettre aux
détaillants de mieux s'adapter à la réalité de leur clientèle, de donner accès
à l'information et à un service particulièrement dans des secteurs où la
demande est bien réelle.
Quant aux heures d'ouverture au sens
large, on salue l'approche prudente du ministre qui privilégie des projets
pilotes afin d'évaluer les impacts réels avant d'envisager toute réforme plus
globale. Face à un secteur en plein bouleversement, il est important d'assurer
une place prépondérante à l'innovation et à une expérience client qui rivalise
avec tout ce qui peut se faire en ligne, car rappelons que le commerce
électronique ne fait pas de restriction d'heures, et en facilitant l'accès aux
commerces physiques, les détaillants ont des leviers complémentaires pour se
positionner avantageusement face aux nombreux géants du commerce en ligne. Nous
estimons toutefois que l'évaluation de ces projets pilotes ne devrait pas se
limiter à un seul critère, nommément celui de la compétitivité. Une approche
plus ouverte permettrait de mieux comprendre la répercussion ou les
répercussions non seulement sur les commerces, mais également sur les citoyens
et des consommateurs en général.
Le projet de loi n° 85 contient également
d'autres mesures que l'on salue, par exemple l'élimination des frais
supplémentaires liés aux unités de maintien chaud ou froid. Ça peut paraître
technique, évidemment, mais c'est une vraie bonne nouvelle pour les détaillants
alimentaires. Cette mesure leur permet de mieux répondre aux besoins des
consommateurs sans être pénalisés par des coûts supplémentaires. C'est une
mesure qui est simple mais qui aura un impact concret sur le terrain. La
simplification et la... et la fusion, pardon, de certains permis alimentaires
permettra également d'éliminer des barrières administratives inutiles. En
allégeant ces exigences, on facilite la tâche non seulement des détaillants,
mais sans compromettre en même temps la salubrité et la sécurité des consommateurs.
Toutefois, il reste un travail à faire sur
la consignation des produits alimentaires d'un magasin à un autre, pouvant être
au même propriétaire. Elle demeure fastidieuse. On pourra en reparler. Nous ne
pouvons passer sous silence la question des modules d'enregistrement de vente,
les MEV, en particulier dans les épiceries qui offrent un coin bistrot ou un
service de traiteur. Évidemment, vous n'en parlez pas dans le projet, mais ça
serait un allègement qu'on aurait souhaité et qu'il est encore possible, à mon
avis, d'intégrer. Actuellement, l'application stricte de la Loi sur la taxe de
vente du Québec oblige les épiceries à installer ces modules, ce qui est une
contrainte inutile pour ce type d'établissement. Il faut le rappeler qu'à l'origine
ces modules visaient à assurer une plus grande transparence dans les
transactions entre les restaurateurs et leurs clients. Or, dans une épicerie où
l'activité demeure la vente au détail, où les paiements en espèces sont plutôt
marginaux, vous comprenez que cette obligation est un peu injustifiée.
De façon générale, le projet de loi n° 85
est un pas dans la bonne direction, mais il faut aller un peu plus loin. L'actualité
évidemment nous rattrape. Nous sommes en pleine crise commerciale avec les
Américains. Il est plus urgent que jamais de renforcer notre marché intérieur
canadien. Nous avons souvent insisté sur les barrières interprovinciales qui
freinent inutilement nos entreprises. Et contrairement à ce que plusieurs
croient, ces barrières ne sont pas seulement d'ordre fiscal. Tout règlement,
toute loi qui est propre à une ville ou à une province, indépendamment de ses
voisins, constitue un frein aux échanges. Et nous pensons ici aux normes
d'étiquetage, aux exigences de permis, de restrictions, de logistique de
transport, et la liste est très longue. Alors, nous encourageons fortement le
gouvernement à prendre en considération cette nouvelle réalité pour l'avenir et
à oeuvrer pour un environnement d'affaires qui est plus cohérent, plus fluide,
en harmonie avec le reste du pays et nos voisins en particulier.
Alors, au nom de nos membres, nous tenons
à remercier la commission pour cette consultation. Vous avez reçu notre
mémoire. Nous sommes ouverts à vos questions. Et sachez que nous collaborerons
comme toujours avec le gouvernement pour tout type de prochain allègement qui
surviendra. Sachez encore une fois que tout ce qui permet un meilleur
environnement d'affaires est bien reçu par nous. Je n'ai malheureusement pas eu
la chance de présenter, à l'origine de l'introduction, donc, mon collègue avec
moi, Francis Mailly qui est vice-président, affaires publiques et Michel
Rochette, président pour le conseil au Québec. Alors, maintenant, on est prêts
à prendre vos questions.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. Rochette. M. le ministre...
Le Président (M. Allaire) : ...la
parole est à vous, 16 min 30 s.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bienvenue! Vous avez dit quelque chose qui m'a frappé :
Amazon, lui, il n'a pas d'heure d'ouverture. C'est quoi votre réflexion quand
vous me dites ça?
M. Rochette (Michel) : Bien,
c'est une réalité qui est nouvelle qu'on a vu poindre avec les années. Au
moment où les premières restrictions avaient été mises sur les heures d'ouverture,
sur la limitation du nombre d'employés, on n'était pas dans un univers où la
commande en ligne était si rapide, un simple clic, une livraison était faite au
lendemain. On a Amazon, mais il y a plein d'entreprises maintenant qui sont
évidemment en vente en ligne et qui sont de toutes origines. Donc, ça fait
partie de l'écosystème qui est le leur, alors, ces joueurs-là commerciaux, les
joueurs du détail savent maintenant que le compétiteur n'est pas seulement dans
la rue voisine ou le village voisin, ou la ville voisine, mais il est également
dans le pays voisin ou un pays tout court. Alors, c'est une compétition qui qui
est dématérialisée, qui est partout et pour laquelle, bien, la compétition,
elle est simple, c'est la vente, elle est maintenant ou elle souvent elle ne
l'est pas. Alors, d'avoir un espace physique, un lieu physique de commerce,
c'est là où le détaillant peut se faire remarquer et se démarquer dans
l'expérience client. Ce qu'on suggère souvent, c'est donnez leur la capacité de
le faire.
M. Skeete : Puis donnez-moi
un peu plus d'informations sur les projets pilotes. Qu'est-ce c'est que vous
voulez exactement comme... comme analyse? Parce qu'on n'a pas encore statué à
quoi pourrait ressembler ce projet-pilote là? Donc, vous souhaitez quoi comme
analyse?
M. Rochette (Michel) : En
fait, on n'avait pas un choix particulier de critères à mettre dans le projet
de loi. C'est juste qu'il y en a un déjà dans le projet de loi qui est celui de
la compétitivité. Évidemment, là, c'est... ça peut laisser place à de
l'arbitraire. Qu'est-ce que c'est, la compétitivité? Auprès de qui? Le
compétiteur? Le commerce du voisin? Mais nous, ce qu'on veut, c'est notamment
qu'on considère, dans l'équation, également un citoyen, et en mettant un seul critère
dans le projet de loi, ce qu'on suggérerait, c'est de ne pas mettre un critère
comme celui-là, puis d'ouvrir une porte plus large sur on évaluera à leur
mérite ces projets, mais en évitant de marquer le... un seul mot qui est celui
de la compétitivité.
M. Skeete : Donc, votre
inquiétude, c'est que, en misant strictement sur la compétitivité, on oublie à
la fin, comme on fait trop souvent, le client ou l'utilisateur du service en
question, là.
M. Rochette (Michel) : Mais
c'est le citoyen, et on parle du commerce au détail, hein? Ça fait qu'on est
tous des citoyens. Les heures servent au commerçant à répondre à un besoin des
citoyens évidemment, des consommateurs. C'est toujours l'équation première d'un
détaillant, c'est : Est-ce que ma clientèle est là? Est-ce qu'elle suit?
Est-ce qu'elle a besoin de nos services et de quelle façon lui offrir le
meilleur service? Alors, il faut que ça fasse partie de l'équation.
• (17 h 40) •
M. Skeete : C'est intéressant
parce qu'en ce moment, le gouvernement vous dit quand est-ce ouvrir.
M. Rochette (Michel) : On...
une des rares juridictions, vous le savez, en Amérique du Nord, il y a très peu
d'endroits où on trouve une loi-cadre qui encadre de telle façon, qui met un
carré de sable aussi sévère sur les heures d'ouverture. Ce qu'on demande un
peu, c'est une certaine marge de manœuvre plus grande, plus large. Les
commerçants ont des réalités différentes selon les produits, les marchés, et
leur clientèle, la région. Ils sont les mieux placés localement pour savoir de
quelle façon ils sont capables de s'adapter, mais à condition qu'on leur en
donne le droit, et c'est vrai pour les grands détaillants, c'est vrai pour les
petits commerces de proximité, pour tous les types de commerces. Certains vont
préférer fermer dimanche, d'autres vont préférer le fermer le lundi, d'autres
vont ouvrir à midi. Or, c'est eux qui connaissent leur réalité, et je crois
qu'il faut leur faire confiance.
M. Skeete : C'est
intéressant. Mon collègue, tantôt avec raison, disait qu'il ne faudrait pas non
plus que ça soit une façon détournée de mettre la pression sur nos PME, souvent
des entreprises familiales. Je sais que vous, vous représentez des gros
joueurs. C'est quoi votre analyse à cette espèce de feedback là qu'on pourrait
avoir par rapport aux heures d'ouverture, que ça met une pression déraisonnable
sur les petites entreprises?
M. Rochette (Michel) : Bien
d'abord, rappelons que la façon dont le projet de loi a été rédigé, on trouve
que c'est une approche qui est prudente, celle où vous ne demandez pas d'ouvrir
plus ou de moins ouvrir, mais de vous donner la capacité de faire des
projets-pilotes, ce qui vous donne une certaine marge de manœuvre. On croit
nettement que, l'idée, c'est de se donner une capacité en fait d'action au
détaillant, et je crois que le... D'abord, il faut rappeler que les commerçants
ne sont pas obligés d'ouvrir. Ils ouvrent s'ils calculent qu'ils doivent le
faire et qu'ils peuvent le faire. On l'a vu dans d'autres marchés, lorsque les heures
sont plutôt libéralisées, ce qui est le cas de partout en Amérique du Nord, la
réalité s'adapte rapidement à celle de la localité, celle où les gens habitent,
la capacité des gens d'avoir le goût de se déplacer. Ce n'est pas dans tous les
villages qu'on ouvrirait à 24 heures un magasin. Alors, le commerçant le
sait puis il va se limiter également à la capacité d'avoir ses employés, puis
jusqu'à ce que les clients acceptent ou n'acceptent pas de rentrer dans le
commerce. Tout ce qu'on sait pour l'instant, c'est qu'on a... on a beaucoup de
restrictions au Québec sur les heures d'ouverture. On comprend l'équilibre.
Toutefois, encore une fois, l'approche que vous avez suggérée, c'est celle de
se donner une capacité d'avoir des projets-pilotes et d'évaluer si, oui ou non,
ça vaut la peine.
M. Mailly (Francis) : Je me
permettrais d'ajouter il faut garder en tête aussi que la pression en tant que
telle en ce qui a trait à la main-d'oeuvre, en ce qui a trait aux coûts
d'opération, est répartie pour tout le monde, est présente pratiquement pour
tout le monde. Même que présentement, il y a un certain recul, il y a des
commerces, dans certaines régions, ils s'ajustent à leur communauté, qu'ils
ferment plus tôt que les heures qui leur seraient permises. C'est parce qu'ils
font leurs calculs, ils constatent qu'il n'y a pas d'affluence ou que leur
employé...
M. Mailly (Francis) : ...c'est
parce qu'ils font leurs calculs, ils constatent qu'il n'y a pas d'affluence ou
que leurs employés ne peuvent pas, ne veulent pas, ou quoi que ce soit, c'est
leur décision. Donc, cette pression-là, il n'y a pas il n'y a pas de baguette
magique à ce niveau-là qui fait qu'un grand joueur a plus de marge de manœuvre
qu'un plus petit joueur.
M. Skeete : Oui. C'est comme si
on est trois à danser, la personne qui offre le service, le consommateur qui
veut le service puis le gouvernement qui vous dit comment donner le service.
Moi, je pense qu'on est un de trop, là, mais c'est une opinion. Est-ce que vous
êtes d'accord avec ça?
M. Rochette (Michel) : Bien...
puis on se répète, mais il y a des commerçants qui ont une réalité propre. Il y
a des types de produits qui se vendent davantage le week-end, d'autres
davantage le lundi, mardi. La clientèle n'est pas la même, dépendant du type de
produit que vous vendez et dépendant de la région où vous êtes, où le type de
clientèle et l'âge de la clientèle que vous rejoignez. Ils sont mieux placés
que nous pour savoir à quel moment ils peuvent ouvrir. Puis mon collègue le
mentionnait, il y a des commerces pour lesquels ils ont décidé, eux, d'ouvrir
moins longtemps, de fermer le lundi, de fermer le dimanche... d'ouvrir plus tôt
le dimanche. C'est eux qui décident, mais au moins, ils ont une capacité de le
faire.
L'idée, c'est : Est-ce que le
gouvernement doit intervenir davantage ou moins? On calcule qu'il y a un
équilibre. Mais, pour l'instant, ce que vous faites, c'est d'ouvrir
tranquillement la porte pour considérer puis voir si les commerçants s'y
adaptent.
M. Skeete : Je sais qu'on se
répète, mais la question risque de revenir souvent, parce que tantôt la FCEI
nous disait que, même parmi ces membres-là, tu sais, c'est 50-50, puis il y a
comme... Je ne sais pas pourquoi, ça frappe l'imaginaire, les heures
d'ouverture, un peu comme, à l'époque, la margarine jaune. Là, tu sais, ça
frappe l'imaginaire, là. Mais je rappellerais aux gens que la margarine, on l'a
enlevée, là, puis la Terre a continué de tourner. Merci de nous donner un peu
votre point de vue là-dessus, puis je suis sûr que mon collègue ici va en avoir
d'autres aussi.
J'aimerais vous entendre davantage, puis
je veux vous donner la plateforme. Ça n'a pas rapport avec le projet-pilote
puis ça n'a pas rapport avec le projet de loi en tant que tel, mais j'aimerais
vous donner une tribune officielle pour parler du «dropshipping». Je sais qu'on
est un peu à l'extérieur de ça, mais j'aimerais ça vous entendre, parce qu'on a
parlé un peu d'Amazon, puis la compétition qui a cours un peu partout. C'est
quoi, vos enjeux à vous puis vos membres par rapport à la livraison, le
«dropshipping«, puis tout ça?
M. Rochette (Michel) : Là,
vous vous référez, par exemple, aux joueurs que sont Temu, Shein et les autres,
là, qui sont...
M. Skeete : Pour ne pas les
nommer...
M. Rochette (Michel) : On
peut les nommer parce qu'ils ont été nommés souvent, là.
M. Skeete : ...mais je parle
de ce modèle d'affaires... au consommateur.
M. Rochette (Michel) : Bien
d'abord, nous ramenons sur... D'abord, faisons un pas de recul, là. On est dans
un environnement, au Québec, qui est relativement réglementé. D'ailleurs, c'est
le point sur la question du commerce interprovincial quand on croit que chacune
des réglementations et des lois qu'on met en place, c'est une bonne idée. Localement,
oui, après ça, c'est... que ça frappe aux portes de nos voisins. Lorsqu'on
arrive, lorsqu'on met en place une multitude de réglementations, quelles qu'en
soient leur pertinence, l'important, c'est de s'assurer une équité. Puis c'est
vrai notamment dans le commerce en ligne, nous s'assurons que, quand un
commerce est installé physiquement au Québec, qui a pignon sur rue au Québec,
il ne faut pas qu'il soit désavantagé d'être au Québec pendant qu'un
compétiteur qui n'est pas matériel au Québec se retrouve à ne pas ou à moins
respecter les règles qui sont en place. Ce n'est pas d'ailleurs parce qu'on va
en ligne qu'on ne respecte pas les règlements, mais on en trouve davantage en
ligne qui respectent moins les règlements. Et c'est là où c'est malheureux,
parce qu'on vient désavantager les commerçants qui viennent s'établir au
Québec... ou qui s'établissent au Québec et qui rouvrent... ou qui ont pignon
sur rue. Et ça, c'est la première chose qui nous chagrine quand vient le temps
de parler des entreprises étrangères.
Je ne sais pas s'il y a un complément sur
la... Mais, encore une fois, la compétition, on le répète, elle est partout,
elle est universelle, elle est en temps réel, elle est un clic du téléphone
puis une livraison qui est souvent plus rapide qu'on l'imagine. Alors ça, c'est
la vraie compétition pour le monde du détail. Si tous ces joueurs-là à
respectaient les mêmes règles, O.K., mais ce n'est malheureusement pas le cas.
M. Skeete : Je pense que
c'était important, M. le Président, de donner cette tribune-là, parce que je
sais que c'est un enjeu qui est important pour vous, puis je tenais à vous
offrir la chance d'en parler. Pour moi, c'est tout, les questions, M. le
Président.
Le Président (M. Allaire) : Alors,
on enchaîne avec l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
16 min 30 s.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Merci, M. le Président. Merci de venir nous voir pour discuter de ces
enjeux importants. Tout à l'heure, vous avez parlé des barrières
interprovinciales qui sont difficiles pour le commerce. Vous en êtes...
pouvez-vous les nommer, selon vous, les top cinq qui vous viennent à la tête?
M. Rochette (Michel) : Bien,
on peut nommer des types de barrières qui existent, mais, vous savez, toute
réglementation qui est unique au Québec, et Dieu sait que, pour le monde du
détail, on a des règles qui sont uniques. La Loi sur les heures d'ouverture est
un exemple, mais les règles environnementales qui sont uniques, et qui sont uniques
dans certains cas, dans certaines villes, parce qu'au Québec, vous le savez,
depuis 2017, les villes ont le droit de se doter de leurs propres politiques
environnementales. Le projet de loi n° 81 leur donnerait encore plus de droits.
Donc, dès qu'on multiplie les règles qui sont uniques à chaque territoire, à
chaque ville, évidemment, ça rajoute une complexité.
Bon, sur le transport, vous le savez, sur
les règles d'étiquetage, d'emballage...
M. Rochette (Michel) : ...la
liste est quand même longue. On ne parlera pas de celle de la langue française
parce que c'est une spécificité trop québécoise sur laquelle, là, il faut faire
nos choix. Mais, sur le reste, il y a énormément de règles sur le... même la
qualité des contenants, l'emballage. Encore une fois, les... le degré de
précision de l'information qui est donnée sur certains contenants. La façon
dont l'étiquetage est fait, notamment sur les produits, sur les vêtements, est
unique au Québec. Donc, il y en a une liste qui est quand même assez longue de
types d'approche qui sont... encore une fois, l'idée, ce n'est à dire que ce
sont des mauvaises idées, mais lorsqu'elles ne sont pas du tout arrimées avec
nos voisins, ça veut dire qu'à la frontière, bien, évidemment, il y a des
lignes qu'on... il y a des lignes qui existent et puis il y a des produits
qu'on ne retrouve pas sur des étagères ou qu'on ne peut pas faire livrer.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Donc, par exemple, l'étiquetage, comme vous le mentionnez, là, c'est
vraiment spécifique au Québec, c'est plus laborieux. Donc, ça ajoute à la...
bien, ça réduit la productivité, ça ajoute à la paperasse, et tout, là, c'est
un peu ça.
M. Rochette (Michel) : Mais
un exemple parmi un autre, évidemment, ce n'est pas le but du projet de loi
aujourd'hui, mais, vous savez, par exemple, que les vêtements au Québec sont
étiquetés un par un, parce qu'on a une politique d'exactitude des prix qui est
aussi unique au Québec et dans le reste du Canada. En fait, il y a une longue
liste, au Québec, de produits qui pour lesquels tout ce qu'on dit, c'est que
soit vous étiquetez le produit un par un ou à moins que l'étagère soit
clairement indiquée. Mais le textile, le vêtement fait partie de l'exception où
il est obligatoirement étiqueté. Et il n'y a nulle part ailleurs au pays où
c'est le cas. C'est un exemple banal, mais c'est un exemple qui fait en sorte
qu'à la frontière, s'il y a de l'approvisionnement pancanadien ou qui fait
l'Ontario, et le Québec, et les provinces maritimes, mais il une... il y a un
blocage au Québec. C'est un exemple parmi d'autres, mais il y en a une longue
liste de cette nature-là.
M. Mailly (Francis) : Je me
permets d'en rajouter un qui est présent dans le mémoire aussi :
l'étiquetage pour ce qui est préparé en magasin, les aliments préparés en
magasin. Le Québec est la seule juridiction qui oblige la liste des
ingrédients... qui est présente en magasin pour diverses raisons, mais dans...
ailleurs au pays, ce n'est pas la raison. Mais la raison principale, c'est,
oui, l'information aux consommateurs, mais aussi prévenir des enjeux par
rapport aux allergies. Sauf qu'il n'y aura jamais aucun produit qui va être
préparé en magasin, qui va être exempt d'allergènes. C'est impossible. Ce n'est
pas un milieu qui permet ça. Donc, ce que ça occasionne, c'est des coûts
supplémentaires pour les détaillants québécois et beaucoup moins de flexibilité
pour contrer le gaspillage alimentaire, parce que la rigidité est tellement là,
il y a des craintes de rappel, des choses comme ça. Donc, c'est une barrière.
C'est un exemple de barrière particulièrement concrète.
• (17 h 50) •
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
J'entends. Tout à l'heure, vous parliez de respect des règles pour un
joueur qui serait sur l'Internet par exemple versus nos joueurs dans une
économie plus locale, quelle est la règle la plus souvent non regardée selon
vous, là, de ces gros distributeurs-là quand ils vendent que sur l'Internet?
M. Rochette (Michel) : ...plusieurs.
Parmi les règles au Québec qui nous distinguent, bon, toutes les règles qui
touchent la protection du consommateur, c'est des règles très sévères qu'on
respecte d'ailleurs. Et justement parce qu'on les respecte, c'est choquant
quand on voit des joueurs qui ne se donnent pas cette même... ce même degré de
respect. Par exemple, des faux rabais. Vous savez, on voit maintenant, de plus
en plus, en ligne des rabais de 90 % sur un produit. On n'a pas le droit
de faire ça au Québec, à moins que le rabais soit vraiment vrai. Mais si on
promet une télévision, dans le fond, qui serait officiellement
10 000 $, mais on vous la vend à 1 000 $, et croyez-nous,
c'est un rabais de 90 %. On sait bien que ce n'est pas vrai. Au Québec, on
ne peut pas faire ça. Et la plupart de ces produits-là, donc qu'on vise en ce
moment, des produits en ligne qui ne sont pas du tout matériel au Québec ni
même au Canada, souvent, la porte d'entrée, c'est des faux rabais. Ce n'est pas
légal. Ou lorsqu'il y a une mention d'une taxation qui est récupérée, mais on
n'a aucune idée si cette taxation a été versée à l'un ou l'autre des
gouvernements ou à aucun gouvernement. Alors, c'est des exemples d'iniquités
entre les commerçants d'ici. Puis, sur les règles, ça a été vraiment médiatisé,
mais les règles de sécurité, évidemment, des produits avec lesquelles on a
fabriqué des matériaux, là également, il y a des... il y a des obligations au
Québec qui ne... clairement, ne sont pas clairement toujours respectées par
tout le monde. Et là il y a des enjeux qui sont plus grands que simplement une
question d'iniquité, là. Mais c'est... encore une fois, la liste est longue.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Il y a quand même une liste qui est longue, effectivement. Puis il y en a
probablement certaines qui sont peut-être plus faciles à réglementer d'une
certaine façon, si c'était ça, l'objectif, là, pour rendre le terrain de jeu
plus uniforme pour tous, que d'autres qui doivent être beaucoup plus
difficiles.
M. Rochette (Michel) : Bien,
puis le défi, je crois que vous le savez, c'est que d'abord, si une entreprise
ne respecte pas certains règlements, la première raison, souvent, c'est qu'il y
a une difficulté à rejoindre la compagnie en question. À partir du moment où
est-ce qu'il n'y pas un contact direct entre les entités gouvernementales du
Québec ou du Canada avec l'entreprise en question, à ce moment-là, la liste
peut être infinie du nombre de règles qui ne sont pas respectées.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Qu'est-ce que vos membres vous disent, justement, par rapport à ça pour
qu'ils puissent avoir un coup de main pour se battre à armes égales le plus
possible? Quelle est l'aide numéro un qui est mentionnée ou le support numéro
un qu'ils aimeraient avoir?
M. Rochette (Michel) : Pour
être franc, c'est moins question d'aide que d'abord de faire reconnaître par
les gouvernements qu'il y a une iniquité. Quand... En fait, à chaque fois qu'un
règlement est ajouté, ou qu'une règle nouvelle, ou qu'une loi nouvelle vient
resserrer...
M. Rochette (Michel) : ...mais
qu'elle sorte l'encadrement du secteur d'affaires. La première question,
c'est : Est-ce que nous serons tous traités équitablement? Est-ce que les
gens seront tous surveillés de la même façon, pour être sûrs qu'on respecte,
tous, la même règle? C'est vrai aussi au niveau municipal. Et c'est souvent ça,
tu sais, assurez-vous, puis désolé pour l'anglicisme, mais de «enforce the
law». Donnez-vous une capacité, quand vous faites une loi, qu'elle soit appliquée,
qu'elle sera appliquée. Et montrez le sérieux de l'application. C'est surtout
ça qui est demandé. Ce n'est pas tant une aide gouvernementale. L'idée,
c'est : Corrigeons le problème à la source. Vous voulez faire affaire au
Québec. Puis voici les règles. Point. Évidemment, on préférerait que ce soit
des règles, à tout le moins, le plus possible alignées sur nos voisins les plus
immédiats pour éviter de désavantager un commerçant parce qu'il est situé au
Québec. Mais dans tous les cas, c'est de s'assurer que, si vous faites affaire
au Québec, bien, il y a des lois et des règlements qui sont clairs.
M. Mailly (Francis) :
...plus concret, c'est seulement pour les aider à améliorer l'expérience
client, s'arrimer avec leur clientèle, leur communauté et c'est de donner
des... Pour permettre l'innovation, pardon, c'est de donner justement une
flexibilité sur les heures d'ouverture. S'ils veulent organiser des activités à
des heures complètement déjantées, allez savoir, mais si les employés et tout
le monde embarque, c'est un produit niché, ça peut être vraiment une belle
valeur ajoutée pour eux, pour compétitionner justement ces gens-là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Parce que c'est sûr qu'on veut que tout le monde puisse avoir une même chance
de gagner, c'est sûr et certain. Le réflexe facile, c'est de dire : Bien, O.K.,
enlevons toute la réglementation puis compétitionnons pareil, comme Amazon le
fait, par exemple, puis là, bien, à ce moment-là, le niveau est juste pareil.
Mais ce n'est pas ça que les Québécois veulent non plus. Donc, il y a le besoin
d'avoir un hybride, hein? Mais c'est très, très difficile d'aller chercher ça,
évidemment.
J'aime... J'aimerais vous entendre sur les
heures d'ouverture. Bon, je comprends que le projet de loi élimine l'obligation
d'avoir un minimum de quatre employés, ce qui est bien. J'essaie de me mettre
en tête des propriétaires de plus petits commerces pour qui ça peut peut-être
être une menace de leur modèle d'affaires, en fait, d'avoir quelqu'un qui a des
plus grosses bottines, qui est peut-être à un kilomètre physiquement, là, qu'il
dit ailleurs, O.K., mais qui est capable d'avoir une attraction à cause de ses
heures d'affaires. Et aussi, par exemple, si on y va avec un exemple
spécifique, les dépanneurs qui là, eux, bien, ils se font compétitionner sur
leurs heures qui étaient les leurs, avant. Là, maintenant, ça pourrait donc
devenir... Je comprends que, dans certains coins du Québec, en fait, ce n'est
peut-être pas une augmentation des heures. Ça peut peut-être être une réduction
des heures et toute cette histoire-là. Mais de votre point de vue à vous, là,
est ce que vous voyez, puis je vous ai entendu dire, là, que vous voyiez ça
d'un bon oeil, qu'il y ait un projet pilote, là, O.K., mais pour certains secteurs
qui, de toute évidence, vont être affectés, comme les dépanneurs, est-ce que
vous comprenez leur réalité? Puis qu'est ce qu'ils vous disent, eux?
M. Rochette (Michel) :
Bien, et puis on l'a mentionné en introduction, là, il est question dans le cas
des quatre employés et moins, des pharmacies et des épiceries. Là, on parle de
deux types de commerces qui ont un lien direct avec la santé des Québécois. Et
de nourrir le commerce au détail par des restrictions et des interdictions,
nous, on croit que, si quelqu'un va à la pharmacie, c'est parce qu'il est
heureux d'aller à la pharmacie. Puis si vous allez au dépanneur parce que le
gouvernement vous interdit d'aller à la pharmacie ou à tout le moins il vous
limite, ou limite la capacité de la pharmacie de vous aider, vous n'avez donc
pas le choix d'aller au dépanneur et c'est comme ça que notre modèle économique
fonctionne, je ne suis pas sûr qu'on est exactement là où normalement le monde
du détail devrait se situer. L'offre n'est pas la même, le besoin n'est pas le
même. Par définition, on parle d'un dépanneur, il est là pour dépanner et non
pas pour nourrir un secteur économique. On réitère dans ce cas-ci, encore une
fois, qu'on parle de pharmacies et d'épiceries qui sont là pour... Lorsque les
gens se rendent en épicerie ou en pharmacie, lorsqu'ils ont besoin du service,
c'est pour mieux comprendre des éléments qui vont concerner leur santé, qu'elle
soit alimentaire ou physique. Dans ce cas-ci, on calculait que de restreindre à
quatre employés sous prétexte qu'on veut aider des dépanneurs, on fausse des
données économiques, puis on est les seuls à le faire, on sait. En fait, on est
les seuls à la faire en Amérique, de cette nature-là. Moins certain que c'est
une bonne idée.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Puis vos collègues qui sont ailleurs au Canada qu'est ce qu'ils vous disent par
rapport à cet aspect-là de la chose versus comment, nous, on opère?
M. Rochette (Michel) :
Bien souvent, nos collègues hors Québec nous disent souvent qu'on est les seuls
à avoir tel règlement, telle loi, tel règlement, telle loi. Alors ça, c'en est
un exemple.
M. Mailly (Francis) :
Moi, je résumerais ça à «right about time».
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Pardon?
M. Mailly (Francis) :
«Right about time». Non, mais les collègues canadiens du commerce, ils vont
dire qu'il est temps. Il est temps que le Québec embarque comme le reste du
Canada.
M. Rochette (Michel) :
Parce que ça arrive encore régulièrement, qu'on en apprend à certains... à certaines
autres provinces, que cette loi-là existe au Québec, sur les heures
d'ouverture. Et on nous demande : Qu'est ce que ça veut dire, la loi sur
les heures? Est-ce que vous limitez les heures complètes? Puis oui, hein, il
n'y a pas de parallèle ailleurs. Alors, effectivement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. L'ADA suggère de permettre aux titulaires de...
M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys) : ...de permis de vente au détail et de
restauration de pouvoir vendre leurs produits entre eux. Qu'est-ce que vous,
vous en pensez de ça?
M. Rochette (Michel) : J'ai
manqué la fin de la question, de vendre, pardon?
M.
Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) : De vendre leurs produits
entre eux.
M. Rochette (Michel) : Oui,
j'essaie de comprendre la...
M. Mailly (Francis) : ...Ah!
les restaurants, les... ceux qui ont... On parle de permis ici, là?
M.
Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) : Oui, c'est ça. C'est ça,
exactement.
M. Mailly (Francis) : C'est
ça, que les permis de préparation générale... Nous, on est entièrement
d'accord, alignés avec ce principe-là de simplifier les permis et les
obligations pour faciliter, justement, la production d'aliments dans une
épicerie, par exemple que ça aille plus facilement dans d'autres commerces, des
dépanneurs des fois qui sont de la même manière. On est entièrement alignés à
ce niveau-là, on a assurément des propositions dans ce sens-là.
M. Rochette (Michel) : Bien,
on l'a mentionné dans notre mémoire, oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Puis le MEV, là, que vous disiez que, par exemple, dans une épicerie, ça ne
devrait pas avoir lieu, là, l'argumentaire de votre point de vue encore, juste
pour qu'on le réentendre.
M. Rochette (Michel) : Bien,
le MEV, parce qu'il existe puis c'est un... évidemment, c'est un outil qui a
été... qui a été implanté il y a plusieurs années déjà pour s'assurer d'une
grande transparence, notamment dans la restauration, les bars, pour être sûrs
qu'il y ait... qu'il n'y ait pas de doute sur la relation entre le client et le
restaurateur ou celui qui possède le bar. De transposer ça dans une épicerie
parce que, d'une section d'épicerie, il y a un petit secteur, un petit
département où on vend de la nourriture fabriquée sur place, on ne parle pas de
la même réalité. L'esprit de la loi, à l'origine, c'était de s'assurer une
transparence dans le cas où de l'argent est comptant. Puis, dans une épicerie,
c'est plutôt rare, que c'est enjeu-là se suppose, hein, c'est plutôt rare qu'il
manque de transparence, votre reçu est clair, votre paiement est clair.
D'ajouter un module de plus dans l'épicerie comme si c'est un restaurant, à
notre avis, c'est une mécompréhension de l'esprit de la loi d'origine, qui
visait à rendre plus transparent la restauration et le monde des bars. Ça ne
s'applque pas dans le monde des épiceries, où tout est déjà numérisé, tout est
déjà clair, puis les règles sont déjà très claires sur le reçu, sur
l'étiquetage, sur... à plein de niveaux, vous le savez. Donc, c'est juste un
module de plus qui, dans le fond, n'a pas sa raison d'être dans l'épicerie, là.
M. Mailly (Francis) : Donc,
juste pour peut-être résumer la chose, le fait qu'il y ait des paiements...
qu'il n'y ait pas, très peu de paiements en espèces dans une épicerie, le fait
que tout est scanné, tout est numérisé rend la raison d'être caduque, donc ça
va à l'encontre de l'objectif, de l'esprit de la mise en place MEV dans les
bars et restaurants.
M.
Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) : O.K. Bien, vous avez répondu
pas mal à toutes mes questions. Merci beaucoup, merci à vous.
Une voix : Merci à vous.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député Marguerite-Bourgeoys. Merci à vous deux pour votre contribution à
cette commission.
Donc, nous allons suspendre les travaux,
permettre à l'autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 03)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons poursuivre les travaux. On accueille le dernier groupe de la
journée, le dernier mais non le moins...
18 h (version non révisée)
Le Président (M. Allaire) : ...alors
nous sommes avec le Conseil des vins du Québec. Vous avez donc un exposé de 10 minutes.
Je vous laisse le soin de vous présenter vous-mêmes. La parole est à vous.
Mme Gore (Mélanie) :
Donc,
bonjour, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, messieurs,
mesdames. Mon nom est Mélanie Gore, je suis directrice générale de l'association
le Conseil des vins du Québec. Donc, je suis honorée d'être présente... nous
sommes honorés d'être présents aujourd'hui, ce soir, pour conclure cette belle
journée de discussions sur des enjeux qui sont extrêmement importants pour
nous. Donc, nous qui représentons les artisans vignerons, j'ai mon collègue
ici, et mon collègue étant le président de l'association du Conseil des vins du
Québec, mais aussi vigneron artisan. Matthieu.
M. Beauchemin (Matthieu) : Bonjour.
Donc, c'est un grand plaisir pour le Conseil des vins du Québec de participer à
cette commission parlementaire sur le projet de loi n° 85. Bien sûr, je suis ici
comme représentant des vignerons, mais vous allez le voir, je tiens quand même
à souligner que notre point de vue sur plusieurs des sujets abordés par le
projet de loi, c'est un point de vue qui est également partagé par les autres
producteurs artisanaux de boissons alcooliques. On parle des cidres, des
hydromels, des acers, etc. En tant que producteurs d'alcool issu à 100 %
de matières premières québécoises, on fait face à des défis très similaires. J'en
profite aussi pour vous remercier de votre appui à notre industrie et de votre
volonté à faire évoluer son cadre législatif et réglementaire. S'il y a un
secteur de l'économie qui a bien besoin d'allègement à ce niveau-là, c'est
évidemment le secteur de la production d'alcool.
Le Conseil des vins du Québec, c'est 110 vignobles
qui représentent plus de 90 % de la production viticole québécoise. C'est
des vignobles de toutes les tailles, situées dans toutes les régions, de l'Outaouais,
au Bas-Saint-Laurent, en passant évidemment par la Montérégie et les
Cantons-de-l'Est, ainsi de suite. Tous nos membres vignerons sont avant tout
des agriculteurs, des agriculteurs qui produisent des vins issus à 100 %
de raisins québécois. C'est quelque chose à quoi... à quoi on tient mordicus.
En 2025. Au Québec, la vigne occupe plus de 1200 hectares, c'est deux fois
plus qu'il y a cinq ans. Il se produit aujourd'hui 3,5 millions de
bouteilles de vin au Québec, un chiffre qui va doubler pour atteindre 7 millions
de bouteilles en 2030, et ça, c'est seulement en comptant la production des
vignes qui sont déjà plantées.
Malgré tout, dans un marché de près de 225 millions
de bouteilles de vin vendues au Québec, la production locale est encore une
goutte d'eau dans l'océan. À peine 1,5 % des bouteilles de vin vendues au
Québec sont produites ici. Pourtant, les Québécois sont friands de nos vins.
Pour l'année en cours, la SAQ a enregistré une progression des ventes de plus
de 10 % pour les vins québécois, alors que ses ventes totales de vin sont
en décroissance. Les Québécois remplacent de plus en plus le vin étranger par
des vins d'ici. Mais on est convaincu qu'on peut en faire beaucoup plus, qu'on
doit en faire plus, parce qu'au-delà de nos propres entreprises, l'industrie
viticole québécoise, c'est un fabuleux moteur de développement de nos régions.
Ça contribue à l'occupation et à la dynamisation de notre territoire. Ça génère
de l'activité touristique en région. C'est une industrie qui offre un fort
potentiel de valorisation à l'hectare pour les terres agricoles et une industrie
qui s'inscrit dans le grand canevas de la gastronomie québécoise, celle qui
fait notre fierté et qui attire ici des touristes de partout dans le monde. Et
aussi parce que l'augmentation des ventes de vins québécois au détriment des
vins importés permettra au Québec de diminuer de façon importante les déficits
de sa balance commerciale chaque année, c'est 1 milliard de dollars
qui quittent le Québec via les achats de vins de la SAQ à l'étranger. Bon an
mal an, ça représente entre cinq et 10 % du déficit de total de la balance
commerciale du Québec.
Chaque bouteille de vin produite au Canada
génère 80 $ de retombées économiques au pays. C'est quatre fois plus pour
une bouteille de vin d'ici que pour une bouteille de vin importée. Avec des
chiffres comme ça, la question ne devrait même pas se poser. En fait, il semble
clair que le gouvernement aurait tout avantage à tout faire pour accélérer le
développement de notre industrie. Pourtant, produire du vin au Québec, c'est un
parcours de combattant, puis je ne parle pas ici du climat. Quand on demande à
nos membres ce qui les empêche de prendre de l'expansion, de produire plus, la
réponse qui revient le plus souvent, c'est la lourdeur réglementaire et
administrative.
Aujourd'hui, dans ma propre petite entreprise
à moi qui compte cinq employés, dont trois saisonniers, je passe
personnellement, entre six et huit semaines par an, à gérer de la paperasse
réglementaire et administrative. Je ne parle pas de facturer des clients, de
payer des comptes, ce genre de tâches auxquelles toutes les entreprises doivent
s'adonner. Je parle strictement de rapports gouvernementaux, d'audits, de
formulaires demandés par différents ministères et organismes. Que ce soit la
RACJ, Consignaction, la SAQ, le ministère de l'Économie, Revenu Québec, Revenu
Canada, La Financière agricole et Éco Eentreprises Québec, le MAPAQ, tous ces
organismes et ministères nous demandent des rapports parfois mensuels, parfois
trimestriels, sur notre production, nos ventes, nos pratiques agricoles et
évidemment, chacun nous demande de fournir des données presque identiques, mais
juste assez différentes pour qu'on doive repartir à zéro à chaque fois...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...identiques,
mais juste assez différentes pour qu'on doive repartir à zéro à chaque fois,
et, quand on n'est pas en train de remplir des formulaires, eh bien, on est
souvent sur la route nous-mêmes avec notre véhicule pour livrer nos bouteilles
de vin aux quatre coins du Québec, parce qu'encore aujourd'hui le vin est l'une
des seules marchandises au Québec qu'on peut produire, qu'on peut vendre
nous-mêmes, mais qu'on ne peut pas faire livrer par une tierce partie. Que ce
soit en remplissant les formulaires requis par la loi ou en livrant nous-mêmes
nos bouteilles de vin, c'est autant de temps qu'on ne passe pas à développer
nos entreprises, en plus de représenter des dépenses importantes qui pourraient
pourtant être évitables. À l'heure où on parle de rendre les entreprises
québécoises plus productives, ça nous apparaît un peu comme un non-sens. En
quelque sorte, les lois actuelles nous forcent à être moins productifs.
Plus que jamais, on a besoin de
changements importants pour être en mesure de mettre nos vins entre les mains
des consommateurs, pour être compétitifs face aux vins étrangers. Depuis un an,
on a fait énormément de travail avec l'équipe du ministère de l'Économie, puis
on voit le résultat dans ce projet de loi.
Mais, bien qu'on salue plusieurs des
mesures qui y sont proposées, comme par exemple la possibilité de faire
effectuer des opérations en sous-traitance chez nos collègues artisans, on
aurait souhaité que le gouvernement soit plus ambitieux, notamment au niveau de
la livraison. Pourquoi, encore aujourd'hui, n'est-il pas permis pour nous de
faire livrer nos vins par un tiers, tant pour les ventes aux particuliers
qu'aux restaurants et aux épiceries? En Colombie-Britannique et en
Nouvelle-Écosse, deux provinces productrices de vin au Canada, toutes les
livraisons de vin peuvent être faites par un tiers, tant vers des particuliers
que vers des détenteurs de permis. En Ontario, la province voisine, qui a aussi
son monopole d'État, la LCBO, ainsi qu'en Colombie-Britannique et en
Nouvelle-Écosse, les vignerons peuvent faire livrer leur vin par la poste chez
des particuliers. Pourquoi pas au Québec? Encore à ce jour, je peux me faire
livrer, moi, un vin australien vendu en SAQ chez moi par Postes Canada, mais
pas un vin québécois vendu par un vignoble d'ici situé en Estrie.
Finalement, je me permets d'ajouter que
les producteurs artisanaux, vous l'avez déjà vu plus tôt aujourd'hui, sont
déçus de ne pas avoir été considérés au même titre que les microbrasseries pour
le retrait du système de marquage des contenants, le fameux système des
timbres. Alors que le gouvernement se range aux arguments des microbrasseries
comme quoi ce système est inutile, redondant et constitue une perte de temps
majeure pour les entreprises, pourquoi refuse-t-il donc de nous offrir les
mêmes allègements, sachant que les mêmes arguments sont évoqués depuis des
années par nos membres? Il aurait été si simple d'abolir une fois pour toutes
ce système désuet et d'arrêter d'en parler. Parce qu'encore une fois, le Québec
fait figure d'exception au niveau canadien. Nulle part ailleurs au pays avons-nous
un système de timbrage des bouteilles en restaurant. Et pourtant, la
contrebande d'alcool n'est pas plus florissante pour autant dans les
restaurants de Toronto, et les policiers de Vancouver peuvent faire leur
travail pour maintenir la loi et l'ordre dans les débits de boisson.
• (18 h 10) •
Au cours des 10 dernières années, nos
producteurs ont réalisé d'importants investissements dans leurs entreprises,
souvent soutenus par des programmes gouvernementaux. Ils ont augmenté de façon
importante leur productivité, ils ont plus que doublé leurs superficies en
culture. Aujourd'hui, leur viabilité dépend plus que jamais d'un cadre
réglementaire plus flexible, d'un accès simplifié au marché, et notamment par
des options de livraison plus accessibles, dépend aussi d'un engagement clair
de la SAQ à soutenir notre secteur. La SAQ, en tant que monopole d'État, doit
jouer un rôle clé, son engagement ne peut se limiter à mettre nos vins sur ses
tablettes. Le développement du secteur doit devenir un axe stratégique inscrit
dans sa mission, et elle doit devenir imputable sur ce sujet. Il est impératif
que le gouvernement et la SAQ agissent maintenant avec des mesures concrètes.
Le Québec traîne de la patte au Canada, on
a ici les lois les plus restrictives au pays en matière de production d'alcool.
Et pourtant, les entrepreneurs vignerons d'ici continuent d'innover et de se
développer. Ce projet de loi est clairement un pas dans la bonne direction, et
on le salue. Mais on croit qu'on peut et qu'on doit être beaucoup plus
ambitieux. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, un plaidoyer en faveur de la libéralisation du marché,
je comprends. Mais, sur le projet de loi, là, je comprends, sur la livraison,
c'est quelque chose que vous souhaitez qu'on élargisse à un... pour permettre
la livraison par un tiers. Est-ce que je comprends bien?
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui.
M. Skeete : Bon. Nous, on se
fait dire par certains que le mandat premier pour un permis artisanal, c'est
premièrement l'agriculture, on est en premier avant toute autre chose un
agriculteur, et que la vocation de production d'alcool est un sous-produit,
mais vraiment secondaire, à la première mission d'agriculteur. Est-ce que vous
êtes d'accord avec ça?
M. Beauchemin (Matthieu) : Pas
tout à fait. Je suis d'accord qu'on est... Le permis artisanal a été mis en
place pour...
M. Skeete : ...est-ce que
vous êtes d'accord avec ça?
M. Beauchemin (Matthieu) : Pas
tout à fait. Je suis d'accord qu'on est... on est... Le permis artisanal a été
mis en place pour encourager la transformation alimentaire donc en boissons
alcooliques de produits agricoles québécois produits par des agriculteurs, et
nous, on est à 110 % derrière ça. Par contre, de dire que c'est une... une
sous-activité ou une activité secondaire pour ces producteurs, je pense que
c'est sous-estimer le potentiel qu'amène la transformation alimentaire dans le
secteur des boissons alcoolisées pour le développement de ces entreprises-là
agricoles à la base.
M. Skeete : Mais quand vous
avez formé votre entreprise, vous aviez le choix : Je vais prendre un
permis artisanal, je vais avoir un permis industriel.
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui.
M. Skeete : Vous avez fait le
choix d'avoir un permis artisanal en bonne connaissance de cause puis, là, vous
militez certainement et poliment, je n'essaie pas d'insinuer autre chose, là,
mais vous militez pour des assouplissements qui ressemblent à des permis
industriels. Pourquoi d'abord ne pas juste changer de permis puis aller vers le
permis industriel?
M. Beauchemin (Matthieu) : Mais
en fait, la grosse différence entre les permis artisanaux et les permis
industriels, c'est que les permis industriels sont basés sur l'achat de
matières premières. C'est avant tout de la transformation et nous, nos permis
artisanaux, c'est avant tout de l'agriculture avec transformation. Et la raison
pour laquelle, selon nous, il existe deux types de permis, c'est qu'ils ne...
ils n'ont pas non plus et deux traitements différents au niveau de la loi et au
niveau fiscal, au niveau de la mise en marché, c'est que c'est deux secteurs
qui n'ont pas du tout les mêmes impacts au niveau de l'économie, et vous l'ai
mentionné dans mon... dans ma présentation. Les producteurs... une bouteille de
vin produite au Canada a un impact sur l'économie de 80 $ en moyenne.
C'est... c'est 13 $... c'est 18 $, pardon, pour une bouteille de vin
importé. Donc c'est quatre fois plus pour une bouteille de vin québécois. Et
c'est 30 $ pour une bouteille de vin embouteillée au Canada, donc issue du
permis industriel.
Donc, quand on parle d'un permis
artisanal, c'est une reconnaissance quelque part quand on a créé ça. C'est une
reconnaissance par le gouvernement aussi que ce secteur-là a une contribution à
l'économie qui est différente et donc mérite certain... mérite d'être
privilégiée, mérite certains assouplissements, là, au niveau législatif, et
c'est aussi une reconnaissance que, comme nous sommes avant tout agriculteurs,
nous, au niveau de la main-d'oeuvre d'un vignoble, c'est 60 % de la
main-d'œuvre et presque autant pour les coûts qui est associé à la production
en champs. Donc, on est un secteur qui a un impact économique important. Mais
si on veut être en mesure de bénéficier de cet impact économique là au Québec,
on doit permettre à ce secteur-là de se développer. On n'a pas la même
structure de coûts qu'un industriel, on n'a pas la même façon d'opérer qu'un
industriel. Donc, je pense qu'on parle de deux types d'entreprises complètement
différentes.
M. Skeete : Des fois je te
challenge, mais ce n'est pas parce que je suis en désaccord, c'est parce que je
cherche des réponses à mes questions. Je suis d'accord avec vous que votre
impact est plus grand que les industriels. Je suis d'accord avec vous que vous
représentez tout ce qui est beau de la mise en valeur de notre terroir, mais je
ne suis pas d'accord avec vous de la raison du permis artisanal. La raison
d'être artisanal, c'était... Au début, on avait des agriculteurs qui eux
avaient des biens, avaient des produits qui eux avaient fait pousser, qui
disaient : Bien, moi, ça serait le fun de transformer ça un peu des fois
au lieu de le perdre ou quand je ne réussis pas à le vendre, ou j'aurais le
goût de me lancer dans quelque chose de différent pour diversifier mes
affaires. Et donc on a créé le permis artisanal pour permettre à ces gens-là
qui sont la première vocation, agriculteurs, de faire autre chose. Là, ce qu'on
constate avec le temps, et vous avez raison les règlements peut-être doivent
être revus, mais ce que l'on constate avec le temps, c'est que maintenant, ces
agriculteurs-là bas, bien, ils font juste du vin et ils restent dans le permis
artisanal qui n'est pas conçu et pas... qui n'a pas été créé pour ça, et donc
c'est pour ça que je vous pose la question. Vous avez fait le choix de garder
le permis... bien, vous, les gens comme vous qui ont décidé de garder le permis
artisanal, mais vous demandez des assouplissements. Vous demandez un traitement
qui ressemble beaucoup comme l'industriel. Qu'est-ce qu'on dit à ces gens-là,
notamment des gens issus du secteur agricole qui disent : Bien, moi je ne veux
pas... je ne veux pas qu'on diminue, moi, mon permis d'agriculteur parce qu'il
y a qui va se lancer dans la business de ça. La business à moi, c'est de
l'agriculture, pas de faire du vin. Qu'est-ce qu'on répond à ces gens-là?
M. Beauchemin (Matthieu) : Et
je vous dirai on ne demande pas un... on ne demande pas des assouplissements au
niveau de la façon dont on est traités dans la loi. On a déjà le droit de
vendre en épicerie...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...au
niveau de la façon dont on est traités dans la loi, on a déjà le droit de
vendre en épicerie, on a déjà le droit de vendre aux restaurateurs, on a...
j'ai le droit de le livrer moi-même, j'ai le droit d'engager un employé pour
qui le livre pour moi s'il est sur mon «payroll». Mais je n'ai pas le droit de
demander à une entreprise spécialisée en livraison qui va être capable
d'exécuter cette tâche, qui n'a aucune valeur ajoutée, là, ultimement, la
livraison de la bouteille, va être capable de l'exécuter à un tarif nettement
inférieur. Actuellement, livrer une caisse... livrer une bouteille de vin pour
un vigneron québécois, là, on parle d'à peu près 5 $ la bouteille de coût
que ça nous coûte actuellement en raison des règles. Si on allait avec une
livraison par un tiers, on tomberait en dessous de 1 $ la bouteille. Donc,
à un moment donné, on peut maintenir cette industrie-là dans un carcan qui
limite son développement ou on peut décider qu'elle a un impact majeur au
niveau économique, au niveau touristique, tout ça, et lui donner le moyen de se...
de se focaliser, là, si on veut, là, bien, ce n'est pas le meilleur terme, mais
de faire en priorité ce pour quoi elle est là, c'est-à-dire cultiver du raisin
et le transformer. Je vous dirais juste, puis juste rapidement, au niveau du...
au niveau de la... c'est vrai au niveau des pommes, par exemple, qu'il y a eu
des permis pour transformer une partie de la récolte, etc. Au niveau du raisin,
95 %, 98 % du raisin qui est produit au Québec, c'est du raisin pour
transformation, il n'y a jamais eu... Dès le départ, les premiers permis ont
toujours été donnés à des vignobles sans qu'il y ait production, par exemple,
de raisin frais pour approvisionner des marchés locaux, et qu'on dise il y en a
une partie qu'on va transformer. Dès le début, dans les années 80, c'était
essentiellement pour de la transformation en vin.
M. Skeete : Mais... Puis
ça m'amène à mon point, c'est que, tu sais, il y a l'expression en anglais «if
it walks like a duck and it talks like a duck, then it's a duck». Dans votre
cas, vous voulez être industriel, sauf que vous voulez garder les privilèges
d'un... Alors, expliquez-moi pourquoi vous... Parce que tout ce que vous voulez
faire est permis dans le permis... est permis dans le permis... oui, permis
dans le permis industriel. Donc, aidez-moi à comprendre pourquoi vous tenez
absolument à être vus comme agriculteurs puis que votre permis industriel
serait mal adapté à votre réalité.
• (18 h 20) •
M. Beauchemin (Matthieu) :
Bien, le permis industriel, bon, d'une part, tout doit être vendu via la SAQ.
Donc, nous, on croit que... On croit assez... Puis je pense que tout le monde
au niveau agricole en ce moment parle beaucoup de circuits courts. On parle
beaucoup de la valorisation des circuits courts en agriculture, du contact
direct avec les clients. Donc, le permis industriel ne permet pas ça. Moi, je
ne pourrais pas vendre chez moi si j'étais un permis... Si je possédais un
permis industriel, je devrais absolument vendre via la SAQ. Le permis
industriel aussi implique de s'approvisionner... Bien on pourrait acheter du
raisin québécois sous un permis industriel, mais il est nettement plus
avantageux au niveau... au niveau financier de s'approvisionner ailleurs.
Demain matin, si on dit aux vignerons québécois : Vous passez sous permis
industriel et vous devez tout vendre à la SAQ, il n'y a plus personne qui peut justifier
financièrement de cultiver du raisin au Québec. Tout le monde va aller
s'approvisionner en Californie. Donc, après ça, est-ce que c'est ce qu'on
souhaite comme industrie? Je ne crois pas. Je pense que la différence
principale entre le permis industriel et ce pour quoi on a des avantages
distinctement avec le permis artisanal, c'est qu'on produit notre matière
première nous-mêmes. Elle est 100 % québécoise, et on reconnaît l'impact
majeur que ça a sur le développement économique du Québec.
M. Skeete : Puis, dans le
projet de loi, on vient alléger la livraison. Donc, vous avez le droit de
travailler avec un autre permis artisanal. Est-ce que ça, ça vous aide?
M. Beauchemin (Matthieu) :
C'est un petit pas dans la bonne direction. Dans certaines situations, ça peut
être utile. Par contre, il se pose des enjeux de logistique. Il se pose des
enjeux au niveau, par exemple, des assurances, au niveau de la façon dont on va
coordonner ces livraisons-là. Il se pose des enjeux de, voyons, de... Il va y
avoir du partage d'informations sensibles en termes de listes de clients. Puis
je pense que ça vous a été présenté tout à l'heure. Donc, si moi, je fais
livrer mes bouteilles par un collègue et que ce collègue-là ne vend pas, par
exemple, dans le restaurant chez qui il va livrer, ça se peut qu'après, une
fois, deux fois, trois fois, bien, moi, on ne me commande plus des bouteilles,
mais qu'on en commande à ce collègue-là. Donc, il y a quand même des
informations sensibles à ce niveau-là. Et on est en train d'essayer de
dupliquer ou de trouver une alternative, un système qui pourtant fonctionne,
là. De la livraison structurée par des... par des transporteurs, ça existe dans
tout plein d'autres domaines de l'économie. Ça existe ailleurs au Canada pour
le vin, mais au Québec, on nous offre une solution qui va aider à la marge...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...mais
la réelle solution, c'est de nous permettre de faire quelque chose qui est déjà
permis, c'est-à-dire vendre en épicerie, vendre en restaurant, mais de
dire : Au lieu d'embaucher un employé pour le transporter vous-même, bien,
pourquoi ne pas profiter d'un camion qui fait déjà la tournée et qui va pouvoir
consolider et d'un point de vue environnemental et d'un point de vue financier,
c'est plein de bon sens.
M. Skeete : Je vous remercie.
C'est tout pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : M.
le député Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Merci beaucoup, M. le Président. Merci, merci d'être ici pour nous
expliquer votre... votre réalité. Mais, si je veux la résumer en peu de temps,
là, c'est que grosso modo, vous êtes content du permis artisanal, vous voulez
livrer par un tiers.
M. Beauchemin (Matthieu) : Et
retirer les timbres.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Et retirer les timbres évidemment.
M. Beauchemin (Matthieu) : Accessoirement.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
O.K. Bien, c'est vendu, on ferme la shop puis on y va. D'accord.
Évidemment, le permis artisanal vous permet donc de pouvoir avoir un meilleur
contact, hein, avec le marché québécois, c'est un peu ça que vous voyez comme
l'avantage de ça?
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui,
absolument. Puis on est vraiment dans une.... tu sais, il faut savoir que le
vin, ce n'est pas comme n'importe quel produit agricole, la notion de terroir,
la notion d'origine, puis je parle du vin, mais là ça va être la même chose
pour le cidre par exemple, ou certains... ou les acers, des choses comme ça. La
notion de valorisation du terroir, elle est importante. Donc, la bouteille de
vin québécoise, elle est intéressante au-delà du simple fait que c'est du vin
puis qu'on le produit ici, il y a... elle s'inscrit... Tu sais, je parlais de
gastronomie tout à l'heure dans la valorisation de ça. Donc, on a aujourd'hui
des touristes qui viennent à Montréal, qui découvrent les vins québécois dans
des... dans des restaurants québécois qui nous demandent, tu sais : Est-ce
qu'on peut mettre la main sur des bouteilles, des choses comme ça? Donc, on
s'inscrit... Il y a une logique à mettre en valeur notre terroir au niveau
viticole, ça s'inscrit dans quelque chose de plus large et ça n'a pas le même
impact que si ce touriste-là, par exemple dans un restaurant de Montréal, goûte
un vin d'Australie embouteillé au Québec, ce n'est pas du tout la même chose.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Effectivement. Puis le permis industriel, donc, permettrait de pouvoir
s'alimenter en raisins qui viennent d'ailleurs.
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Et ces gens-là, est-ce qu'ils ont une grosse part du marché québécois?
M. Beauchemin (Matthieu) : Je
n.'ai pas les chiffres exacts. On s'entend que la majorité des vins qui sont
vendus en épicerie, ou en fait tous les vins qui sont vendus en épicerie, à
l'exception des vins québécois, sont des vins qui sont produits sous le permis
industriel. Donc, il y a quelques... il y a à peine une dizaine d'entreprises
au Québec qui sont des embouteilleurs de vin. Donc, en fait, ce n'est même pas
des entreprises qui fermentent le raisin, donc ils qui n'achètent pas de
raisins ou de moult, ils achètent du vin déjà fait d'ailleurs dans le monde et
ils l'embouteillent au Québec, parfois vont l'assembler, et ainsi de suite,
représentent quand même une part importante. Oui, Mélanie?
Mme Gore (Mélanie) : Mais je
peux vous donner quelques chiffres à titre de référence, comme par exemple les
vignerons du Québec, donc les vins origine Québec, sont vendus à la SAQ, puis
ça représente à peu près 1 million de bouteilles de vin vendues à chaque
année. Puis si on compare ça, par exemple, avec le Kim Crawford, qui est le vin
le plus populaire, qui est le plus acheté, c'est 760 000 bouteilles. Ça
fait que, quand on compare le producteur artisan à un producteur industriel, on
ne parle pas du tout des mêmes volumes. Le producteur industriel, il est
complètement dans des gros... autres volumes, on parle de 10 millions de
bouteilles à la SAQ plus tous les volumes qui sont vendus dans les grands
supermarchés, dans les grandes épiceries, les IGA, les Metro de ce monde.
Quand on parle du vigneron artisan, ses
réseaux de distribution du côté des épiceries, c'est plus que... c'est... ça...
plus que les deux tiers de ce qu'on vend dans les épiceries. On parle de marché
local, d'épiceries fines, des gens qui n'ont pas de, comme qu'on les appelle,
des «back store», des inventaires, des restaurants, des restaurants locaux, les
vins... les vignerons du Québec, les vignerons artisans, ils ne livrent pas à
la palette, ils livrent à la caisse, quelques bouteilles. Donc, c'est vraiment,
c'est... c'est... On est en train de... de... Si vous... Le... le travail du vigneron,
autant dans le champ autant que sur la route, autant que devant son ordinateur,
c'est vraiment un artisan de par la nature de son travail, même si on peut le
comparer à la résultante qui fait du vin comme un embouteilleur.
L'embouteilleur, lui, achète du vin en «bulk», là, qui vient de... en gros
container de l'Italie, de la France, puis il met ça dans des bouteilles. Après
ça, ça part en palettes à la SAQ. On n'est pas du tout dans ce modèle
d'affaires là en ce moment du côté des artisans.
M. Beauchemin (
Marguerite-Bourgeoys)
:
Donc, si je comprends bien, O.K., le permis artisan vous donne les leviers
de vraiment plus facilement vous intégrer dans le terroir québécois parce que
vous avez accès directement donc à des points de vente autres que la SAQ...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...parce que vous avez accès directement, donc, à des points de vente
autres que la SAQ...
Mme Gore (Mélanie) : Exactement.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...si je comprends bien. C'est ça? O.K. Puis, pour vous, évidemment, si
j'assume que c'est une grosse valeur, la seule différence, c'est enlever les
timbres puis livraison par un tiers?
M. Beauchemin (Matthieu) : C'est
ça. Tu sais, somme toute... Puis, oui, il y a souvent des grandes remises en
question du système légal puis réglementaire au niveau de la production
d'alcool au Québec. Il y a certainement de beaux ajustements à faire, de belles
améliorations à aller chercher. Mais, pour nous, on n'est pas en train de remettre
en question le système au complet, là, on parle de petits ajustements à la
marge, un système de timbres qui est désuet, qui ne sert plus à rien qu'on
pourrait... où on pourrait aller faire des gains au niveau de l'efficacité de
ce côté-là. Au niveau de la livraison, tu sais, si moi... si, comme producteur,
on me dit qu'il y a... j'ai des gains de 4 $ la bouteille parce que je
peux maintenant faire livrer, je peux mieux desservir des marchés, je peux
aller atteindre des marchés en Gaspésie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui sont
les marchés qui sont... dans l'Abitibi, qui sont très difficiles à desservir
aujourd'hui, si je peux approvisionner des restaurants qui, comme Mélanie
disait tout à l'heure, n'ont pas d'espace de stockage et me disent :
Peux-tu me livrer deux caisses par semaine? Parce que je ne peux pas prendre 10
caisses tout de suite, je n'ai pas d'espace, bien, je ne suis pas en mesure
aujourd'hui de lui offrir ce service-là. Donc, si on veut que l'industrie
s'inscrive dans la trame économique comme une vraie industrie structurée, on
doit lui offrir les moyens de ses ambitions, là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Je comprends. Puis l'industriel, lui, évidemment, peut vendre à la Société
des alcools, peut vendre dans les épiceries...
M. Beauchemin (Matthieu) : Via
la Société des alcools.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...via la Société des alcools, peut vendre dans des restaurants aussi, via
la Société des alcools?
M. Beauchemin (Matthieu) : Via
la Société des alcools.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. Donc, c'est via la Société des alcools. O.K. Pensez-vous... Parce que
c'est... Puis c'est tout de même des entrepreneurs moins artisans, peut-on
dire, que vous. Mais eux, supposons qu'on vous donnait la capacité de pouvoir
vendre à un tiers... une livraison par un tiers, plus de timbres, ils
voudraient probablement avoir la même affaire, eux autres aussi, puis avoir un
meilleur réseau de distribution, s'ils voulaient.
• (18 h 30) •
M. Beauchemin (Matthieu) : Bien,
je vous dirais qu'au... Bien, première des choses, c'est un réseau qui est...
puis c'est des entreprises qui ont tout à fait droit d'exister puis qui ont
leur place dans l'écosystème du vin au Québec. On ne remet pas du tout ça en
question, au niveau des vignerons. Ensuite de ça, l'abolition du système de
timbres serait bénéfique pour eux, pour nous, pour les restaurateurs, pour tout
le monde, pour la SAQ, pour tout le monde qui fait partie de cet écosystème-là.
Donc, on n'y voit pas de problème.
Ensuite de ça, pour la livraison à un
tiers, bien, c'est sûr que nous, par exemple, tu sais, la vente directe aux
particuliers, c'est quelque chose qu'on a le droit de faire de par notre
permis, même chose pour la vente directe aux épiceries. Eux, leur permis est
structuré de façon à ce que tout passe via la SAQ. On ne demande pas un nouveau
traitement, en fait, là, tu sais, c'est déjà des actions qu'on peut faire, on
demande juste... on demande tout simplement de ne pas être obligés de les faire
nous-mêmes avec nos employés, notre camion, mais de pouvoir contracter à
quelqu'un. Après, si les embouteilleurs ont des doléances au niveau de la
livraison, souhaitent ne plus passer... Ils ont un système qui est quand même
très structuré via la SAQ. S'ils souhaitent changer, écoutez, ce serait à voir
avec avec ces différents intervenants-là, mais...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Bien, moi, en tout cas, je vous entends, parce que j'en... ce que je
comprends, c'est que de toute évidence, dans le contexte actuel, avec ce qui se
passe au sud de la frontière, c'est certain que c'est vraiment l'achat local
qu'on est en train de faire la promotion. Donc, évidemment, on devrait de toute
évidence vous donner un coup de main de plus avec ça, là.
M. Beauchemin (Matthieu) : Puis,
tu sais, on ne parle pas d'incitatifs fiscaux, de programmes de subventions ou
de choses comme ça, tu sais, on est une industrie qui est autonome, des
entreprises qui sont rentables, qui roulent, qui embauchent. On a plus de... à
peu près 3 500 employés embauchés par l'industrie du vin au Québec
annuellement. On ne demande pas... On ne demande pas la charité, en fait, on
veut simplement pouvoir faire des affaires dans un environnement réglementaire et
administratif qui ne nous impose pas des coûts supplémentaires, qui ne nuit pas
à notre productivité, en fait.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
O.K. Puis peut-être une dernière question...
J'ai... Combien de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) : Sept
minutes.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Sept minutes. O.K. Une petite question : L'intelligence artificielle,
dans votre domaine à vous, est-ce que vous voyez les avantages au niveau de la
connaissance des clients? Un petit peu, j'imagine, dans...
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui,
oui, oui, tout à fait. C'est sûr que, bon, au niveau de la... au niveau de...
d'analyse, tout ça, je vous dirais que la SAQ fait beaucoup de travail déjà à
ce niveau-là. On est aussi... Malgré tout, même si on a des doléances face à la
SAQ, ça reste des bons partenaires pour nous et des gens avec qui on échange
beaucoup...
18 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin (Matthieu) : ...aussi...
malgré tout, même si on a des doléances face à la SAQ, ça reste des bons
partenaires pour nous et des gens avec qui on échange beaucoup à ce niveau-là.
Donc, on bénéficie aussi du travail qui est fait là-dessus. Il y a beaucoup de
travail qui se fait en intelligence artificielle au niveau de l'agriculture
aussi, au niveau de l'optimisation des pratiques agricoles, au niveau de l'optimisation
de notre travail aux champs, que ce soit en fertilisation, en phytoprotection
des cultures, etc. Donc, il y a beaucoup de travail qui se fait. Il y a de la
recherche ailleurs au Canada et à l'étranger qui se fait à ce niveau-là. Les
vignobles sont, pour toutes les raisons que je vous ai expliquées encore,
souvent de petites entreprises qui n'ont pas toujours les moyens techniques de
mettre en application ces nouvelles avancées là, du moins, pas dans les... pas
toujours dans les premiers, mais on regarde ce qui se fait dans d'autres
secteurs agricoles au niveau maraîcher, au niveau des grandes cultures, on voit
ce qui se fait dans le secteur viticole ailleurs dans le monde, en Europe, aux
États-Unis, et c'est des choses qui commencent à s'en venir aussi à ce
niveau-là. On en est, comme dans bien des secteurs, quand même, au tout début
de cette aventure-là.
Mme Gore (Mélanie) : Puis, si
je peux faire du pouce sur l'intelligence artificielle, ça m'a fait penser à
parler de tout ce qui est recherche et développement au secteur... dans le
secteur vitivinicole. En ce moment, il y a la grappe vitivinicole du nouveau...
du côté d'Agriculture Canada, c'est... à tous les quatre ans, c'est renouvelé.
Les dernières années, on nous mettait moins que 1 million sur 15 millions
d'investissements. Là, cette année, on a notre part du marché. Donc, de façon
pancanadienne, le viticole... le vignoble québécois est plus que jamais... il
investit plus que jamais à sa hauteur. Donc, on a investi autant que l'Ontario
en termes de recherche et développement. Le MAPAQ, il a investi énormément via
différents projets de recherche et développement au niveau de... au niveau des
centres de recherche, dont certains projets en lien avec l'intelligence
artificielle aux champs. Donc, ça, pour nous, c'est vraiment ça, le secteur
viticole, c'est le secteur vigneron artisan qui se définit de par la terre
jusqu'à de la matière première, jusqu'à la bouteille.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...on a souvent entendu parlé, si tu t'en vas vigneron, c'est une question
de «lifestyle», tu ne feras pas d'argent, puis on l'entend, mais l'intelligence
artificielle va beaucoup aider au niveau de l'optimisation des processus pour
que vous puissiez vivre de ça, évidemment, hein?
Mme Gore (Mélanie) : Si je
peux vous donner des exemples concrets. Par exemple, au niveau... on avait un
fournisseur de l'Alberta cette semaine que, justement, il nous présentait des
innovations au niveau de la taille, au niveau d'identifier à quel moment mettre
des pesticides pour en mettre moins, est-ce que c'est le bon moment, quand il y
a beaucoup de pluie, bien, justement, comme l'année passée, l'été passé, il y
a... C'est-tu l'été passé ou l'autre année d'avant, qu'il y a eu de la pluie...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...
Mme Gore (Mélanie) : L'été
passé, il a plu, il a plu, il a plu. Donc, on est vraiment directement impactés
par tous les aléas de la température, des changements climatiques. Donc, toute
l'intelligence artificielle, tous les modèles liés à ça versus le permis
industriel, que lui n'est pas du tout touché par ces aléas de la
température-là.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...évidemment, plusieurs fournisseurs au besoin, là. Tantôt vous aviez dit
d'entrée de jeu... je ne me souviens plus si c'était 3,5 ou 3 millions de
bouteilles.
M. Beauchemin (Matthieu) : 3,5 millions
de bouteilles, oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
3,5 millions de bouteilles. Et ça, ça va doubler d'ici 2030?
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui,
exactement. Et, comme la vigne prend 3 à 5 ans avant d'atteindre... bien,
en fait, cinq ans avant d'atteindre sa pleine production, sur les cinq
prochaines années, c'est uniquement de la mise en production de vignes qui sont
déjà plantées. Donc, on le sait, que, d'ici cinq ans, on va être à 7 millions
bouteilles. Ce n'est même pas des projections de croissance, là, à moins d'une
grêle catastrophique, on va...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
...toutes les conditions gagnantes pour qu'on puisse arriver à bon port au
niveau du végétal en tant que tel, O.K., c'est... Donc, si je comprends bien,
la demande va toujours être là, la demande augmente, c'est juste l'offre qui n'est
pas capable d'être au rendez-vous. Parce que là, aujourd'hui, on offre que 3,5,
c'est ça?
M. Beauchemin (Matthieu) : Oui,
exact. On vide...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Si on a fait...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...100 %
de nos bouteilles à chaque année, oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Tout le temps. O.K. Ça fait qu'il n'y a pas de fin à ça ou... bien, «il n'y
a pas de fin», ce n'est pas vrai, là, mais, je veux dire, il n'y a pas de
limite. Demain matin, on aurait 1 million de plus de bouteilles, on le
vendrait?
M. Beauchemin (Matthieu) : Bien,
on est dans un marché de 225 millions de bouteilles au Québec. Donc,
est-ce que demain matin, est-ce que demain matin on va remplacer 100 % du
vin étranger par du vin québécois? On n'en est pas là. Par contre, est-ce qu'on
peut s'imaginer dans un horizon moyen terme d'en être à 5 %, d'en être à
10 %? Je pense que ce serait souhaitable au niveau économique. Avant qu'on
soit rendus à une part significative de ce marché de 225 millions de
bouteilles, ça va prendre un certain temps, mais on souhaite aller là. Et on
est une des seules industries dans, on parlait de producteurs artisans tout à l'heure...
on est une des seules industries qui permet réellement de remplacer des achats
à l'étranger par...
M. Beauchemin (Matthieu) : ...les
achats québécois. Au niveau de la bière, l'industrie de microbrasserie, on parle
quand même d'un marché qui est, somme toute, déjà provincial, même chose au
niveau du cidre. Mais, au niveau du vin, il y a des gains majeurs à faire pour
une province qui souhaite mettre de l'avant la viticulture comme un secteur
économique de pointe.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Il serait intéressant de savoir, parce qu'en Ontario, ils ont probablement...
en fait, ils ont un peu d'avance, j'assume. C'est quoi, la proportion du vin
ontarien par rapport au vin que la LCBO vend, là?
Mme Gore (Mélanie) : En ce
moment, si on prend tout ce qui se fait en termes de vignes au Canada, le
Québec, ça représente à peu près 8 à 10 %; l'Ontario, à peu près
55 %; on a 35 % au BC, quelques pourcentages en Nouvelle-Écosse. Par
contre, en Ontario, qu'est-ce qui se passe? Il y a énormément, comme on les
appelle les «growers», qui sont, nous, les viticulteurs, donc, ceux qui
produisent le raisin et qui le transforment. Puis, eux aussi, ils ont des
enjeux de compétitivité avec les industriels qui achètent soit du raisin de
l'extérieur. Donc...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Disons, l'empreinte que les «growers» ont sur la vente de vin à la LCBO,
nous, on parle qu'on est 3,5 millions sur 250. Combien... C'est quoi, le
ratio?
Mme Gore (Mélanie) : C'est un
peu plus que ça.
M. Beauchemin (Matthieu) : Je
n'ai plus les chiffres exacts. De mémoire, les vins VQA, donc, vraiment,
100 % Ontario, là, de mémoire, on est autour de 10 %...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Quand même.
M. Beauchemin (Matthieu) : ...ensuite
de ça... C'est ça. Ensuite, de ça, il y a une grosse part qui est accaparée par
ce qu'ils appellent les «plains» dans lesquels il y a un 10, 15 % de vin
local et 80 %... 85 % de vin qui vient du Chili, d'Australie,
d'Afrique du Sud, etc. Mais les vins 100 % ontariens...
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Les vins 100 % ontariens, c'est 10 %.
M. Beauchemin (Matthieu) : Près
de 10%, oui.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
Ça fait qu'on a de la place, parce que, nous, on a de la place, on est à
225, 250 bouteilles.
M. Beauchemin (Matthieu) : 225
millions de bouteilles.
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) :
225 millions de bouteilles, 10%, ça fait 22,5 millions de bouteilles. Wow!
M. Beauchemin (Matthieu) : Exact.
Il y a de la place à prendre, puis les gens nous suivent. Il faut que la
demande puisse... Il faut que l'offre puisse suivre.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Dernier groupe de la journée. On parle de vin juste avant souper. Vous
allez prendre une petite coupe de vin pour souper, pensez aux vins du Québec,
quand même important. Merci, Mme Gore, M. Beauchemin, c'était très intéressant.
Merci pour votre participation à nos travaux.
Donc, la commission de ces travaux au
mercredi 12 février 2025, après les avis touchant les travaux des commissions,
où elle poursuivra son mandat. Merci tout le monde. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 18 h 40)